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Une chambre à gaz aux Etats-Unis © AIF

Une chambre à gaz aux Etats-Unis © AIF

Peine de mort et torture

Arkansas : des exécutions programmées à la chaîne

Aux États-Unis, l’État de l’Arkansas prévoit d’exécuter huit condamnés, sept d'entre eux devant être mis à mort sur une période de 11 jours.

Mise à jour le 28/4/2017 : Kenneth Williams a été exécuté le 27 avril.

Mise à jour 26/04/2017 : L'Etat de l'Arkansas a procédé le 24 avril à la double exécution de Jack Jones et Marcel Williams. Celle-ci fait suite à l'exécution jeudi dernier de Ledell Lee, une première dans cet Etat depuis 2005.

L'Arkansas n'a procédé à aucune exécution depuis plus de dix ans, mais a prévu de procéder à deux exécutions par jour en avril. Un rythme inédit, justifié par la prochaine péremption du Midazolam, substance utilisée de façon controversée pour mettre à mort les condamnés.

Agissez : demandez l'arrêt des exécutions en Arkansas, interpellez le gouverneur sur Twitter

L’Arkansas, à contre courant de l’histoire

Quatre mois seulement après que les États-Unis d’Amérique ont enregistré le nombre total d'exécutions le plus bas recensé en un quart de siècle, l'Arkansas se prépare à mettre fin à cette tendance positive à cause de la date de péremption d'un sédatif.

La programmation sur une si courte période de ces exécutions est, par ailleurs, un fait sans précédent dans l'histoire récente des États-Unis.

Des condamnations entachées d’irrégularités

Don Davis et Bruce Ward doivent être mis à mort le 17 avril. Ledelle Lee et Stacey Johnson, le 20 avril. Marcel Williams et Jack Jones, le 24 avril. Et Kenneth Williams, le 27 avril. Un juge fédéral a bloqué l'exécution de Jason McGehee, initialement prévue pour le 27 avril, mais ce dernier risque toujours d'être mis à mort.

Dans certaines de ces affaires, du fait d'erreurs juridiques, les jurés n'ont pas disposé de toutes les informations qui leur auraient permis de savoir parfaitement qui étaient les personnes qu'on leur demandait de condamner à mort. Dans d'autres affaires, les condamnés ont été diagnostiqués comme étant atteints de graves handicaps mentaux, ce qui implique que leur exécution serait contraire au droit international.

Lors du procès de Jack Jones, par exemple, les jurés ne savaient pas qu'il avait été diagnostiqué comme étant atteint de troubles bipolaires peu avant le crime. Bruce Ward, qui a passé plus de 25 ans dans le couloir de la mort, a été diagnostiqué en 2006, 2010, 2011 et 2015 comme étant atteint de schizophrénie paranoïde.

A l’encontre du droit international

Le fait d'exécuter une personne qui ne comprend pas les raisons de son châtiment, ou qui n'a pas conscience de la réalité de ce châtiment, constitue pourtant une violation de la Constitution des Etats unis d’Amérique. Le fait d'exécuter des personnes atteintes d'un handicap mental est clairement interdit par le droit international.

Dans le cas de Marcel Williams, les jurés ont été tenus dans l'ignorance de son enfance marquée par une grande pauvreté, des privations et des abus.

Pris dans leur ensemble, ces affaires illustrent bien les problèmes liés à la peine de mort : l'arbitraire, une défense inefficace, des manœuvres contestables de l'accusation et une discrimination économique et raciale sont autant de facteurs qui ont joué un rôle dans cette recrudescence des peines capitales.

Il n'est pas trop tard, l'Arkansas peut encore stopper ces exécutions.

Lire aussi : 5 chiffres à savoir sur la peine de mort

Recrudescence des exécutions en Arkansas

La dernière exécution recensée en Arkansas – la 27e depuis 1977 dans cet État – a eu lieu le 28 novembre 2005.

Si l'Arkansas procède à ces huit exécutions au cours du mois d’avril, il augmentera alors de 30 % le nombre total d'exécutions judiciaires enregistrées sur son territoire au cours des quarante dernières années, en seulement en l'espace d'une semaine et demie. Cela reviendrait à tuer près d'un quart de ses prisonniers condamnés à mort, sur la base des chiffres actuels.

Les exécutions étaient suspendues en Arkansas en raison de recours portant sur l'injection létale. Lorsque les réserves actuelles de midazolam seront périmées, il sera extrêmement difficile de les remplacer en raison des préoccupations liées à l’utilisation de ce médicament lors de récentes exécutions « ratées .

Les débats portant sur le recours à l'injection létale ne doivent pas seulement viser à améliorer la procédure de mise à mort. Il est erroné de penser qu'un homicide commis par un État de sang-froid et de façon préméditée puisse être "humain", et il est grand temps que les États-Unis d’Amérique s'alignent sur la tendance abolitionniste mondiale.