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Equipe de la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA) à Bambari - RCA 15/06/2014 © UN Photo/Catianne Tijerina

Equipe de la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA) à Bambari - RCA 15/06/2014 © UN Photo/Catianne Tijerina

Justice internationale et impunité

Un nouveau cas de viol par les soldats de l'ONU en République centrafricaine

Les recherches de terrain menées par notre organisation ont révélé qu'un ou plusieurs casques bleus mauritaniens auraient violé une jeune femme de 19 ans dans la ville de Bambari, dans la soirée du 30 septembre 2017. Une terrible histoire.

Nous avons découvert des éléments convaincants qui laissent à penser qu'une jeune femme a été violée par un ou des soldats de la paix mauritaniens. Les pouvoirs publics de la ville de Bambari , au centre de la République centrafricaine, ont confirmé le viol et l'ONU a ouvert une enquête.

Un témoignage accablant

La jeune femme de 19 ans nous a confié que le viol s'était déroulé juste à côté d'un poste de contrôle tenu par un groupe de casques bleus mauritaniens faisant partie de la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA). Elle a raconté qu'elle rentrait chez elle à pied d'un enterrement, vers 21 heures, et, ne se sentant pas bien, avait accepté le thé que lui ont offert les soldats.

Selon son témoignage, elle s'est évanouie peu après avoir bu le thé et s'est réveillée plusieurs heures plus tard, allongée par terre, presque nue.

Un gardien et un soignant du centre médical adjacent au poste de contrôle ont trouvé la jeune femme au milieu de la nuit. Elle était vraiment mal et semblait droguée. Ils l'ont transportée dans un lit et lui ont administré des fluides par voie intraveineuse.

Ils nous ont déclaré qu'un soldat mauritanien du poste de contrôle s'était présenté à deux reprises au centre médical au cours de la nuit pour demander où se trouvait la jeune femme.

Au matin, ayant suffisamment récupéré pour tenir des propos cohérents, elle a déclaré au soignant qu'elle pensait avoir été violée.

Le personnel soignant d'un hôpital local a effectué des tests sur la victime et déclaré à Amnesty International avoir trouvé des éléments attestant qu’elle avait été droguée et soumise à des violences sexuelles, notamment du sperme. Ils ont donné à la jeune femme une contraception d'urgence et un traitement anti-VIH.

Les autorités à Bambari ont ouvert une information judiciaire sur cette affaire. Selon le procureur local, il s’agit de la première procédure de ce type visant des casques bleus de l'ONU.

Des témoignages concordants

Alors que nous étions présente à Bambari début octobre, la victime et des témoins se sont présentés à la police pour déposer leur déclaration. En outre, le soignant a identifié le soldat mauritanien qui s'était présenté au centre de soins au milieu de la nuit à la recherche de la jeune femme de 19 ans.

Des travailleurs du secteur qui se sont rendus sur les lieux très tôt dans la matinée ont déclaré avoir vu des préservatifs et des emballages de préservatifs à l'endroit précis où aurait eu lieu le viol. Plus tard dans la matinée, la police a photographié au moins un emballage de préservatif sur place, ainsi que les traces d'un matériau qui proviendrait des bottes des soldats mauritaniens.

L’ONU doit agir de toute urgence

Malgré toute une série d'allégations solidement étayées de viols imputés aux forces de l'ONU à Bambari, notamment à des casques bleus déployés par la République démocratique du Congo, aucune autre affaire n'a débouché sur une enquête judiciaire.

Le procureur de Bambari a transmis le dossier au procureur général de la République centrafricaine en vue d'une action diplomatique. Si les soldats de l'ONU jouissent de l'immunité contre des poursuites pénales au niveau national, il incombe aux pays fournisseurs de contingents d'enquêter sur les crimes imputés à leurs soldats et de les poursuivre en justice.

Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue à Bangui le 10 octobre, les autorités locales auraient dénoncé le problème plus large des atteintes sexuelles dont se rendent responsables les forces de maintien de la paix de l'ONU.

Au regard de sa politique affichée de tolérance zéro, nous attendons de l'ONU qu'elle prenne cette affaire très au sérieux et décide de mesures vigoureuses en vue de garantir que les autorités mauritaniennes feront de même. Sa réponse à cette affaire sera suivie de très près.

Cette affaire fera jurisprudence pour les forces de maintien de la paix de l'ONU.