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Amnesty International, manifestation pour supporter les femmes polonaises contre les lois restreignant l'avortement
Manifestation pour supporter les femmes polonaises contre les lois restreignant l'avortement © Thierry Monasse
Droits sexuels et reproductifs

Pologne : depuis un an, l’avortement presque totalement interdit

Depuis quelques années, la Pologne durcit ses lois en matière d’accès à l’avortement. Dernier exemple en date : il y a tout juste un an, le tribunal constitutionnel polonais restreignait encore ce droit, en interdisant l’avortement en cas de malformation du fœtus. Les femmes et toutes les personnes enceintes sont aujourd’hui confrontées à de nombreux obstacles pour accéder à un avortement sûr et sécurisé dans le pays.

Restrictions sur restrictions

Depuis 2015, le gouvernement polonais a pris plusieurs mesures pour restreindre les droits sexuels et reproductifs, et notamment le droit à l’avortement. En limitant l’accès à ce droit humain fondamental, la Pologne limite également le droit à la santé de millions de personnes. L’avortement n’étant pas légal en toutes circonstances, les avortements sont clandestins, donc dangereux, voire mortels.

Rappelez-vous : le 22 octobre 2020, le tribunal constitutionnel polonais jugeait anticonstitutionnel le fait d’avorter en cas de « malformation grave et irréversible du fœtus ou de maladie incurable qui menace la vie du fœtus », avant que cette décision n’entre en vigueur le 27 janvier 2021. Or, c’était encore l’un des rares motifs légaux pour recourir à l’avortement en Pologne. Il représentait d’ailleurs plus de 90 % des quelque 1 000 avortements légaux pratiqués chaque année dans le pays.

« La décision du Tribunal constitutionnel cause un préjudice incalculable aux femmes et aux jeunes filles, en particulier celles qui sont pauvres, qui vivent dans des zones rurales ou qui sont marginalisées, déclare Urszula Grycuk, membre de la Fédération polonaise pour les femmes et le planning familial (Federa). La dignité, la liberté et la santé des personnes enceintes sont compromises parce que leur propre gouvernement leur refuse l’accès aux soins de santé reproductive essentiels. »

Fin 2020, cette loi anti-avortement avait ainsi poussé la population à manifester pour revendiquer ses droits. Ces manifestations d’une ampleur inédite depuis plusieurs décennies avaient été lourdement réprimées par les autorités polonaises.

Cette décision a aujourd’hui des effets dissuasifs importants car les personnes qui souhaitent avorter et les professionnels de santé qui pratiquent cet acte médical craignent désormais de lourdes répercussions.

Lire aussi : La Pologne s'attaque au droit à l'avortement

Défenseurs des droits menacés

En plus de voir leurs droits bafoués, les femmes qui défendent le droit à l’avortement font désormais l’objet d’intimidations et de menaces. Le gouvernement polonais prend délibérément pour cibles les organisations de défense des droits des femmes.

Les militantes et les militants déclarent que le gouvernement abuse d’une rhétorique et de campagnes médiatiques qui les dénigrent et dénigrent leur travail, qui favorisent la désinformation et la haine, pouvant par conséquent mettre en danger leur sécurité.

Plus qu’une crainte, c’est une réalité. Marta Lempart, cofondatrice du mouvement de manifestations Ognopolski Strajk Kobiet (Grève des femmes de toute la Pologne) est aujourd’hui dans cette situation. Pour avoir mené des manifestations en faveur de l’avortement légal et pour les droits des femmes, elle est maintenant victime de menaces de mort. répétées.

Aujourd’hui, 14 organisations de défense des droits humains, dont nous faisons partie, dénoncent les restrictions au droit à l’avortement mises en place par la Pologne ainsi que le climat hostile instauré vis-à-vis des personnes qui défendent ce droit.

Nous appelons les autorités polonaises à mettre un terme aux efforts visant à restreindre les droits sexuels et reproductifs et à affaiblir les protections des femmes. Les autorités polonaises doivent également s’engager à protéger les défenseurs des droits des femmes et les militantes et militants qui font l’objet de menaces et d’attaques continues depuis la décision d’octobre 2020.

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