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Liberté d'expression

La Côte d’Ivoire sous tension à l’approche de l’élection présidentielle

Commerces et maisons pillés ou incendiés, manifestations interdites, arrestations arbitraires… Les violences se multiplient dangereusement à l’approche de l’élection présidentielle. Les autorités ivoiriennes doivent cesser immédiatement de réprimer les voix dissidentes et protéger la population.

Vendredi 21 août 2020, dans les villes de Divo et Bonoua, au sud et sud-est de la côte d’Ivoire, la marche des femmes opposées à la candidature à un troisième mandat du président Alassane Ouattara a été brutalement dispersée. Selon plusieurs témoins, les femmes manifestaient les « mains nues » au moment où elles ont été attaquées par des groupes de jeunes d’appartenance politique différente.

Les jeunes agresseurs étaient armés de gourdins et de machettes. Ils ont commencé à attaquer les femmes qui marchaient les mains nues pour les disperser… 

Une femme dont le magasin a été pillé sur la voie Konankro

Commerces pillés et incendiés

Plusieurs blessés sont à déplorer, et de nombreux magasins situés sur les voies principales des quartiers Konankro, Bada et Legbreville ont été pillés ou incendiés.

Ils s’exprimaient en langue nationale Dioula en disant, après avoir aussi pillé, incendié et volé les produits de nos magasins et maquis, « Venez on va partir ». Il y a eu des affrontements entre eux et les autres jeunes qui étaient venus spontanément pour protéger nos magasins.

Une femme dont le magasin a été pillé sur la voie Konankro

Ces violences sont particulièrement alarmantes dans un pays qui, il y a moins de dix ans, a connu de graves violations des droits humains en période électorale, causant plus de 3 000 morts.

Il est important de réagir immédiatement pour apaiser la situation. Les autorités doivent protéger la population et mettre fin aux violences. L’impunité risque d’être un vecteur clé de nouvelles violences si toutes les personnes soupçonnées d’en être responsables,à Divo et ailleurs, ne sont pas traduites en justice dans le cadre de procès équitables.

Interdiction des manifestations et arrestations arbitraires

Ces violences commises à Divo et Bonoua se sont déroulées dans un contexte de vive tension politique dans le pays, à deux mois d'une élection présidentielle marquée par des menaces verbales directes entre partisans de l’opposition et partisans du pouvoir en place sur les réseaux sociaux et par une série d’arrestations arbitraires et par l’interdiction, jusqu’au 15 septembre, des manifestations sur la voie publique.

L’interdiction des manifestations, annoncée le 19 août 2020 par le Conseil des ministres est contraire au droit de réunion pacifique garanti par les normes internationales relatives aux droits humains. Elle semble être politiquement motivée afin d’empêcher les opposants à la candidature du président Alassane Ouattara à un troisième mandat d’exercer leur droit à la liberté d’expression.

Le 15 août 2020, Pulchérie Edith Gbalet, coordinatrice de l’ONG Alternatives citoyennes (ACI) qui avait appelé à manifester contre le projet de candidature à un troisième mandat, et ses deux collaborateurs ont été interpellés par des hommes armés dans un hôtel où elle séjournait. Ils sont poursuivis pour atteinte à l’ordre public, participation à un mouvement insurrectionnel, atteinte à l’autorité de l’État, destruction volontaire de biens publics et provocation d'un attroupement.

​Yao Kouamé, ancien président de la jeunesse du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, opposition) à Bassam a été appréhendé quant à lui le 16 août dernier à son domicile par des hommes cagoulés. Il a été écroué pour atteinte à la sûreté de l'État et trouble à l’ordre public. Il a été interrogé en absence d’un avocat, son téléphone a été fouillé sous la contrainte et les délais de garde à vue n'ont pas été respectés.

En arrêtant de façon arbitraire des voix dissidentes, les autorités restreignent abusivement la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. Toutes les personnes arbitrairement détenues doivent être libérées.

Les autorités ivoiriennes doivent immédiatement prendre des mesures destinées à prévenir les violences, y compris celles entre adversaires politiques appartenant à des communautés différentes, et à protéger la population et son droit de manifester pacifiquement.