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Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, réagit lors d'une conférence de presse au Caire, septembre 2019 © REUTERS/Mohamed Abd El Ghany

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, réagit lors d'une conférence de presse au Caire, septembre 2019 © REUTERS/Mohamed Abd El Ghany

Contrôle des armes

Blocus maritime au Yémen : la France complice

Au Yémen, les populations civiles sont touchées par la famine notamment à cause du blocus maritime imposé par la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite. Or, l’enquête #FrenchArms vient de prouver que la France se rend complice de ce blocus.

Ces nouvelles révélations du média d’investigation Disclose et de ses partenaires viennent corroborer les informations contenues dans la note de la direction du renseignement militaire (DRM) qu’ils avaient rendue publique le 15 avril 2019.

Elles montrent une nouvelle fois à quel point le gouvernement français privilégie la poursuite d’un commerce lucratif de matériel militaire et ses intérêts stratégiques au détriment de la population civile du Yémen. Ceci en violation flagrante de ses engagements internationaux que sont le Traité sur le commerce des armes et la Position commune adoptée par l’Union européenne.

Le constat

L’enquête #FrenchArms a analysé plusieurs vidéos en source ouverte. Elles montrent une corvette de la classe Baynunah fournie par les chantiers CMN aux Émirats arabes unis, ainsi que des frégates fournies par la France à l’Arabie saoudite, dans les années 1980 et 1990, via les contrats Sawari I et Sawari II.

Certes, ces navires de guerre ont été fournis avant le début du conflit, mais la France en assure encore aujourd’hui le maintien en condition opérationnelle. Or le gouvernement français ne pouvait pas ignorer l’utilisation de matériel français dans le cadre du blocus maritime. La note de la DRM , datée du 25 septembre 2018, et révélée par le média d’investigation Disclose en avril 2019, faisait déjà état de la participation de navires français au blocus.

La note rend compte d’informations publiques disponibles en source ouverte. Elle rapporte que l’une des quatre frégates de la classe Al-Madinah fournie par la France a été mise hors de combat par les Houthis. L’attaque intervenue le 30 janvier 2017 avait largement été diffusée et commentée par des sources ouvertes, vidéo à l’appui. Selon la note de la DRM, ce navire participait au blocus naval. La note rapporte également qu’une frégate Al- Makkah de la classe Al-Riyad participait au blocus naval au moment de sa diffusion. Cette frégate a également été fournie par la France.

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Mensonges en série

Ces révélations viennent contredire les propos tenus le 12 novembre 2018 par le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian qui affirmait, en réponse à une question portant sur les frégates vendues par la France à l’Arabie saoudite et utilisées dans le blocus d’Hodeïda, que « la flotte saoudienne comme les unités émiriennes laissent passer l’aide humanitaire » et accusait les seuls Houthis de « malversation » concernant l’acheminement de l’aide humanitaire.

C’est le même ministre qui affirmait, en février 2019, devant les députés : « l’action de l’Arabie saoudite [au Yémen] s’effectue essentiellement par voie aérienne et nous ne fournissons rien à l’armée de l’air saoudienne . » Or nous avons prouvé que cela était faux.

Enfin, le ministre indiquait, le 12 novembre 2018, qu’en matière de ventes d’armes avec l’Arabie saoudite « nos relations sont limitées à la flotte » après avoir expliqué que la France ne fournissait pas d’armes à l’Arabie saoudite qui pourraient frapper des civils. Pourtant, la France a livré, de 2015 à 2018, selon ses propres déclarations au secrétariat du Traité sur le commerce des armes, 1 389 véhicules blindés de combat, 68 systèmes d’artillerie de gros calibre ou encore plus de 1 766 fusils de précision. Autant d’armes susceptibles d’être utilisés contre des civils.

Le risque est d’autant plus important que le gouvernement britannique a révélé, le 16 septembre 2019, que la France fournissait des véhicules blindés Sherpa light scout produits par la société Arquus à l’armée de terre saoudienne qui est déployée sur le sol yéménite. Aussi, nous exhortons le gouvernement français à suspendre immédiatement tous ses transferts d’armes (armement, munitions, assistance technique, formation, logistique) à l’Arabie saoudite ainsi qu’aux Émirats arabes unis.

Il est impératif que la France mette fin sans délai à l’opacité qui entoure ses exportations d'armes. Nous appelons également tous les parlementaires à exiger la transparence la plus complète possible de la part du gouvernement sur ses ventes d’armes et à se doter des moyens nécessaires pour contrôler les ventes d’armes décidées par le seul Premier ministre.

Des préoccupations et alertes récurrentes

Dès janvier 2017, nous avions fait part de nos craintes auprès de la présidence de la République de voir le matériel militaire naval fourni à l’Arabie saoudite être utilisé pour assurer le blocus maritime imposé par la coalition militaire dirigée par cette dernière. Le blocus naval mis en place met en péril la vie de millions de Yéménites qui ont urgemment besoin de nourriture, de carburant et de médicaments.

Le 22 juin 2018, nous avons publié un rapport mettant en cause les restrictions sévères imposées par la coalition à l’entrée de denrées essentielles et d’aide, ce qui pourrait constituer un crime de guerre. Nous avons également dénoncé l’ingérence des Houthis dans la distribution de l’aide, empêchant les Yéménites d’obtenir des produits de première nécessité. Nous rappelions alors que le droit international interdit les blocus qui causent des préjudices aux civils.

Ces dernières révélations confirment ce que nous disions déjà : il est impératif que la France mette fin sans délai à l’opacité qui entoure ses exportations d'armes. Nous appelons également tous les parlementaires à exiger la transparence la plus complète possible de la part du gouvernement sur ses ventes d’armes et à se doter des moyens nécessaires pour contrôler les ventes d’armes décidées par le seul Premier ministre.

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TRANSPARENCE ET CONTRÔLE SUR LES VENTES D'ARMES

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