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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

France's President Emmanuel Macron (L) sits with Brazil's President Jair Bolsonaro (C) and Saudi Arabia's Crown Prince Mohammed bin Salman as they attend a meeting on the digital economy at the G20 Summit in Osaka on June 28, 2019. (Photo by Jacques Witt / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron, le président brésilien Jair Bolsonaro et le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane lors du sommet du G20, à Osaka, 2019. © Jacques Witt / POOL / AFP
Liberté d'expression

Leaders du G20 : les vrais porteurs de changement en Arabie saoudite sont en prison

Les leaders du G20 qui assistent au sommet virtuel présidé les 21 et 22 novembre par l’Arabie saoudite doivent demander aux autorités saoudiennes de répondre de l’hypocrisie éhontée dont elles font preuve en matière de droits des femmes.

Ces dernières années, les autorités saoudiennes ont cherché à redorer leur image à coups d’onéreuses campagnes de relations publiques, en présentant le prince héritier Mohammed ben Salmane comme un réformateur. En juin 2018, l’interdiction faite aux femmes de prendre le volant a été officiellement levée, une mesure très médiatisée, présentée comme une preuve de progrès. Pourtant, au cours des semaines précédentes, un grand nombre de personnes mobilisées en faveur du droit pour les femmes de conduire avaient été arrêtées et incarcérées.

Pour les autorités saoudiennes, le sommet du G20 est crucial : c’est l’occasion de promouvoir leur programme de réformes aux yeux du monde et de montrer que le pays est ouvert aux échanges commerciaux.

Les droits des femmes au cœur du G20

Depuis qu’elle assume la présidence du G20, l’Arabie saoudite a médiatisé de nouvelles initiatives sur les possibilités d’emploi pour les femmes. L’émancipation des femmes figure d’ailleurs en bonne place sur l’agenda du G20. Pourtant les militantes qui se battent pour les droits des femmes sont en prison ou en instance de jugement. Au lieu de se laisser abuser par le discours bien rôdé du gouvernement saoudien, les leaders du G20 devraient profiter de ce sommet pour marquer leur solidarité avec les militantes qui se sont mobilisées avec courage en faveur de l’autonomisation des femmes, au prix de leur liberté. 

Nous leur demandons de se joindre à l’appel en faveur de la libération immédiate et inconditionnelle de Loujain al Hathloul, Nassima al Sada, Samar Badawi, Nouf Abdulaziz et Mayaa al Zahrani, arrêtées en 2018 en raison de leur travail en faveur des droits des femmes.

Les vrais réformateurs de l’Arabie saoudite

Loujain al Hathloul, figure emblématique du combat en faveur du droit de conduire pour les femmes en Arabie saoudite, a été arrêtée en mai 2018 avec plusieurs autres femmes. Elle avait déjà été interpellée en 2014 et incarcérée pendant 73 jours. Après sa libération, Loujain al Hathloul a continué à faire campagne contre l’interdiction de conduire et contre le système de tutelle masculine, avant d’être de nouveau interpellée. Elle est détenue depuis lors, tandis que les autres femmes attendent d’être jugées. Loujain al Hathloul a commencé une grève de la faim le 26 octobre 2020 pour protester contre le refus des autorités de la laisser communiquer régulièrement avec sa famille. Elle se sentirait faible et épuisée, ce qui avive les craintes quant à son état de santé.

Lire aussi : "Conduis et tais-toi !" : le calvaire des militantes des droits des femmes en Arabie saoudite

Nassima al-Sada et Samar Badawi ont été arrêtées en août 2018. Samar Badawi est une militante qui a fait campagne haut et fort contre l’interdiction de conduire et contre l’incarcération de son ex-mari, l’avocat spécialiste des droits humains Waleed Abu al-Khair, et de son frère, le blogueur Raif Badawi. Nassima al-Sada milite depuis des années en faveur des droits civils et politiques, des droits des femmes et des droits de la minorité chiite dans la province de l'Est, en Arabie saoudite. Nouf Abdulaziz est une blogueuse et journaliste qui a écrit sur tout un éventail de sujets liés aux droits humains avant d’être arrêtée, en juin 2018. Peu après cette arrestation, la militante Mayaa al-Zahrani a posté un blog appelant à sa libération avant d'être elle aussi arrêtée quelques jours plus tard. Ces cinq femmes sont toujours incarcérées ; certaines ont été torturées, soumises à des mauvais traitements et placées à l’isolement. Le 10 novembre 2020, l’ambassadeur saoudien au Royaume-Uni a déclaré que les autorités saoudiennes envisageaient de gracier les militantes à l’approche du sommet. Pour la sœur de Loujain al Hathloul, ces propos sont un « coup de communication ». Ces femmes ne devraient pas être graciées, mais libérées sans condition : elles n’ont fait qu’exercer sans violence leurs droits.

Les droits humains : le chapitre manquant du plan Vision 2030

En 2017, l’Arabie saoudite a lancé Vision 2030, un plan visant à diversifier l’économie et à créer de nouvelles opportunités pour les femmes et les jeunes. À l’approche du sommet du G20, un groupe de militants saoudiens a lancé un projet baptisé « Vision du peuple pour la réforme », mettant en avant treize questions relatives aux droits humains sur lesquelles ils demandent aux autorités d’agir. Selon Abdullah Alaoudh, l’un des porteurs de ce projet, il s’agit du « chapitre qui, selon nous, manque dans le plan Vision 2030 ». Dans le cadre de ce projet, ils demandent la libération de tous les prisonniers d’opinion, le respect des droits des femmes et des personnes migrantes, l’abolition de la peine de mort et la fin des violations du droit international au Yémen.

Le 21 et 22 novembre 2020, les autorités saoudiennes vanteront des réformes pourtant défendues par des militants incarcérés afin de récolter des opportunités économiques et de recueillir des éloges politiques. Nous demandons aux leaders du G20 de dénoncer cette hypocrisie. Les militants qui continuent de se battre pour les droits humains en Arabie saoudite sont les vraies voix de la réforme, et ils doivent être entendus, pas enfermés. 

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À l'occasion du G20, Emmanuel Macron doit demander la libération des défenseurs des droits humains saoudiens.

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