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Une opération de sauvetage au large des côtes de l'ile de Lampedusa, en mai 2017 © Chris McGrath/Getty Images

Une opération de sauvetage au large des côtes de l'ile de Lampedusa, en mai 2017 © Chris McGrath/Getty Images

Personnes réfugiées et migrantes

Le« système défaillant » qui condamne des migrants en mer

Le système en place au sein de l’Union Européenne dissuade les États de venir en aide aux réfugiés et aux migrants en péril en mer. Explications.

Le fait de sous-traiter le contrôle des frontières de l’Europe aux autorités libyennes et de maintenir un système inéquitable s’agissant de partager les responsabilités vis-à-vis des demandeurs d’asile entre les États de l’Union européenne (UE) est à l’origine de la situation à laquelle nous assistons : des demandeurs d’asile et des migrants fréquemment condamnés à dériver en mer Méditerranée.

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Des situations qui se reproduisent

Le spectacle honteux de ces navires de sauvetage paralysés et de ces femmes, hommes et enfants bloqués en pleine mer pendant des semaines, tandis que les responsables politiques rivalisent d’insensibilité, refusant de les laisser débarquer ou avoir accès à une assistance, continuent encore et encore de se reproduire.

Le blocage récent du bateau Proactiva Open Armes ou l’attente des navires de secours des ONG Sea-Watch et Sea-Eye illustrent une nouvelle fois l’urgence. 49 personnes ont finalement pu débarquer à Malte après avoir passé 19 jours à bord du Sea-Watch 3 et du Professor Albrecht Penck, navire de secours de l’ONG Sea-Eye.

Lundi 14 janvier, les autorités espagnoles ont empêché le navire de Proactiva Open Arms de prendre la mer pour la Méditerranée centrale.

Objectif de l'UE : bloquer les personnes

L’absence de mécanismes au niveau européen chargés d’aider les nouveaux arrivants a de lourdes conséquences pour les pays de première entrée, à qui il revient d’examiner les demandes d’asile, d’accueillir les demandeurs, d’intégrer ceux qui sont reconnus comme ayant besoin d’une protection internationale et de renvoyer dans leur pays ceux qui se voient refuser cette protection.

Les gouvernements européens ont mis en place une série de mesures visant à bloquer les traversées en Méditerranée centrale, et ont notamment renforcé les capacités des garde-côtes libyens d’interception des personnes en quête de sécurité et entravé le travail des ONG qui mènent des opérations de recherche et de secours.

Cette stratégie a pour but de maintenir les migrants loin de l’Europe, alors même que la Libye n’est pas en mesure de coordonner les opérations de sauvetage et que le droit international interdit de débarquer des personnes secourues en mer dans un pays, tel que la Libye, où elles risquent d’être soumises à des actes de torture, d’extorsion et à des viols.

En vue de diminuer le nombre de personnes débarquées dans leurs ports, certains États de l’UE ont réduit ou abandonné les patrouilles effectuées par leur propre marine. Les ONG qui sont intervenues pour combler ce vide ont régulièrement essuyé des refus pour accoster dans les ports, notamment italiens et maltais. Certains gouvernements européens vont jusqu’à les empêcher de mener leurs activités de sauvetage, au moyen d’enquêtes pénales infondées et d’obstacles bureaucratiques.

Certains gouvernements paralysent les propositions visant à réformer le système existant ou à pallier provisoirement ses lacunes. Cependant, la période précédant les élections européennes en mai offre une fenêtre d’action.

Les dirigeants européens ne doivent plus tourner le dos aux personnes bloquées en mer ni fausser le débat sur les migrations au profit de leurs seuls intérêts politiques. Ce n’est toujours pas le cas.