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URGENCE PROCHE ORIENT

 Exigez avec nous la justice pour toutes les victimes et la protection sans condition des populations civiles

© Rui Sergio Afonso/Demotix/Corbis

© Rui Sergio Afonso/Demotix/Corbis

Angola

Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 150 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains en Angola en 2024.

Des militant·e·s de la société civile et des journalistes ont été arrêtés et placés en détention pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique. Certain·e·s d’entre eux n’ont pas reçu les soins médicaux dont ils avaient besoin en détention. Aucune enquête n’a été menée sur l’homicide d’une femme par les forces de sécurité ni sur les blessures infligées à une autre. On ignorait toujours ce qu’il était advenu de deux membres du mouvement Unité nationale pour la révolution totale de l’Angola. Les femmes et les enfants des provinces du sud-ouest étaient les plus exposés à l’insécurité alimentaire, qui risquait, selon les prévisions, de toucher 5 % de la population totale du pays.

DROITS DES PERSONNES DÉTENUES

Des détenu·e·s ont été privés des soins médicaux dont ils avaient besoin. La santé d’au moins deux militants, emprisonnés depuis septembre 2023 pour avoir soutenu des manifestations pacifiques, s’est détériorée. En février, Adolfo Campos a été admis à l’hôpital de la prison afin d’y être soigné en urgence. Les autorités pénitentiaires ont refusé qu’il soit transféré dans un établissement extérieur pour y subir une intervention chirurgicale, passant outre les recommandations de ses médecins et les requêtes de ses avocats. Alors que Gildo das Ruas se plaignait de fièvre et de douleurs corporelles en juin, les autorités ne lui ont pas permis de consulter un médecin avant le 1er août. Une scoliose, qui l’empêchait de se tenir debout pendant plus de 30 minutes, lui a alors été diagnostiquée, et un fauteuil roulant et une prothèse lombaire lui ont été prescrits. Ses avocats lui ont fait parvenir un fauteuil roulant en prison le 15 août, mais il a fallu attendre au moins quatre jours avant qu’il ne lui soit remis.

LIBERTÉ DE RÉUNION PACIFIQUE

La Police nationale angolaise (PNA) a réprimé au moins sept manifestations de protestation contre, entre autres, le maintien en détention de militant·e·s comme Adolfo Campos ou Gildo das Ruas (voir Droits des personnes détenues), le coût de la vie, les violations des droits des travailleuses et travailleurs et la perspective d’un troisième mandat du président João Lourenço.

Le 22 juin, la PNA a empêché le mouvement Unité nationale pour la révolution totale de l’Angola (UNTRA) d’organiser une manifestation pacifique dans la capitale, Luanda. Au moins 11 manifestants ont été arrêtés, et l’un d’eux a été frappé et grièvement blessé par les agents ayant procédé à l’arrestation. Tous les manifestants ont été libérés sans inculpation sept heures plus tard.

Le 31 août, la PNA a interrompu une manifestation contre de nouvelles lois sur le vandalisme et la sécurité nationale. Au moins sept manifestants, dont des militants et un journaliste, ont été arrêtés au cimetière Santa Ana, puis emmenés au commandement provincial de Luanda, avant d’être libérés sans inculpation 10 heures plus tard.

La PNA a réprimé une autre manifestation de l’UNTRA le 21 septembre, affirmant qu’elle n’était pas autorisée, ce que les personnes qui l’avaient organisée ont contesté. Au moins sept manifestant·e·s ont été arrêtés, dont des membres de l’équipe organisatrice qui avaient résisté à un ordre de dispersion des forces de l’ordre. La police a confisqué leurs banderoles, leurs tracts et leurs téléphones. Toutes ces personnes ont été remises en liberté sans inculpation le jour même.

ARRESTATIONS ET DÉTENTIONS ARBITRAIRES

La PNA a cette année encore procédé à des arrestations arbitraires, notamment de militant·e·s participant à des manifestations.

