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Une photographie prise dans la province d'Hatay le 28 février 2018 © Burak Milli/Anadolu Agency/Getty Images

Une photographie prise dans la province d'Hatay le 28 février 2018 © Burak Milli/Anadolu Agency/Getty Images

Conflits armés et protection des civils

Afrin : l’autre drame syrien

L'armée turque, et dans une moindre mesure les forces kurdes, mènent des attaques sans discrimination dans les villes en Syrie assiégées d'Afrin et d'Azaz, au nord d'Alep, faisant de nombreuses victimes parmi les civils. Des témoignages accablant.

La violence dans la région s'est intensifiée depuis que le gouvernement turc a annoncé le 20 janvier le lancement de l'opération militaire portant le nom de code « Rameau d'olivier » contre Afrin, l’attaquant sur plusieurs fronts, notamment dans les villages de Jenderess, Shara, Balbali, Shih, Rajo et al Shahba.

Lire aussi : en Ghouta orientale, les civils sous les bombes

Des nombreuses pertes civiles

À Afrin, les combats qui opposent les forces turques aux forces kurdes appuyées par les États-Unis ont déjà causé la mort de nombreux civils et mettent en péril la vie de centaines d'autres.

D'après le Croissant-Rouge kurde, les attaques de l'armée turque ont coûté la vie à 93 civils et en ont blessé 313, dont 51 enfants, entre le 22 janvier et le 21 février 2018. Quant aux tirs d'artillerie des forces kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) dans la ville d'Azaz, ils auraient fait quatre victimes, dont une fillette de neuf ans.

Les analyses du Service de vérification numérique ont permis de corroborer certains des témoignages émanant d'habitants d'Afrin et d'Azaz, notamment au sujet d'une attaque le 18 janvier contre un hôpital à Azaz, qui aurait tué une patiente et fait 13 blessées.

Les informations faisant état de bombardements de villages et de zones d'habitation dans les villes sont très préoccupantes.

Des États comme les États-Unis et la Russie notamment doivent user de leur influence pour faire pression sur les parties impliquées, en vue de mettre un terme aux attaques illégales et de garantir le respect du droit international humanitaire.

Attaques des forces turques, des témoignages effrayant

Nous avons interrogé 15 habitants qui vivent dans les villes et villages des cantons d'Afrin et d'Azaz ou en sont partis récemment. Ils ont dressé un tableau bien sombre des bombardements aveugles qu'auraient effectués les deux parties au conflit. Notre Service de vérification numérique a pu corroborer nombre de ces allégations grâce à l’analyse de vidéos.

Les habitants des villages de Jenderess, Rajo et Maabatli, dans le canton d’Afrin, ont raconté avoir été soumis à des pilonnages aveugles pendant des heures, alors même que les forces turques avaient promis de garantir la protection des civils. Certains ont fui leurs maisons et ont vu leurs voisins se faire tuer.

Au début, nous étions soulagés de voir la déclaration télévisée du gouvernement turc et d'entendre qu'il ne bombarderait pas les zones civiles... Mais c'était un mensonge. Je n'ai jamais vu un tel déluge, les bombes nous pleuvaient dessus. »

Zeina, une habitante de Jenderess

Sido, un habitant de Maabatli, a raconté qu'un obus a frappé la maison de son voisin le 25 janvier, tuant cinq des six membres de la famille :

« La frappe a complètement détruit la maison, tuant le père, la mère et trois enfants âgés de moins de 15 ans, tandis qu’un quatrième – une fille – est resté sous les décombres pendant plusieurs heures. Elle a survécu, mais son état est critique... Il n'y a pas de quartier général de l'armée près de cette maison. La ligne de front la plus proche se trouve à 41 km, à la frontière. »

Notre Service de vérification numérique a pu confirmer de manière indépendante cette attaque meurtrière à Maabatli.

La plupart des habitants ne s’étaient pas préparés à une offensive contre les zones d'habitation et ont dû se ruer vers des sous-sols bondés, sans avoir le temps de faire des réserves d'eau et de nourriture, dans l’espoir de se mettre à l’abri des bombes.

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Les YPG aussi impliqués

Des habitants d'Azaz ont raconté à nos chercheurs les attaques menées sans discrimination qui seraient imputables aux forces kurdes et ont touché des maisons et des hôpitaux. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, les Forces démocratiques syriennes (FDS) alliées aux combattants des Unités de protection du peuple (YPG) ont mené une série d'attaques contre la ville depuis mi-janvier.

Mustafa, cybermilitant d'Azaz, a déclaré avoir été témoin des conséquences d'une attaque le 5 février, dans laquelle un enfant a été tué et cinq membres d'une famille ont été blessés.

« Le bombardement d'Azaz par les Kurdes a commencé en même temps que l'opération Rameau d'olivier en janvier. Les bombardements sont devenus quotidiens, les civils étant récemment pris pour cibles dans le centre d'Azaz. Aucun site militaire n'a été visé. Les civils sont la cible principale. Il n’y a pas eu de présence militaire dans les zones résidentielles d'Azaz depuis des années maintenant. » Il rajoute

« Le 5 février, j'ai été témoin du pire. Une voiture a été percutée par un missile tiré par le PKK [désignant les forces des YPG]... Une fillette de neuf ans a été tuée sur le coup et cinq membres de sa famille ont été grièvement blessés. Ils ont été transférés en Turquie. Je ne sais pas comment ils ont survécu. Le véhicule était en flammes. C'était horrible à voir. »

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Stop au massacre dans la Ghouta Orientale

Interpellez les gouvernements russe et syrien pour que les bombardements cessent et que le siège soit levé immédiatement.