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Mohammed Othman al-Aswad devant sa maison complétement détruite à Raqqa après une frappe de la coalition © Amnesty International

Mohammed Othman al-Aswad devant sa maison complétement détruite à Raqqa après une frappe de la coalition © Amnesty International

Conflits armés et protection des civils

« Libération » de Raqqa, un carnage pour les civils

La libération de la ville de Raqqa du joug du groupe armé État Islamique (EI) par la coalition menée par les États-Unis s’est faite au détriment de la protection des civils.

Témoignages.

Nous avons enquêté sur les conséquences de l’opération menées par la coalition dirigée par les États-Unis pour « libérer » Raqqa de juin à octobre 2017. Dans les ruines de Raqqa, les habitants ne comprennent pas pourquoi les forces de la coalition ont détruit la ville, tuant des centaines de civils. Car contrairement aux affirmations répétées de la coalition - selon lesquelles elle a fait tout ce qu'elle pouvait pour limiter le nombre de victimes civiles -, nous avons rassemblé des preuves accablantes du contraire.

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Nous avons recueilli plus d’une centaine de témoignages de personnes qui ont survécu au carnage et perdu des proches.

Des personnes qui ont pu fuir, certaines, trop pauvres pour payer des passeurs, n’ont pas pu fuir. D’autres qui avaient ces moyens, sont restées pour tenter de préserver leurs biens.

Ceux qui sont restés sont morts et ceux qui ont essayé de s'enfuir sont morts aussi. Nous étions piégés.

Munira Hashish, habitante qui a finalement pu fuir.

Elle rajoute :

« Nous n'avions pas les moyens de payer les passeurs ; nous étions piégés. » Munira Hashish, qui a pu finalement s’enfuir avec ses enfants à travers un champ de mines « en marchant dans le sang de ceux qui avaient explosé en essayant de fuir avant nous »

Lire aussi : Raqqa : « guerre d'anéantissement »

Des histoires poignantes

Le cas de la famille Badran illustre parfaitement le calvaire des civils piégés à Raqqa.

En quelques semaines, alors que la famille tentait désespérément d'éviter les lignes de front - très mouvantes - en changeant régulièrement d'endroit dans la ville, 39 de ses membres ont été tués lors de quatre frappes aériennes de la coalition.

Nous pensions que les forces qui venaient chasser Daesh [l'EI] savaient ce qu'elles faisaient et s'en prendraient à Daesh en épargnant les civils. Nous étions naïfs. Quand nous avons réalisé à quel point la situation était devenue dangereuse partout, il était trop tard ; nous étions piégés.

a déclaré Rasha Badran.

Après avoir tenté de fuir à plusieurs reprises, elle et son mari ont finalement réussi à s'échapper. Ils ont perdu toute leur famille, dont leur unique enfant, une petite fille d'un an prénommée Tulip, dont ils ont enterré le petit corps près d'un arbre.

La famille Aswad est une famille de commerçants qui ont travaillé dur toute leur vie pour se construire une maison à Raqqa. Certains des membres sont restés pour protéger leurs biens des pillages, trouvant refuge à la cave.

Le 28 juin, une frappe aérienne de la coalition a détruit le bâtiment, tuant huit civils – en majorité des enfants. Un autre membre de la famille a perdu la vie en marchant sur une mine posée par l'EI quand il est revenu dans la ville plusieurs jours plus tard pour essayer de récupérer les corps.

Bien qu'elle ait tenté à plusieurs reprises de fuir, la famille Hashish a perdu au mois d'août 18 de ses membres en deux semaines, principalement des femmes et des enfants. Neuf ont été tués par une frappe aérienne de la coalition, sept sont morts en tentant de fuir sur une route minée par l'EI, et deux autres ont été victimes d'un tir de mortier des FDS.

La famille Fayad montre que les bombardements intensifs menés par la coalition dans les dernières heures de la bataille ont anéanti des familles entières dans le quartier d'Harat al Badu, dans le centre de Raqqa, où l'on savait que les combattants de l'EI utilisaient des civils comme boucliers humains. La mort de Mohammed « Abu Saif » Fayad et de 15 autres membres de cette famille et voisins dans les frappes aériennes de la coalition aux premières heures du 12 octobre semble d'autant plus absurde que, quelques heures plus tard, les FDS et la coalition ont conclu un accord avec l'EI autorisant ses combattant restants à sortir de la ville sans être inquiétés.

Ces cas sont loin d'être isolés et prouvent clairement que de nombreuses attaques de la coalition ayant fait des morts et des blessés parmi les civils et détruit des habitations et des infrastructures ont bafoué le droit international humanitaire.

Agir

Demandez justice pour les civils tués à Raqqa

La France, membre de la coalition menée par les États-Unis, doit enquêter sur les centaines de morts causés par la coalition parmi la population civile à Raqqa, en Syrie.