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10 personnes, 100 jours en prison

10 justifications absurdes

Cela fait plus de 100 jours depuis que les forces de sécurité turques ont fait irruption au milieu d’un banal atelier de formation et ont interpellé 10 éminents défenseurs des droits humains. La majorité du groupe, surnommée les 10 d’Istanbul, a été emprisonné dans la prison de plus haute sécurité de Turquie.

Mise à jour du 18/01/2017 : Dans une décision motivée politiquement, la Cour d’Istanbul a accepté ce 17 octobre l’acte d’accusation à l’encontre des 11 défenseurs majeurs des droits humains dont Idil Eser, directrice d’Amnesty Turquie et Taner Kiliç, président d’Amnesty Turquie.

Cette semaine, le parquet a émis un acte d’inculpation réclamant jusqu’à 15 ans d’emprisonnement pour le groupe, qui compte un formateur allemand et un suédois, ainsi que la directrice d’Amnesty International Turquie, sur la base d’accusations de terrorisme.

Vous resterez incrédules devant l’absurdité des accusations portées contre eux, et les raisons pour lesquelles ils sont maintenus en détention.

Une « réunion secrète », vraiment ?

Le parquet turc tente de faire passer la réunion pour un ténébreux rassemblement de conspirateurs cherchant à fomenter le « chaos dans la société », MAIS...

1. Cette réunion n’était pas secrète du tout... De nombreuses personnes travaillant dans de nombreuses organisations avaient été ouvertement invitées.

2. La réunion se tenait dans un bâtiment en verre où les participants étaient à la vue de tous et, comme le rapport de police le précise, la porte avait été laissée grande ouverte. « Nous nous sommes rendus à l’hôtel et sommes montés vers la salle de réunion à l’étage supérieur. La porte était grande ouverte, et des personnes pouvaient être vues assises en cercle dans la salle de réunion. »

3. L’un des formateurs de la réunion, Peter Steudtner, avait fourni au système d’enregistrement des déplacements à l’étranger du gouvernement allemand des détails sur le lieu où il se rendait et ce qu’il allait faire en Turquie. Le parquet turc utilise cependant cette information comme preuve de l’implication du gouvernement allemand dans ce complot présumé.

4. L’une des participantes, Nalan Erkem, a publié une photo de l’hôtel sur son compte Instagram et a publiquement annoncé où ils se trouvaient. « Où logez-vous ? », lui a demandé un ami. « À l’hôtel Ascot », a répondu Nalan.

Ils ont choisi des interprètes « au hasard »

Si vous vous réunissez pour débattre d’activités liées au terrorisme, on peut supposer que vous allez embaucher un traducteur que vous connaissez et en qui vous avez confiance, MAIS...

5. Le groupe a embauché des interprètes qu’ils n’avaient jamais rencontrés auparavant.

C’est l’un de ces interprètes qui a informé la police, en leur déclarant : « ...certaines des conversations que j’entends parlent de faire rentrer illégalement des téléphones portables au nez de la police, de comment l’information est stockée sur ces téléphones, du chiffrement de l’information sur ces téléphones. Ils étaient très inquiets, ils posaient des questions sur ce sujet, aussi bien les étrangers que les personnes turcophones. »

Si c’est sur la base de ces informations que la descente de police a été ordonnée, ce n’était clairement pas une opération de police soigneusement organisée et fondée sur des renseignements afin de mettre à jour un complot.

Lire aussi : notre dossier spécial sur la répression contre les défenseurs en cours en Turquie

Des preuves douteuses

6. Une « carte » décousue, trouvée par la police sur l’une des tables de la salle de réunion, est utilisée comme l’un des éléments de « preuve » fondamentaux contre les personnes emprisonnées.

Comme exercice pour les aider à briser la glace, le formateur Peter Steudtner leur avait demandé de dessiner quelque chose qui les stressait. Şeyhmus Özbekli, qui souffre de claustrophobie, a dessiné un ascenseur ; İlknur Üstün, une joueuse assidue de squash, a dessiné des balles qui volaient vers elle ; et Özlem Dalkıran a dessiné une image de la Turquie, en représentant la guerre au sud-est, des personnes emprisonnées à Istanbul, des réfugiés qui fuyaient la guerre en Irak et en Syrie et des centrales hydroélectriques dans la mer Noire.

7. La carte mal dessinée d’Özlem n’est pas la seule carte utilisée comme preuve.

Une autre carte trouvée sur l’ordinateur d’Ali Gharavi est également utilisée comme élément de « preuve » à charge, malgré le fait qu’il s’agisse tout simplement d’une carte universitaire des groupes linguistiques présents en Turquie, en Irak et en Iran. La carte est accessible très facilement sur Internet et elle est utilisée dans un but éducatif.

« Si c’est un crime... Nous continuerons à le commettre »

8. Le dossier de l’accusation contre İdil Eser comprend des allégations faisant état d’une lettre qui aurait été envoyée par Amnesty International à l’ambassade de Corée du Sud en Turquie pour leur demander de mettre fin à la vente de grenades lacrymogènes à la Turquie après les manifestations du parc de Gezi. Ce type d’action constitue l’ordinaire de notre travail et en outre, cette lettre avait été envoyée avant même qu’İdil ne rejoigne l’organisation.

9. İlknur Üstün, une militante en faveur des droits des femmes, est accusée d’avoir demandé un financement auprès d’une « ambassade » pour soutenir un projet sur l’« égalité de genre, la participation à l’élaboration de politiques et de compte rendus ». Depuis la prison, elle a écrit sur le travail qu’elle fait en disant : « Si c’est un crime... Nous continuerons à le commettre »

10. Le groupe de « terroristes » le plus improbable que vous verrez jamais

Aucun de ces défenseurs des droits humains n’a prôné la haine, la discrimination ou la violence.

Le formateur suédois, Ali Gharavi, se présentait souvent aux autres en disant :

Je m’appelle Ali, comme le boxeur Mohamed Ali, mais sans la violence

En effet, vous trouverez difficilement un groupe de personnes moins violent que celui-ci.

Peter Steudtner a dédié sa vie à la promotion de la résolution pacifique et non-violente de conflits, en enseignant spécifiquement aux autres l’approche « Do-No-Harm », ou « ne nuis pas » Dans une lettre envoyée depuis la prison, il a écrit :

Il est important pour moi que la Turquie en tant que pays et la population turque ne soient pas tenues responsables de notre situation politique et juridique. Engageons-nous donc ensemble sur la voie non violente des droits humains !

İdil Eser a travaillé pour de nombreuses organisations de la société civile, notamment la Helsinki Citizens' Assembly et Médecins sans Frontières, et en 2011, lorsque des tremblements de terre ont secoué la Turquie, elle s’est envolée vers Van pour offrir ses services.

Günal Kurşun est un universitaire et un avocat qui a écrit 10 histoires pour son fils de deux ans pendant son séjour en prison.

Cet article a été initialement publié sur Euronews

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