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Action d'Amnesty International à Londres © Marie-Anne Ventoura/Amnesty UK

Action d'Amnesty International à Londres © Marie-Anne Ventoura/Amnesty UK

Personnes réfugiées et migrantes

États-Unis : les graves conséquences du décret anti-musulman

Le décret de l'administration Trump concernant l'interdiction d’entrée sur le territoire, qu’une cour fédérale d’appel doit examiner lundi 15 mai, nuirait à la fois aux migrants et aux citoyens américains si son entrée en vigueur devait être validée.

Le décret sur l’interdiction d’entrée aux États-Unis promulgué par le président Donald Trump a séparé des familles. Il délivre le message du sectarisme et de l’intolérance. Cette interdiction nuisible et discriminatoire impose qu’un examen juridique des plus rigoureux soit conduit.

Des personnes en danger, des familles déchirées

Baraa H. (son nom a été modifié) et son épouse ont choisi de laisser leur petite fille en Malaisie.

Ils craignaient que l’entrée sur le territoire américain ne leur soit complètement interdite en raison de leur nationalité yéménite,

Ils ont confié leur fille à des amis. « C'était un choix très cruel » nous confie-t-il, mais un choix qui lui a été imposé, selon lui.

Un médecin soudanais en formation de troisième cycle en médecine interne a été séparé de son épouse et de leur bébé de quatre mois qui se trouvaient à Doubaï.

Il a eu très peur qu’ils restent coincés là-bas pendant des mois.

Ce fut une épreuve très difficile pour nous deux. Nous ne savions pas comment cela allait finir.

Un médecin soudanais

Un chercheur pakistanais a vu sont épouse iranienne interdite d'embarquer sur deux vols. Selon lui, ce fût « sans doute la semaine la plus stressante de ma vie. »

Des familles ont été séparées à cause de ce décret © AFP/Getty Images

Des américain.e.s touché.e.s par le décret

Les tribunaux ont agi rapidement pour bloquer le décret. Toutefois, une Syrienne qui a dans un premier temps été empêchée de se rendre aux États-Unis a insisté sur la peine et l'angoisse causées par cette interdiction.

Le plus marquant ce fut la tourmente émotionnelle. Vous ressentez que, qui que vous soyez vraiment, quoi que vous réalisiez, on vous colle toujours une étiquette négative. »

Une personne d’origine syrienne

Même des personnes qui vivent aux États-Unis depuis des dizaines d’années ont été secouées.

Une citoyenne américaine d'origine iranienne, venue vivre aux États-Unis à l'âge de huit ans, a déclaré que le décret l'avait vraiment touchée.

C'était déchirant. Du jour au lendemain, je suis passée du sentiment d'être Américaine à celui d'être une envahisseuse dans mon propre pays. (...) J’ai eu le sentiment que mon pays ne voulait pas de moi, que s’ils pouvaient me retirer ma nationalité, ils le feraient. »

Une citoyenne américaine d’origine irakienne

Une réfugiée transsexuelle iranienne, qui attend depuis deux ans sa réinstallation aux États-Unis, vit dans une situation de harcèlement et de violence.

Je ne peux plus supporter cette situation. Tout ce que je veux, c'est vivre en lieu sûr. »

Une réfugiée transsexuelle iranienne

Lire aussi : comment déclencher une crise des réfugiés en 5 étapes

Le droit des États-Unis bafoués

L’interdiction d’entrée sur le territoire imposée par le président Trump va à l'encontre du droit international relatif aux droits humains, bafouant des traités que les États-Unis se sont engagés à respecter.

Le premier décret n'est resté en vigueur que pendant une semaine, avant d'être bloqué sur l'ensemble du territoire américain par un tribunal fédéral de Seattle, une décision qui a été confirmée en appel.

Même au cours de cette brève période, le décret a semé la pagaille dans la vie des gens. Les modifications apportées à sa version initiale n’ont pas permis de lever la confusion.

Ce décret était une tentative flagrante d'inscrire dans la loi une discrimination envers les musulmans. Tandis que les tribunaux, les uns après les autres, se prononcent contre ce décret, le Congrès a le pouvoir de le bloquer dès à présent en adoptant un texte de loi qui l'invalide une fois pour toutes. Les familles et les personnes plongées dans le chaos et l'incertitude ne peuvent attendre.

La cour fédérale d'appel du neuvième circuit examinera les déclarations dans le cadre d'un recours contre le décret du président Trump lundi 15 mai.

Le 8 mai, la cour fédérale d'appel du quatrième circuit a également traité ce sujet dans le cadre de recours parallèles. En collaboration avec des professeurs de droit à l'université et des organisations non gouvernementales, Amnesty International a déposé auprès de ces deux instances un mémoire destiné à éclairer la cour.

Si son entrée en vigueur est validée, le décret sur l'interdiction d’entrée sur le territoire infligerait des souffrances terribles à certaines personnes parmi les plus vulnérables dans le monde, a déclaré Joanne Mariner.

À ce jour, les tribunaux ont eu raison de bloquer cette mesure honteuse.