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Madagascar. Plus d’un million de personnes sont touchées par la famine, il faut intervenir de toute urgence

Face à la terrible famine qui touche actuellement plus d’un million de personnes dans le sud de Madagascar, il faut que les donateurs, les États étrangers et les responsables régionaux renforcent l’aide humanitaire pour éviter une crise des droits humains, a déclaré Amnesty International.

Alors que le pays connaît sa sécheresse la plus grave depuis 40 ans, deux entités des Nations unies, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), ont tiré la sonnette d’alarme au cours de la semaine du 10 mai afin d’attirer l’attention de la communauté internationale sur la crise humanitaire qui se déroule dans le sud de Madagascar.

« Les droits de plus d’un million de personnes sont menacés dans le sud de Madagascar, où des milliers de personnes risquent de souffrir d’inanition et plus d’un million n’a pas accès à de la nourriture en quantité suffisante. La situation est désastreuse, il faut entreprendre immédiatement une action régionale et mondiale coordonnée pour arrêter cette catastrophe, qui pourrait rapidement devenir une tragédie humaine, a déclaré Tamara Léger, conseillère pour le programme Madagascar à Amnesty International.

« Les responsables régionaux et la communauté internationale ne peuvent se permettre de laisser des personnes mourir de faim à Madagascar sans réagir. Il faut que la communauté internationale se rassemble et mobilise des ressources pour aider le pays en ces temps difficiles. »

La famine à Madagascar a atteint un niveau critique en septembre 2020, au début de la période de soudure. Depuis trois ans, la région est en proie à une sécheresse, la pire que le pays ait connue en 40 ans. Le PAM a indiqué que, dans le sud de Madagascar, environ 1,4 million de personnes se trouvaient dans une situation d’insécurité alimentaire grave, dont 14 000 à un niveau de « catastrophe » – le plus élevé des cinq niveaux du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC). Les enfants et les femmes sont les groupes pour lesquels la sécheresse a le plus de conséquences. Des familles sont contraintes de prendre des décisions extrêmes pour survivre, comme celle de vendre leurs biens et de faire travailler leurs enfants. Par ailleurs, la faim empêche certains enfants de se rendre à l’école.

En mars, Amnesty International a recueilli des témoignages de femmes, d’enfants et d’hommes touchés par la sécheresse, qui ont mis en évidence le fait que ces personnes ne pouvaient plus jouir pleinement de leurs droits humains à la vie, à l’alimentation, à l’eau, à la santé et à l’éducation, entre autres.

Des dizaines de décès ont été enregistrés dans certains villages. Cependant, il n’existe pas d’estimation précise de la mortalité imputable à la famine. Des personnes souffrant de la faim ont expliqué à l’organisation qu’elles faisaient tout pour ne pas mourir, y compris sauter des repas et consommer des cactus et de l’argile.

Oline Ampisoa, 63 ans, veuve, mère de trois enfants et grand-mère de neuf, a déclaré : « Avant, on mangeait trois fois par jour. On mangeait du maïs, du sorgho, des patates douces et du manioc mais, maintenant, on ne trouve pratiquement rien. Si on arrive à gagner un peu d’argent, on peut acheter du manioc et en garder de côté en n’en mangeant qu’au dîner.

« Le matin et au déjeuner, on ne mange rien, ou simplement de jeunes cactus. On leur enlève les épines et on les fait bouillir, et on les donne aux enfants. Parfois, quand je regarde mes enfants manger, je me mets à pleurer, mais je ne peux rien faire de plus. »

La situation est particulièrement difficile pour les enfants, que le manque de nutriments essentiels empêche de se développer correctement. Selon l’IPC, outil utilisé par les États, les organismes des Nations unies, les organisations non gouvernementales (ONG) et la société civile pour améliorer l’analyse et la prise de décision dans le domaine de la sécurité alimentaire, en 2020, environ 27 100 enfants qui souffraient de malnutrition grave ont eu besoin d’une prise en charge médicale qui a permis de leur sauver la vie et 135 476 enfants de moins de cinq ans présentaient une émaciation.

Mosa, 17 ans, a indiqué à Amnesty International qu’il ne pouvait plus aller à l’école à cause de la sécheresse : « Je ne vais plus à l’école en ce moment [...] Quand je mange du tamarin mélangé à de l’argile, j’ai mal au ventre, c’est pour ça que je ne vais plus à l’école. Parce que j’ai faim. Quand j’y allais, je n’étais pas à l’aise. Quand les professeur·e·s expliquaient quelque chose, j’avais toujours la tête ailleurs. »

L’histoire de Mosa est aussi celle de nombreux autres enfants qui ont parlé à Amnesty International, contraints d’abandonner l’école à cause de la faim.

Le PAM a déclaré qu’il avait besoin de toute urgence de 74 millions de dollars des États-Unis sur les six prochains mois pour enrayer la famine et contrecarrer ses effets à Madagascar, car il est prévu que les récoltes de 2021 n’atteignent même pas la moitié de la moyenne quinquennale. Il a aussi prévenu que la période de soudure, qui débuterait en octobre 2021, serait probablement longue et difficile.

La coopération et l’aide internationales sont une obligation fondamentale en matière de droits humains. En effet, les normes internationales imposent aux États de solliciter une aide internationale lorsqu’ils sont dans l’impossibilité de remplir leurs obligations à l’égard des droits humains. À l’inverse, les États qui sont en mesure de prêter assistance sont tenus de le faire. Les donateurs et les États bénéficiaires doivent s’assurer que l’aide est utilisée dans le respect des principes de non-discrimination et d’égalité.

Le volume moyen des précipitations annuelles n’a fait que diminuer dans le sud de Madagascar au cours du dernier siècle, tandis que les températures augmentent depuis une quinzaine d’années. Selon les projections, le pays est susceptible d’être encore plus durement touché par la sécheresse à l’avenir puisque la baisse des précipitations et la hausse des températures devraient se poursuivre.

« À mesure que les effets du changement climatique s’intensifieront, la situation dans le sud de Madagascar ne pourra que s’aggraver. Cette famine dévastatrice rappelle une nouvelle fois à tous les États, en particulier à ceux qui portent la plus grande responsabilité dans la crise climatique, qu’ils sont tenus de protéger les populations en réduisant les émissions de toute urgence, a déclaré Tamara Léger.

« Les pays riches doivent aussi prêter un appui à des systèmes efficaces d’alerte rapide, à la préparation aux catastrophes et aux stratégies d’adaptation au changement climatique afin de sauver des vies et de protéger les droits humains à Madagascar et dans les autres pays confrontés à des risques similaires. »

Complément d’information

Dans le courant de l’année, Amnesty International publiera un rapport sur la sécheresse dans le sud de Madagascar et ses répercussions sur les droits humains.

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