Aller au contenu
Agir
Faire un don
ou montant libre :
/mois
Grâce à la réduction d'impôts de 66%, votre don ne vous coûtera que : 5,1 €/mois
Un garde devant un hôpital de MSF © Rawan Shaif

Un garde devant un hôpital de MSF © Rawan Shaif

Conflits armés et protection des civils

Yémen : les hôpitaux pris pour cibles

Les forces hostiles aux Houthis dans la ville de Taïz (sud du Yémen) mènent une campagne de harcèlement et d’intimidation contre le personnel hospitalier et mettent les civils en danger en postant des combattants et en établissant des positions militaires près de centres médicaux.

Lors d’une mission à Taïz ce mois-ci, nos délégués se sont entretenus avec 15 médecins, ainsi qu’avec d’autres professionnels de la santé, qui ont expliqué que les forces armées anti-Houthis les ont régulièrement harcelés, arrêtés, voire menacés de mort ces six derniers mois. Certains éléments montrent que les forces anti-Houthis mènent une campagne de peur et d’intimidation contre les professionnels de la santé dans cette région. En postant des combattants et en établissant des positions militaires près de centres médicaux, elles compromettent la sécurité d’hôpitaux et font fi de l'obligation qui leur est faite, aux termes du droit international, de protéger les civils. Les forces anti-Houthis, aussi connues sous le nom de forces de la Résistance populaire, sont alliées au président Abd Rabbu Mansour Hadi et à la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite.

Signer la pétition : stop aux transferts d'armes à la coalition menée par l'Arabie saoudite

Des hôpitaux poussés à la fermeture

Dans au moins trois cas, des hôpitaux ont été fermés à cause de menaces proférées contre leurs personnels. Dans le cas le plus récent, lundi 21 novembre, une faction des forces anti-Houthis a effectué une descente à l’hôpital al Thawra, le plus grand hôpital public de Taiz, en représailles semble-t-il contre le fait que des membres du personnel hospitalier aient prodigué des soins d’urgence à trois combattants houthis blessés.

Selon les témoins, trois hommes armés ont fait irruption dans un bureau de l’hôpital et menacé de tuer le personnel médical si l’établissement ne fermait pas immédiatement. Ils ont aussi essayé de traîner les deux combattants houthis ayant survécu hors de l’unité des soins intensifs et de la salle de réveil, mais en ont été empêchés par le personnel. Le troisième combattant houthi avait succombé alors qu’il recevait des soins. Cet hôpital ne fonctionne plus que partiellement à l’heure actuelle, ne fournissant que des services d’urgence et de dialyse, malgré la reprise de combats nourris depuis la première semaine de novembre. .

Le personnel médical menacé

Plusieurs des médecins nous ont déclaré que le chaos qui s’est emparé de Taïz a créé un vide sécuritaire les exposant à un danger accru face aux forces anti-Houthis, qui essaient d’exercer le contrôle dans les hôpitaux. Un membre du personnel administratif a décrit les forces anti-Houthis comme « l’autorité de fait ». Il a déclaré qu’elles viennent souvent à l’hôpital pour demander que des combattants présentant des blessures de guerre soient soignés. Des médecins nous ont signalé que si des combattants anti-Houthis ne sont pas acceptés à l’hôpital en raison d’un manque de place, ils deviennent violents ou insultants. Dans d’autres cas, des professionnels de santé ont indiqué que des médecins ont été forcés à faire leur travail sous la menace d’une arme. Selon un docteur de l’hôpital al Jamhouri, un homme a ouvert le feu à l’intérieur de l’hôpital après avoir appris que son fils, un combattant anti-Houthis présentant une blessure mineure à la jambe, n’avait pas besoin de recevoir de soins d’urgence et qu’un infirmier pouvait s’occuper de lui. Il a blessé des professionnels de santé et tué un patient.

À des centaines de reprises, [des combattants anti-Houthis] nous ont menacés et ont entravé le fonctionnement de l’hôpital et notre prise de décisions. Lorsque nous nous élevons contre eux, ils menacent de nous tuer

Un employé administratif placé en détention après avoir essayé de les empêcher de s’ingérer dans les affaires de l’hôpital

Le personnel de l’hôpital al Thawra a par ailleurs déclaré que les forces anti-Houthis ont détourné leur alimentation électrique pour leur utilisation personnelle, perturbant l’approvisionnement en électricité de certains services essentiels. Dans d’autres cas, des combattants ont exigé des médicaments et des fournitures, et confisqué certains équipements dans les hôpitaux.

Lire aussi : Hôpital de MSF bombardé : une bombe de fabrication américaine

La situation à l'hôpital al Thawta

Le directeur d’al Thawra a déclaré que les agents de sécurité de l’hôpital n’étaient pas en mesure de s’opposer aux membres des forces armés :

On compte des dizaines d’hommes armés à l’intérieur de l’hôpital. Est-ce que je dirige un hôpital ou un bataillon ? [...] Ces hommes armés vous créent toutes sortes d’ennuis en dehors de l’hôpital si vous refusez de les laisser entrer.

Le directeur de l’hôpital al Thawra

Un médecin qui vivait et travaillait à l’hôpital jusqu’au mois de juillet a déclaré que des combattants lançaient des attaques depuis une zone située juste à côté de l’établissement au moins deux fois par semaine en moyenne. Cela se soldait en retour par de féroces attaques contre l’hôpital et ses alentours par les Houthis. Le 28 septembre, un mortier tiré par des combattants houthis a atteint l’hôpital, endommageant ses panneaux solaires, réservoirs d’eau et canalisations, ce qui a amené l’établissement à suspendre temporairement les interventions chirurgicales.

Un embargo sur les armes indispensable

En postant des combattants et des véhicules militaires à l’intérieur et aux alentours des centres médicaux de Taizz, les forces anti-Houthis portent ainsi atteinte à un principe fondamental du droit international humanitaire. Les parties au conflit doivent mettre un terme aux attaques ne faisant pas de distinction entre civils et cibles militaires. Elles doivent cesser d’employer de l’artillerie et des mortiers aux alentours des zones civiles, et faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter de positionner des objectifs militaires près de zones densément peuplées, et en particulier des hôpitaux et des centres médicaux. Notre demande à plusieurs reprises pour un embargo total sur les transferts d'armes susceptibles d'être utilisées par l'une des parties au conflit au Yémen est restée sans réponse. Les forces anti-Houthis sont soutenues par la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite, qui est armée par les États-Unis et le Royaume-Uni.

Agir

Interpeller le président François Hollande

Il faut suspendre immédiatement les transferts d’armes et soutiens militaires à l’Arabie saoudite et ses alliés de la coalition