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Un bateau surchargé avec 350 personnes, dont des enfants, en provenance 

du Myanmar ou du Bangladesh... errait entre les côtes de Thaïlande et de Malaisie depuis plus de deux mois. Les passagers manquaient d'eau et de nourriture.
Un demandeur d'asile rohingya dans une cellule du centre de détention de Phangnga, sud de la Thaïlande 14/02/2013 © NICOLAS ASFOURI/AFP/Getty Images

Un demandeur d'asile rohingya dans une cellule du centre de détention de Phangnga, sud de la Thaïlande 14/02/2013 © NICOLAS ASFOURI/AFP/Getty Images

Personnes réfugiées et migrantes

Être réfugié en Thaïlande

Les réfugiés en Thaïlande ne possèdent aucun statut. Ils vivent dans des conditions terribles et sont, pour certains, renvoyés de force dans un pays où ils risquent de mourir.

Notre enquête, Between a Rock and a Hard Place, met en lumière un certain nombre de manquements dans les politiques et les pratiques du gouvernement thaïlandais. Des manquements qui ont des conséquences dramatiques tant pour les réfugiés déjà à l’intérieur du pays que pour ceux qui tentent d’y trouver sécurité.

Être à la hauteur de la crise mondiale

Depuis longtemps, la Thaïlande recours notamment à sa marine pour repousser des bateaux transportant des milliers de réfugiés rohingyas et bangladais. Le pays renvoie également de force des réfugiés et des demandeurs d’asile vers des pays où ils risquent d’être victimes de torture et d’autres graves violations des droits humains.

L’Asie est la région du monde où la crise des réfugiés est la plus grave en partie à cause de la situation au Myanmar.

La Thaïlande accueille l’une des plus grandes part des réfugiés de la région. Pour autant, la politique de protection des réfugiés est inexistante et dépourvue de vision à long terme. Les autorités n’ont toujours pas adopté un système permettant d’offrir à ces hommes, ces femmes et ces enfants en danger la sécurité dont ils ont besoin.

Lire aussi : La Thaïlande et le sort des Rohingyas

Les réfugiés pris au piège d’un vide juridique

En raison de graves lacunes dans la législation thaïlandaise, les réfugiés et demandeurs d’asile se retrouvent sans statut juridique. C’est le cas de plus de 7 000 demandeurs d’asile qui vivent actuellement dans des zones urbaines qui se trouvent ainsi privés d’un certain nombre de droits.

Les réfugiés et les demandeurs d’asile dans les zones urbaines, y compris les personnes enregistrées auprès du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), peuvent être arrêtés à tout moment. La Loi de 1979 relative à l’immigration érige en infraction l’entrée et le séjour irréguliers sur le territoire thaïlandais.

Après avoir été arrêtés, la plupart des réfugiés et demandeurs d’asile sont transférés vers des centres de détention pour migrants où ils peuvent être maintenus en détention indéfiniment dans des conditions déplorables. D’anciens détenus ont déclaré avoir été soumis à des violences aux mains des gardiens ou d’autres détenus, ou encore que les cellules étaient tellement surpeuplées qu’ils devaient dormir à tour de rôle.

Craignant en permanence d’être arrêtés et placés en détention, les réfugiés et demandeurs d’asile vivent souvent dans des conditions épouvantables, contraints de rester enfermés et sans contact avec le reste de la société. Beaucoup ne peuvent se soigne ou se nourrir.

Joseph, un « départ provoqué »

Face à ces terribles conditions, beaucoup décident de renoncer à leur demande d’asile et de retourner dans leur pays d’origine. C’est ce que l’on appelle le « départ provoqué ».

« Joseph », militant des droits humains pakistanais d’obédience chrétienne, avait fui son pays avec sa famille pour la Thaïlande, pour fuir les menaces liés à sa religion et à son travail.

En 2016, deux ans après leur arrivée en Thaïlande, ils ont finalement renoncé à leur demande d’asile et sont retournés au Pakistan car leur vie y était insupportable.:

Nous n’avions pas d’argent. Nous n’avions rien à manger à ce moment-là... Nous avions faim et nous essayions de nous cacher de la police. Nous étions privés de nourriture pendant quatre à cinq jours.

« Joseph », militant des droits humains pakistanais d’obédiance chrétienne,

La belle-sœur de Joseph, qui avait été arrêtée à Bangkok six mois avant, a également choisi de retourner au Pakistan plutôt que rester dans un centre de détention pour migrants.

Lorsqu’il est revenu au Pakistan, la maison de Joseph a été brûlée et son père est mort dans l’incendie. Sa belle-sœur a de nouveau été enlevée et renvoyée chez l’homme à qui elle avait été mariée de force.

Des renvois forcés qui se généralisent

Ces trois dernières années, le gouvernement thaïlandais a cédé à la pression de gouvernements étrangers et a renvoyé de force des personnes vers des pays où leur vie est gravement menacée.

Ces renvois bafouent le principe de non-refoulement, qui interdit formellement de renvoyer des personnes vers des pays où elles risquent d’être persécutées ou d’être victimes d’autres violations des droits humains.

Nous avons étudié quatre cas de renvois forcés concernant plus de 100 personnes de Chine, de Turquie et de Bahreïn. Nombre de ces personnes ont par la suite été soumises à des arrestations arbitraires, à des actes de torture ou à d’autres formes de mauvais traitements. On ignore le statut et le sort réservé à certaines des personnes qui ont été renvoyées.

Un demandeur d'asile rohingya dans une cellule du centre de détention  pour migrants de la province de Kanchanaburi - Thaïlande 10/07/2013

Un demandeur d'asile rohingya dans une cellule du centre de détention pour migrants de la province de Kanchanaburi - Thaïlande 10/07/2013 © REUTERS/Athit Perawongmetha

Les défis de l'accueil

Ces dernières années, le gouvernement militaire de Thaïlande s’est engagé à améliorer le traitement des réfugiés et des demandeurs d’asile. Les autorités ont réaffirmé leur engagement à respecter le principe de non-refoulement et déclaré qu’elles ne renverraient pas des réfugiés et des demandeurs d’asile dans des pays où ils risquent d’être victimes de graves violations des droits humains.

La Thaïlande s’est également engagée à mettre en place une procédure de tri entre les réfugiés et les autres migrants sans papiers prévoyant des dispositions relatives au principe de non-refoulement. Si ces mesures sont mises en œuvre conformément aux normes internationales, elles pourraient représenter de réelles avancées pour la protection des droits des réfugiés et des demandeurs d’asile en Thaïlande.

Le gouvernement thaïlandais pourrait être félicité pour son accueil de centaines de milliers de réfugiés pendant plusieurs décennies, mais ses récentes actions ont trop souvent témoigné d’un mépris flagrant pour les droits des hommes, des femmes et des enfants qui ont désespérément besoin de protection.

Au lieu de céder aux demandes de gouvernements étrangers de renvoyer les personnes fuyant les persécutions et la violence, les autorités ne veillent pas encore à ce que les droits des réfugiés soient protégés par le droit thaïlandais.

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