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Liberté d'expression

Iman, le monde ne t’oublie pas

T.K. (son nom reste confidentiel) a écrit cet article de solidarité dans le cadre de la campagne d’Amnesty International Norvège qui demande la libération des femmes saoudiennes incarcérées depuis mai 2018.

Dans le monde, nous avons tous une personne avec laquelle on se sent immédiatement connecté.

Quelqu’un qui, à l’évidence, fera toujours partie de votre vie. Avec qui vous pouvez facilement parler, même si vous ne l’avez pas vue depuis des mois ou des années. Iman Al Nafjan (également connue sous le nom d’Eman al Nafjan) est cette personne pour moi : je suis fière d’elle, elle m’inspire et me fait rire.

Dans le monde, nous avons tous une personne avec laquelle on se sent immédiatement connecté.

Nous nous sommes rencontrées en 2010 lorsque je vivais en Arabie saoudite. Iman m’a fait connaître la culture et la cuisine saoudiennes et m’a enseigné tout un tas d’expressions utiles en arabe. Elle m’a initiée à la magie des souks de Riyadh.

Nous passions des heures à débattre de toutes les facettes de la vie. À cette époque, elle enseignait l’anglais à l’université, tout en terminant son doctorat de linguistique.

Depuis 2010, nous avons établi un rituel : nous nous retrouvons une fois par an pour découvrir de nouveaux endroits, visiter des musées et tout se raconter. Nous sommes toutes deux du matin, mais la plupart du temps c’est Iman qui est debout la première.

Même pendant les vacances, je la retrouvais souvent assise à table, très tôt, une tasse de café fort dans une main et un journal dans l’autre.

En mai dernier, Iman a été arrêtée par les autorités saoudiennes avec Loujain al Hathloul, Aziza al Yousef et quatre autres militants des droits des femmes pour avoir défendu les droits sociaux.

Iman a l’esprit ouvert et adore repousser les limites, quels que soient les risques. Même lorsqu’elle n’est pas d’accord avec son interlocuteur, il est toujours possible de débattre ouvertement.

C’est une intellectuelle, qui a soif de connaissance et de culture. Elle est mère de quatre enfants, l’aîné étant un adolescent et le plus jeune un bambin.

C’est une mère aimante et ses enfants passent avant tout le reste. Elle s’occupe d’eux et s’inquiète à leur sujet, comme le font les mères. Souhaitant qu’ils puissent découvrir le monde et ses cultures, les éduquant à devenir des personnes bonnes et gentilles. Elle me conseille et m’inspire dans mon propre rôle de mère.

Un jour, elle a lu un livre d’images à mon enfant, improvisant une histoire sur l’importance du partage.

Voici qui est Iman et ce pourquoi elle se bat : la justice, la gentillesse et l’amour. Iman déteste être séparée de ses enfants, d’autant qu’ils sont encore jeunes. C’est pourquoi sa détention est si poignante et si déprimante : séparée de ses enfants depuis sept mois, elle manque des étapes importantes pour chacun d’entre eux.

C’est une mère, mais elle investit aussi beaucoup de temps et d’énergie dans des causes plus larges et dans la promotion des droits sociaux.

Elle a lancé son blog Saudiwoman.me en 2008, deux ans avant que je ne la rencontre. Une plateforme pour faire connaître ses opinions sur la société. Comme elle l’écrit elle-même, Iman est fière de l’Arabie saoudite, de son histoire et de ses réussites.

Son objectif était de dissiper les malentendus et de parler de la société saoudienne. C’est une femme forte à la plume aiguisée, qui a rapidement attiré l’attention et les questions des médias du monde entier, notamment The GuardianForeign Policy et le New York Times..

J’écris cet article parce que je veux que le monde sache qui est Iman al Nafjan.

Une belle âme, emplie de gentillesse, incarcérée à tort. Je suis très préoccupée par la gravité des accusations sans fondement et la campagne médiatique dont elle est la cible. La mobilisation pacifique et la liberté d’expression ne sont jamais un crime.

Plus inquiétant encore, les informations au sujet des tortures et de la situation de nombreux militants féministes en Arabie saoudite aujourd’hui. Leurs vies sont en danger. Je m’inquiète pour Iman.

Je pense à elle tous les jours, le soir surtout, lorsque j’embrasse mes enfants pour leur souhaiter bonne nuit, et que je sais qu’Iman est privée de ce petit bonheur.

Iman, le monde ne t’oublie pas. Tu es réduite au silence, mais nous continuerons de parler en ton nom jusqu’à ce que tu sois libérée et que tu puisses retrouver tes enfants.

Cet article a été initialement publié par Euronews.

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