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QUAND UN DROIT TOMBE, DES VIES BASCULENT

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Hongrie, manifestations contre interdiction marches des fiertés
Des manifestant·es se rassemblent après l'adoption par le gouvernement d'une loi interdisant les marches des fiertés, Budapest, Hongrie. © Balint Szentgallay, NurPhoto via AFP
Liberté d'expression

Interdiction des marches des fiertés en Hongrie : nouveau recul pour les droits des personnes LGBTI+ 

En Hongrie, le Premier ministre Viktor Orbán déploie un nouvel arsenal législatif pour interdire les marches des fiertés. Cette attaque marque une nouvelle étape dans la répression systématique opérée par les autorités hongroises à l’encontre des personnes LGBTI+ dans le pays.  

Victoire !

Les marches des fiertés ont rassemblé près de 300 000 personnes à Budapest et plus de 7 000 personnes à Pécs, des mobilisations records.

Cela n'aurait jamais été possible sans votre soutien ! Vous avez été plus de 124 000 dans le monde à vous mobiliser pour Budapest et 26 000 pour Pécs.

Cette mobilisation n'est qu'un début : partout en Hongrie, les droits et libertés des personnes LGBTI+ continuent d'être menacés et réprimés. Nous continuerons de nous mobiliser à leurs côtés !

Le 18 mars 2025, les autorités hongroises ont adopté une nouvelle loi visant à interdire les marches des fiertés. La loi prenait effet seulement un mois et demi avant le 30e anniversaire de la Budapest pride, le 28 juin 2025. Une autre marche des fiertés était également organisée dans la ville de Pécs, le 4 octobre 2025.  

Malgré l’interdiction des Prides de Budapest et de Pécs, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour exprimer leur solidarité avec les personnes LGBTI+ et revendiquer leurs droits. Une belle victoire, ternie par les risques de poursuites judiciaires auxquels font face les organisateur·ices des deux Prides.  

Ces nouvelles attaques sont symptomatiques de la répression des autorités en Hongrie à l’encontre des personnes LGBTI+. On fait le point.  

Procédure accélérée  

Sans aucune consultation, en procédure accélérée. Voilà comment le projet de loi visant à interdire les marches des fiertés a été voté. Soumis pour vote au Parlement hongrois le 17 mars, il est adopté le lendemain. Un mois plus tard, le 15 avril, la loi a été promulguée.  

Le nouveau texte, qui vient s’ajouter à l’arsenal législatif existant et répressif en matière de droit de réunion pacifique, permet d’interdire la tenue d’un rassemblement qui violerait la législation de 2021 sur la soi-disant propagande LGBTI+.  

Cette dernière interdit toute représentation et promotion de l’homosexualité et des diverses identités de genre auprès des mineur·es. En clair, sous prétexte de “protéger les enfants”, la nouvelle loi permet d’interdire l’organisation des marches des fiertés. 

Cette loi est une attaque frontale contre la communauté LGBTI+ et une violation flagrante des obligations de la Hongrie en matière d’interdiction de la discrimination et de garantie de la liberté d’expression et de réunion pacifique.

Dávid Vig, directeur d’Amnesty International Hongrie  

La “propagande LBGTI+” dans le viseur 

La « loi sur la propagande » de 2021 restreint sévèrement la représentation des identités LGBTI+ dans la vie publique, y compris dans les supports éducatifs, les médias et les publicités. Elle a été adoptée sous prétexte de protéger les enfants contre des contenus considérés comme préjudiciables à leur « développement moral ». 

Restrictions sur les rassemblements publics, censure des médias et des supports éducatifs, stigmatisation des personnes LGBTI+… Son contenu volontairement vague a eu des conséquences dramatiques et conduit à une aggravation de la discrimination et des violences à l’encontre des personnes LGBTI+. 

Reconnaissance faciale  

Avec l’instauration de cette loi, les participant·es aux rassemblements interdits peuvent se voir infliger des amendes allant jusqu’à 200 000 forints hongrois (490 euros). La loi étend par ailleurs l’usage de la reconnaissance faciale pour des infractions mineures à la loi. En d’autres termes, elle habilite les autorités à utiliser ces technologies pour identifier les participant·es aux rassemblements interdits comme les marches des fiertés, a posteriori.  

