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Marielle Franco © Mídia NINJA

Marielle Franco © Mídia NINJA

Meurtre de Marielle Franco : un an sans réponse

Marielle Franco, conseillère municipale engagée dans la défense des plus vulnérables, a été assassinée le 14 mars 2018, à Rio de Janeiro, par quatre balles dans la tête. Un an après, la lumière sur sa mort n’est toujours pas faite.

Marielle Franco et son chauffeur Anderson Gomes ont été abattus alors qu’ils traversaient en voiture le quartier d’Estacio, à Rio de Janeiro, la nuit du 14 mars 2018.

Nous avons des raisons de craindre que l’enquête ait été influencée par des interventions extérieures, au vu des multiples irrégularités constatées tout au long de celle-ci.

Deux jours avant le premier anniversaire du meurtre de Marielle, deux suspects ont été arrêtés. Une bonne nouvelle, certes, mais ce n’est que le début. Justice sera faite seulement quand une enquête indépendante sera réalisée et que les responsables auront été jugés dans le cadre d’un procès équitable et transparent.

L’histoire de Marielle Franco met en évidence le danger qui entoure les défenseurs des droits humains au Brésil.

Un engagement au long cours

Connue pour avoir défendu les droits des jeunes noirs, des femmes, des habitants des favelas et des personnes LGBTI, Marielle Franco, une femme noire bisexuelle née dans une favela, avait été élue conseillère municipale de la ville de Rio de Janeiro en 2016.

Elle avait auparavant siégé au sein de la Commission des droits humains de l’État de Rio de Janeiro de 2006 à 2016. Dans ce cadre, elle avait souvent dénoncé les exécutions extrajudiciaires et d’autres atteintes aux droits humains perpétrées par des policiers et des membres des forces de sécurité de l’État.

Peu avant son homicide, Marielle Franco avait été nommée pour surveiller l’intervention des autorités fédérales dans la sécurité publique à Rio de Janeiro.

Des indices inquiétants, des procédures irrégulières

D’après les informations de la presse, l’arme du crime était un pistolet-mitrailleur HK-MP5, un modèle dont l’utilisation au Brésil est réservée au personnel de sécurité et militaire et à certains représentants du système de justice pénale.

Plusieurs armes de ce modèle qui apparaissaient dans l’inventaire de la police de Rio en 2011 ont disparu. Les munitions utilisées pour commettre le crime auraient fait partie d’un lot appartenant à la police fédérale qui avait disparu quelques années auparavant.

D’après des témoins, la voiture de Marielle Franco et celle de ses meurtriers étaient en mouvement quand les coups de feu ont été tirés. La précision des tirs, qui ont touché Marielle Franco à plusieurs reprises à la tête, indique que le tireur avait suivi un entraînement spécialisé.

Des caméras de surveillance installées sur la scène exacte du crime ont été éteintes un jour ou deux avant l’homicide. D’autres images de surveillance montrent deux voitures suivant celle de Marielle Franco le soir du meurtre. Les médias locaux ont indiqué que les plaques d’immatriculation des véhicules étaient fausses.

Malgré ces informations, les autorités qui enquêtent sur la mort de Marielle ne se sont pas exprimées sur la possible implication d’agents de la police militaire, de représentants des autorités locales, de groupes de milice ou d’hommes de main professionnels.

Des femmes se prennent en photo en solidarité avec Marielle Franco, Brésil © Elisângela Leite

Pendant toute l’enquête, des experts médico-légaux ont publiquement dénoncé des négligences et des violations de la procédure légale.

Ils ont notamment signalé qu’aucun examen radio des dépouilles n’avait été mené lors de l’autopsie, que la voiture dans laquelle Marielle Franco et Anderson Gomes ont été tués n’avait pas été entreposée correctement et que les témoins du crime n’avaient pas été convoqués pour faire des déclarations.

Un pays dangereux pour les défenseurs des droits humains

Un an après, il est clair qu’il s’agissait d’un homicide ciblé, minutieusement planifié et mené à bien, dans lequel des agents de l’État étaient vraisemblablement impliqués à un certain niveau.

À ce jour, à part l’arrestation de deux suspects le 12 mars 2019, aucune lumière n’a été faite sur les personnes ayant commandité et perpétré l’homicide. Par ailleurs, les mesures nécessaires pour garantir la sécurité des témoins et des familles des victimes n’ont pas été prises.

Au vu des nombreux soupçons d’irrégularités, il est urgent qu’une équipe d’experts indépendants soit chargée de superviser l’enquête et d’examiner toute allégation de négligence et d’interférence injustifiée.

Le Brésil est l’un des pays les plus dangereux pour les défenseures des droits humains. Et les autorités qui ont pris leurs fonctions à l’issue des élections de 2018 n’ont pas donné de signaux qui laisseraient espérer que des attaques comme celle qui a visé Marielle ne seront plus tolérées.

En 2018, rien qu’en France, 50 907 personnes ont signé notre pétition exigeant la vérité sur la mort de Marielle. Au niveau mondial, des centaines de milliers de personnes se sont mobilisées.

Il est maintenant temps que la communauté internationale demande des réponses aux autorités brésiliennes.

Agir

Vérité pour Marielle Franco

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