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Shagufta Kausar et Shafqat Emmanuel / ©collection privée

Shagufta Kausar et Shafqat Emmanuel / ©collection privée

Liberté d'expression

Pakistan : un couple est acquitté et échappe à la peine de mort

Shagufta Kausar et Shafqat Emmanuel sont acquittés. Ce couple de Pakistanais a passé sept ans dans le couloir de la mort condamné pour « blasphème ».

Cette nouvelle est un immense soulagement. Le 3 juin, notre bureau en Asie nous a informé que la Cour suprême de Lahore avait acquitté le couple.

Cette bonne nouvelle est le résultat d'une importante mobilisation. Ces efforts ont permis de faire la lumière sur la situation de Shagufta et Shafqat et sur celle des droits humains au Pakistan. Depuis plus d'un an, les accusations de « blasphème » se multiplient de façon alarmante dans le pays.

Lire aussi : bilan sur la situation des droits humains au Pakistan en 2020

Condamnés à morts pour un SMS "blasphématoire"  

Sept années de supplices. Shagufta Kausar et Shafqat Emmanuel sont chrétiens. Le couple était accusé d'avoir envoyé à un imam des SMS "blasphématoires" portant atteinte à l'image du prophète Mahomet. Une accusation toujours rejetée par le couple. Mais un tribunal pakistanais les a bien rendus coupables et les a condamnés à mort en 2014.

Le cas de Shagufta et de Shafqat montre bien les dangers auxquels sont confrontées les minorités religieuses dans le pays : au titre des lois relatives au blasphème, vagues et contraires au droit international, des personnes sont prises pour cible et risquent la prison à vie ou la peine de mort. 

Une importante mobilisation 

Ils risquaient la peine de mort pour un SMS. Pendant sept ans, ils ont attendu leur sentence. Le couple avait fait appel, mais leur procès avait été reporté à maintes reprises. Dans le système judiciaire pakistanais, les procès pour « blasphème » peuvent durer de nombreuses années. En 2020, leur appel devait être examiné mais en raison de la pandémie de covid-19, il avait été reporté. En 2021, deux audiences ont eu lieu sans que les juges ne se prononcent. Selon nos informations, ils ont quitté le tribunal, affirmant que les heures d'audience de la journée étaient terminées.

Les mois qui passaient n'éloignaient pas le risque d'une exécution. Bien au contraire. Nous devions nous mobiliser, rapidement et massivement, pour empêcher l'exécution de Shagufta Kausar et Shafqat Emmanuel. Au mois de mars, nous avons lancé une Action Urgente pour interpeller les autorités pakistanaises ainsi que l'ambassade du Pakistan en France.

Des milliers de lettres et de mails ont alerté sur la situation du couple et ont pesé sur les autorités. Nos voix ont compté.

Recevez un à deux SMS par mois pour venir en aide à une personne en danger

Le Parlement européen s’est saisi du sujet en portant une résolution en avril 2021 sur les lois relatives au blasphème au Pakistan. Les membres du Parlement se sont appuyés sur la situation du couple, appelant à leur acquittement immédiat. Au vu du bilan catastrophique de la situation des droits humains dans le pays, le Parlement a souligné l’incompatibilité entre les lois sur le blasphème - contraires au droit international - et les avantages commerciaux dont bénéficie le Pakistan (dans le cadre d’un système de préférence commerciale nommé SPG+).  

Des minorités en grand danger au Pakistan

L'histoire de Shagufta Kausar et Shafqat Emmanuel est emblématique des dangers auxquels sont confrontés les minorités religieuses dans le pays. Nous avons documenté que les textes de la loi sur le blasphème sont totalement abusifs et sont utilisés contre les minorités religieuses et les personnes les plus vulnérables. En plus d’être ciblées judiciairement, elles sont victimes de harcèlement. On compte de nombreux actes de violences, jusqu’à des meurtres, contre les personnes accusées de « blasphème ».

Autre point très inquiétant que nous avons documenté : la peur des personnes qui travaillent au sein du système pénal pakistanais. Les juges subissent des pressions et des actes d'intimidation. Ce qui les amène, la plupart du temps, à condamner les personnes accusées, de crainte d'être, à leur tour, pris pour cible. Cela est préoccupant, d'autant plus que la majorité des affaires de blasphème sont basées sur de fausses accusations, selon la propre Cour suprême du Pakistan. 

Nous saluons aujourd'hui la décision de la Cour suprême qui a mis un terme à sept années de calvaire pour Shagufta Kausar et Shafqat Emmanuel. Nous tenions à remercier toutes les personnes qui se sont mobilisées. Cette victoire est importante et elle nous permet de poursuivre, avec détermination, notre travail de pression, de mobilisation et de plaidoyer auprès des instances concernées. Nous appelons les autorités pakistanaises à abroger les lois relatives au blasphème, des lois discriminatoires et utilisées avec abus. Nous continuons le combat. 

Agir

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Une à deux fois par mois, vous recevrez une alerte par SMS pour venir en aide à des personnes exposées à une situation grave, comme Shagufta et Shafqat.

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