Aller au contenu
Agir
Faire un don
ou montant libre :
/mois
Grâce à la réduction d'impôts de 66%, votre don ne vous coûtera que : 5,1 €/mois
Soutenez nos enquêtes indépendantes

Chacun de vos dons rend possible nos enquêtes sur le terrain dans plus de 150 pays

© Avokati i Popullit, Tirana, Albania

© Avokati i Popullit, Tirana, Albania

Albanie

Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 150 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains en Albanie en 2024.

Des patient·e·s atteints de cancer se sont vu refuser l’accès à des soins de santé gratuits à l’hôpital Mère Teresa de Tirana. La violence domestique contre les femmes et les filles demeurait très répandue dans le pays. Les prisons étaient surpeuplées et les détenu·e·s ne bénéficiaient pas de soins de santé adéquats. Les menaces contre la liberté de la presse ont perduré. Un accord a été signé avec l’Italie concernant des centres de détention pour des demandeurs d’asile secourus en mer, suscitant des préoccupations pour les droits des personnes réfugiées.

DROIT À LA SANTÉ

Plusieurs patient·e·s qui avaient besoin d’un traitement contre le cancer ont été transférés par des médecins de l’hôpital public Mère Teresa de Tirana, la capitale, vers des cliniques privées payantes où ils exerçaient. Ces médecins ont été suspendus et une enquête était toujours en cours à la fin de l’année. Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels [ONU] a fait part de ses préoccupations concernant « les faiblesses du système de santé, la pénurie de personnel de santé, le manque d’accès aux services spécialisés de santé sexuelle et procréative et [...] la répartition inégale des services de santé, en particulier dans les zones rurales et reculées ».

VIOLENCES SEXUELLES OU FONDÉES SUR LE GENRE

Selon la police, 686 femmes avaient été victimes de violence domestique au cours des six premiers mois de l’année, soit 30 cas de plus que pour la même période de l’année précédente. Une étude publiée en mai a démontré que le manque de soutien institutionnel obligeait les personnes subissant ce type de violences à retourner vivre auprès de leurs agresseurs. Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels a souligné qu’il était nécessaire de revoir la procédure pour l’obtention d’une aide juridictionnelle gratuite afin d’améliorer l’accès des victimes de violence domestique à ce dispositif.

TRAITEMENTS CRUELS, INHUMAINS OU DÉGRADANTS

En janvier, le Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants [Conseil de l’Europe] a une nouvelle fois exprimé ses préoccupations concernant les conditions de détention des personnes nécessitant un suivi psychiatrique ordonné par la justice. Au sujet des locaux temporaires de la prison de Lezha dans lesquels étaient hébergés des patients en psychiatrie légale, le Comité a vivement déploré la surpopulation et le manque de personnel médical, ainsi que l’inadéquation du bâtiment. Le Sous-comité pour la prévention de la torture [ONU] a quant à lui dénoncé le nombre élevé de personnes en détention provisoire et l’accès insuffisant aux soins de santé pour les détenu·e·s.

LIBERTÉ D'EXPRESSION

En mai, dans son Classement mondial de la liberté de la presse 2024, Reporters sans frontières a souligné que la liberté et l’indépendance de la presse albanaise étaient « menacées par les conflits d’intérêts entre le monde économique et politique, un cadre juridique lacunaire et une réglementation partisane ». L’organisation a constaté que des journalistes continuaient de faire l’objet d’actes d’intimidation de la part de personnalités politiques et de membres du crime organisé.

DROITS DES PERSONNES RÉFUGIÉES OU MIGRANTES

En janvier, la Cour constitutionnelle a autorisé le Parlement à ratifier un accord avec l’Italie concernant la construction, en Albanie, de deux centres destinés à la détention de certains demandeurs d’asile secourus par les navires de la marine italienne, en dépit des préoccupations dues au fait que ces détentions seraient arbitraires. Les premiers demandeurs d’asile détenus au titre de cet accord, originaires du Bangladesh et d’Égypte, ont été renvoyés en Italie à la suite d’une décision rendue en octobre par un tribunal italien, selon laquelle ces personnes avaient le droit de voir leurs demandes d’asile traitées en Italie.

DISCRIMINATION

Personnes roms et « égyptiennes »

En avril, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale [ONU] a mis en évidence les obstacles persistants rencontrés par les personnes roms et « égyptiennes », notamment des difficultés pour obtenir l’enregistrement des naissances et des papiers d’identité, ainsi que pour accéder aux services publics. Le Comité a également signalé que les enfants roms et « égyptiens » étaient victimes, dans certaines écoles, d’une discrimination et d’une ségrégation de fait.

Personnes LGBTI

En mai, un mariage symbolique entre personnes de même sexe à Tirana a suscité la controverse, alors même qu’il n’avait pas de valeur juridique. Cette union a soulevé une vague d’indignation de la part de la droite politique et de groupes religieux, entraînant une augmentation des discours de haine envers la communauté LGBTI.

En juillet, l’expert indépendant des Nations unies chargé de la question de la protection contre la violence et la discrimination liées à l’orientation sexuelle et l’identité de genre a exhorté le gouvernement à faire en sorte que les lois et les politiques du pays tiennent compte des réalités auxquelles étaient confrontées les personnes LGBTI, en reconnaissant leur expérience de la stigmatisation et de la discrimination dans les domaines de l’éducation, des soins de santé et de l’emploi, ainsi que dans la vie quotidienne.