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Les disparus d'Iguala au Mexique, un des exemples les plus connus de disparitions forcées © Amnesty International

Les disparus d'Iguala au Mexique, un des exemples les plus connus de disparitions forcées © Amnesty International

Peine de mort et torture

Les disparitions forcées, toujours d’actualité

A l’occasion de la Journée internationale des disparus, lumière sur ces Etats qui n’hésitent pas à faire disparaitre leurs propres citoyens pour museler l’opposition et asseoir leur pouvoir.

À travers le monde, des gouvernements recourent régulièrement aux disparitions forcées. Le terme juridique - « disparition forcée » - est peut-être un peu ambigu, mais l'histoire humaine qu'il raconte est simple à comprendre : certaines personnes disparaissent littéralement, de la société et de la vie de leurs proches, lorsque des représentants de l'État (ou des personnes agissant avec le consentement de l'État) les saisissent dans la rue ou à leur domicile, puis nient ou refusent de dire où elles se trouvent. Il s'agit d'un crime de droit international.

En Syrie, des dizaines de milliers de disparus

Depuis le début de la crise en 2011 en Syrie, le gouvernement est responsable de dizaine de milliers de disparitions. C’est le cas de l'avocat défenseur des droits humains Khalil Matouq qui a été arrêté par les forces de sécurité en octobre 2012 à Damas et dont on est toujours sans nouvelles de lui aujourd’hui. De même, on ignore depuis octobre 2015 où se trouve Bassel Khartabil, ingénieur informatique et défenseur de la liberté d'expression, arrêté en mars 2012 puis transféré dans une prison de Damas .

En Egypte, des mineurs disparus

En Égypte, le ministère de l'Intérieur recourt aux disparitions forcées dans le cadre d'une politique visant à balayer la dissidence pacifique. Depuis début 2015, des centaines d'Égyptiens, dont des mineurs, ont « disparu » aux mains de l'État. Le bureau du procureur égyptien se rend complice de ces violations et s'abstient, dans de nombreux cas, de traduire les responsables présumés en justice.

En janvier 2016, Aser Mohamed, 14 ans, a été victime d'une disparition forcée pendant 34 jours et torturé. En mai 2015, Islam Khalil a été enlevé à son domicile et son sort a été tenu secret pendant 122 jours. Tous deux vont être jugés sur la base d'« aveux » obtenus sous la torture. S’ils sont déclarés coupables, Khalil risque la peine de mort, et Aser jusqu’à 15 ans d’emprisonnement.

La tragédie d’Iguala, un exemple parmi tant d’autres au Mexique

Plus de 27 000 personnes ont « disparu » au Mexique. Notre organisation s’était penché sur différents cas de disparition, notamment celle des 43 étudiants de l'École normale d'Ayotzinapa en septembre 2014 et la crise des disparitions à Ciudad Cuauhtémoc, dans l'État de Chihuahua, entre 2009 et 2014.

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Le rapport que nous avions publié en 2016 sur ce sujet recommande notamment d'inscrire la disparition forcée en tant qu'infraction distincte dans la Loi générale sur les disparitions et de reconnaître l'obligation de l'État de lancer des recherches lorsque des personnes sont signalées disparues.

Pakistan : une journaliste toujours portée disparue

Cela fait plus d'un an que Zeenat Shahzadi, 24 ans, est devenue la première femme journaliste à « disparaître » au Pakistan. On est sans nouvelles d'elle depuis le 19 août 2015. Selon sa famille, elle a été arrêtée par des responsables de la sécurité peu avant sa disparition. Son affaire, en instance devant la Commission d'enquête sur les disparitions forcées mise sur pied par le gouvernement, est au point mort.

Au Laos, un militant porté disparu depuis 2012

Barack Obama se rendra au Laos le mois prochain, dans le cadre de la première visite d'un président américain dans ce pays. Le président américain demandera-t-il : « Où est Sombath ? » Le militant Sombath Somphone, une référence de la société civile laotienne, a été arrêté par la police en décembre 2012, et on ignore où il se trouve depuis. Trois ans plus tard, nous avions demandé au gouvernement du Laos de mettre en place une commission indépendante afin de dévoiler la vérité, affirmant que la police n'avait pas dûment enquêté sur cette disparition. Les autorités n'ont pas non plus fourni d'informations suffisantes sur l'avancée de l'enquête à la famille de Sombath.

Un responsable politique kurde disparait en Turquie

Le responsable politique kurde Hurşit Külter, fervent partisan de l'autodétermination des Kurdes de Turquie, a disparu il y a près de trois mois, le 27 mai, et on ignore où il se trouve depuis. Les autorités et forces de sécurité locales nient l'avoir placé en détention, alors que Külter a contacté son père peu avant sa disparition, pour lui dire que la police se trouvait à son domicile. Amnesty International est consternée par le fait que les autorités n’ont pas ouvert dans les plus brefs délais une enquête efficace et indépendante sur cette disparition forcée présumée.

Sous prétexte de lutter contre Boko Haram, le Cameroun fait disparaitre les personnes

Au Cameroun, les opérations des forces de sécurité visant à lutter contre Boko Haram se traduisent par des arrestations et détentions arbitraires, des disparitions forcées et des exécutions extrajudiciaires. Dans l'extrême-nord du pays, on ignore toujours où se trouvent au moins 130 hommes et adolescents arrêtés le 27 décembre 2014. Ils faisaient partie d'un groupe de plus de 200 hommes et adolescents arrêtés ce jour-là par les forces de sécurité lors d'un raid visant des combattants présumés de Boko Haram.

Au Kenya : des autorités continuent de nier

Au Kenya, les disparitions forcées sont devenues monnaie courante. Malgré des preuves accablantes, les autorités continuent de nier l'ampleur du problème. Au mois d'août, la Haute cour a conclu que l'avocat défenseur des droits humains Willie Kimani, son client Josphat Mwendwa et leur chauffeur de taxi Joseph Muiruri, dont les cadavres ont été repêchés dans une rivière au mois de juillet, avaient été victimes d'une disparition forcée, avant d'être exécutés par la police.

Au Zimbabwe, une pratique courante

La disparition forcée des détracteurs du gouvernement est devenue une pratique courante au Zimbabwe. Plus d'un an après avoir écrit au président zimbabwéen Robert Mugabe au sujet du militant disparu Itai Dzamara, détracteur déclaré du président, nous avions demandé une nouvelle fois au gouvernement zimbabwéen de mettre sur pied une commission chargée d'enquêter sur cette affaire. Itai Dzamara n'a pas été revu depuis le 9 mars 2015. Le gouvernement n'a toujours pas répondu.