Le 4 janvier, la PNA a arrêté Laurinda Gouveia, défenseure des droits humains, ainsi que son mari et leur fille de deux ans, lors d’une manifestation pacifique organisée à Luanda pour demander la libération de militant·e·s et de l’influenceuse Neth Nehara, qui purgeait une peine de deux ans de prison pour avoir critiqué le président sur TikTok. Laurinda Gouveia et sa famille ont été libérés le lendemain après la comparution du couple devant le tribunal provincial de Luanda, dans le cadre d’un procès sommaire à l’issue duquel toutes les charges ont été abandonnées en l’absence d’éléments de preuve suffisants.

Le 16 mars, Laurinda Gouveia a été de nouveau arrêtée, en compagnie d’Elisabeth Campos et de Marinela Pascoal, alors que toutes trois s’apprêtaient à participer à une manifestation contre les violences policières et le coût de la vie organisée par Femmes pour les droits civils et politiques. Elles ont été libérées le soir même après un dépôt de plainte de leur avocat.

Le 20 mars, des agents de la PNA ont arrêté trois personnes dans les villes de Bengo et de Huambo au motif qu’elles avaient participé à une grève générale déclenchée par le Centre général des syndicats indépendants et libres d’Angola pour réclamer une hausse du salaire minimum national et de meilleures conditions de vie.

Florindo Chivucute, directeur général de Friends of Angola, une organisation de la société civile, a été arrêté le 27 août pour refus d’obtempérer aux ordres de la police après avoir filmé des policiers chargés de la circulation et des agent·e·s du Service des enquêtes judiciaires (SIC) et de la Direction des enquêtes sur les infractions pénales (DIIP) qui étaient en train de l’agresser. Il a passé la nuit menotté au 4e poste de police de Luanda, avant de se voir infliger une peine de deux mois de prison avec sursis.

LIBERTÉ D'EXPRESSION

Le 6 juin, Guilherme Fortuna, journaliste de TV Nzinga, n’a pas pu couvrir les licenciements massifs survenus dans la Zone économique spéciale de Luanda-Bengo, car il a été agressé par des agents du 4e poste de police, qui ont détruit sa caméra et son matériel d’enregistrement.

HOMICIDES ILLÉGAUX

Aucune enquête n’a été annoncée après que, le 23 août, Elzira dos Prazeres Manuel Zonga eut été tuée et Esperança José Manuel blessée par des tirs d’agents de la PNA qui tentaient de mettre un terme à un violent affrontement entre groupes rivaux dans le quartier de Rangel, à Luanda. Ces deux femmes n’avaient pas pris part aux violences. Un policier a également été grièvement blessé pendant cet affrontement.

DISPARITIONS FORCÉES

Deux membres de l’UNTRA ont été victimes de disparition forcée le 11 mars, d’après Deutsche Welle News et le secrétaire général du mouvement, Leonardo Marcos. Ils auraient été emmenés par des responsables du SIC et de la DIIP après avoir quitté les bureaux de Radio Iglesias à Luanda, où ils avaient été interviewés à propos d’une manifestation qu’ils prévoyaient d’organiser le 23 mars pour protester contre le coût de la vie et le maintien en détention de prisonniers·ères « politiques ». On ignorait toujours à la fin de l’année ce qu’il était advenu d’eux et l’endroit où ils se trouvaient.

DROIT À L'ALIMENTATION

Les habitant·e·s des provinces de Cunene, de Huíla et de Namibe ont souffert de graves sécheresses causées par les effets à long terme d’El Niño, qui ont freiné la production agricole. Selon les prévisions, environ 5 % de la population angolaise, en particulier des femmes et des enfants, allait souffrir d’insécurité alimentaire au cours de l’année. Il était à craindre que la baisse des subventions sur les carburants prévue par le gouvernement n’aggrave la situation, faute de mesures de protection sociale suffisantes. Les autorités locales de la commune de Cahama, dans la province de Cunene, ont construit des barrages pour améliorer l’accès à l’eau et distribué des semences résilientes pour faire face au déficit de production agricole, mais ces initiatives demeuraient insuffisantes. En conséquence, des centaines de personnes continuaient de migrer de la province de Cunene vers la Namibie.

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