Lire aussi : reconnaissance faciale, neuf questions pour comprendre

Les organisateurs·trices d’événements interdits, eux, s’exposent à des poursuites pénales. La nouvelle loi élargit aussi les conditions dans lesquelles la police pourrait disperser un rassemblement notifié. Aujourd’hui, Géza Buzás-Hábel, organisateur de la marche des fiertés à Pécs, risque jusqu’à un an de prison. Pour la Pride de Budapest, c’est le maire de la ville Gergely Karacsony qui risque des poursuites judiciaires. Du jamais vu au sein de l’Union européenne. Cette fois encore nous avons besoin de votre soutien !

Constitutionnaliser la haine 

Pour renforcer les bases légales de cette nouvelle loi, le Parlement hongrois a par ailleurs veillé à modifier la Constitution. Un amendement au texte suprême a ainsi été voté, gravant dans le marbre qu’une personne est “soit un homme, soit une femme” - ce qui revient concrètement à nier les identités transgenres, non-binaires et intersexes. Par la même occasion, le Parlement a par ailleurs veillé à établir la primauté du droit des enfants sur tout autre droit.  

Le but ? Premièrement, rendre constitutionnel l’interdiction des marches des fiertés. Deuxièmement, instrumentaliser le droit de l’enfant pour interdire constitutionnellement le mariage et l'adoption aux couples de même sexe.   

Cette modification de la Constitution a été actée le 14 avril, soit la veille de l’entrée en vigueur de la nouvelle loi visant à interdire les marches des fiertés. Elle fait tristement écho au décret signé par le Président des États-Unis Donald Trump quelques mois plus tôt, rejetant le genre administrativement intitulé « X » pour les personnes non binaires.  

Lire aussi : Donald Trump signe une série de décrets anti-droits 

 

Une décennie de répression  

Ces derniers mois, l’arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump a encouragé un durcissement du discours à l’encontre des personnes LGBTI+ en Hongrie. Pour autant, ce nouvel arsenal législatif n’est qu’un acte supplémentaire dans la série de dérives autoritaires mises en œuvre par les autorités hongroises.  

Interdiction du mariage entre personnes de même sexe, interdiction pour les couples de même sexe d’adopter des enfants, interdiction du changement de sexe dans l’état civil, sévère restriction de la représentation des identités LGBTI+ dans la vie publique… Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, Viktor Orbán n’a cessé de restreindre les droits et les libertés des personnes LGBTI+. 

Lire aussi : Hongrie : le changement de sexe sur l’état civil interdit 

Lire aussi : Hongrie : un nouveau projet de loi homophobe et transphobe 

 

Ces dernières années, nos enquêtes montrent par ailleurs que les autorités hongroises ont systématiquement bafoué leurs obligations internationales et régionales à l’égard du droit de réunion pacifique. Au lieu de lever les obstacles et d’encourager le dialogue pour remédier aux injustices, aux exactions et aux discriminations, elles ont réagi en réprimant les manifestations pacifiques. 

#LetPrideMarch 

Le déploiement de ce nouvel arsenal législatif liberticide nous ramène trois décennies en arrière. Il s’appuie sur des stéréotypes néfastes et discriminants, une homophobie et une transphobie profondément enracinées et porte atteinte aux droits des personnes LGBTI+, obtenus de haute lutte en Hongrie. C’est pourquoi, nous appelons :  

  • Les autorités hongroises à annuler la promulgation des lois visant à restreindre les droits et libertés des personnes LGBTI+ et à interdire les marches des fiertés, y compris la loi sur la propagande de 2021. 

  • La police à respecter, protéger et faciliter le droit des citoyen·nes de manifester, conformément aux obligations qui lui incombent en vertu du droit international. 

  • Les citoyen·nes du monde entier à manifester leur soutien et leur solidarité envers les personnes LGBTI+ et leurs allié·es en Hongrie. 

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