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Un checkpoint israélien, vu de la route entre Ramallah et Hébron © Amnesty International (Photo: Richard Burton)

Un checkpoint israélien, vu de la route entre Ramallah et Hébron © Amnesty International (Photo: Richard Burton)

Responsabilité des entreprises

Le business des colonies israéliennes

Chaque année, des biens d’une valeur de centaines de millions de dollars sont fabriqués dans les territoires palestiniens occupés par des entreprises israéliennes, puis exportés dans le monde entier.

Pour les entreprises israéliennes, les colons israéliens de Cisjordanie, de Jérusalem-Est et du Golan occupés sont des citoyens comme les autres.

Au-delà et en-deçà de la ligne verte, la ligne d’armistice de 1949, ce sont les mêmes infrastructures, les mêmes banques, la même compagnie d’électricité, les mêmes sociétés de téléphonie mobile et de distribution d’eau, les mêmes entreprises de construction et de BTP. Pour les affaires, pas de différence.

Le tout se fait avec l’aval, voire l’encouragement des gouvernements israéliens successifs. Les entreprises israéliennes profitent des commandes de l’État : projets pour 10 000 unités d’habitation en zone C et à Jérusalem-Est ; nouvelles routes de contournement réservées aux colons en Cisjordanie pour un montant de 190 millions d’euros ; infrastructures du nouveau bloc de colonies dit E1 entre celle de Maale Adunim et Jérusalem-Est occupé ; et la liste n’est pas exhaustive.

Lire aussi : Les dessous de l'économie des colonies israéliennes

Une colonisation au-delà du peuplement

Après la construction, viendront les services, eau, électricité, téléphonie, commerces, dont bénéficient les colons comme les autres citoyens israéliens.

« Des milliers de sociétés israéliennes sont impliquées dans l’existence et l’expansion des colonies, explique Dror Etkes, fondateur de l’ONG Kerem Navot, spécialisée dans l’étude de la colonisation. Les banques accordent des prêts et des hypothèques, financent les infrastructures ; les compagnies de téléphonie y ont des clients, possèdent des antennes, des équipements ; les entreprises de high tech fournissent l’armée et les sociétés de sécurité. La question serait plutôt : quelles sont les grandes entreprises israéliennes qui ne sont pas impliquées dans l’entreprise de colonisation ? ».

La colonisation va bien au-delà du peuplement. Près de 10 000 hectares de terres agricoles sont exploitées par des colons, et une vingtaine de zones industrielles contrôlées par les conseils régionaux des colons existent en Cisjordanie.

Toutes ces activités économiques génèrent des taxes qui sont versées aux municipalités des colonies. L’exportation de certains de ces produits est aussi une source d’argent non négligeable.

Selon Paltrade, une ONG palestinienne dédiée au commerce international, il est difficile d’évaluer la valeur et le volume des exportations des produits des colonies.

Les statistiques israéliennes ne différencient pas la production d’Israël de celle des colonies. Mais Paltrade estime entre 60 et 70 % le volume de la production agricole des colonies destinée à l’export. C’est donc une source de revenus importante, d’autant plus que la colonisation de terres agricoles ne cesse de se poursuivre.

En 2015, le ministère de l’Économie israélien a estimé que les exportations de produits en provenance des colonies vers l’Union européenne (UE) représentaient jusqu’à 300 millions de dollars américains par an. Or les États sont juridiquement tenus de ne pas reconnaître les colonies illégales – même indirectement – et de ne pas contribuer à les créer ni à les consolider.

Comprendre : Pourquoi les États doivent interdire les produits issus des colonies israéliennes

Informer les consommateurs

Sous la pression de la société civile, en avril 2013, treize pays de l’UE, dont la France, demandent un étiquetage différencié pour les denrées alimentaires et les produits cosmétiques en provenance des colonies. Ils suivent le Royaume-Uni qui a adopté cette mesure en 2009.

À la demande des États-Unis, cette mesure est mise de côté jusqu’en avril 2014. Un an plus tard, ce sont seize États, cette fois, qui reviennent à la charge.

Finalement, le 11 novembre 2015, la Commission européenne publie une notice interprétative qui demande l’étiquetage différencié des produits agricoles (fruits et légumes, miel, vin) et cosmétiques venant des colonies de Cisjordanie, Jérusalem-Est et du Golan occupés depuis 1967.

La mesure est présentée comme technique, visant à l’information du consommateur : « Pour les produits de Cisjordanie ou du Golan qui proviennent des colonies, une indication qui se limiterait à « produit du Golan » ou « produit de Cisjordanie » ne sera pas acceptée ».

Le Conseil de Sécurité de l’ONU emboîte le pas à l’UE. Le 23 décembre 2016, il adopte la résolution 2334 qui condamne une nouvelle fois la colonisation et exige son arrêt, en demandant à tous les États de « faire une distinction, dans leurs échanges en la matière, entre le territoire de l’État d’Israël et les territoires occupés depuis 1967. »

Une dimension politique qu’on ne retrouve pas dans l’Avis aux opérateurs publié par la France au Journal officiel, le 24 novembre 2016. La différenciation d’étiquetage est, comme dans la notice interprétative de l’UE dont l’Avis aux opérateurs français reprend les termes, justifiée par l’information du consommateur et non par la condamnation, pourtant officielle, de la colonisation israélienne.

Cette prudence, voire cette frilosité des États est encore soulignée par le report incessant de la liste d’entreprises israéliennes et étrangères impliquées dans la colonisation dressée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Plusieurs fois annoncée, elle est toujours dans les tiroirs du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU. Vue l’extrême sensibilité de la question, il n’est pas sûr qu’elle en sorte un jour, sinon sous forme de fuite.

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