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olice officers run as anti-extradition bill protesters demonstrate in Sham Shui Po neighbourhood in Hong Kong, China, August 11, 2019.

Hongkong

un inquiétant déploiement de canons à eau

Des policiers lors d'une manifestation contre le projet de loi anti-extradition dans le quartier de Sham Shui Po à Hongkong, en Chine © REUTERS/Thomas Peter

La situation à Hongkong devient de plus en plus inquiétante à l'heure où les autorités sont prêtes à utiliser les canons à eau en plus des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc.

La police de Hongkong s’apprête à déployer à la mi-août des canons à eau. Or, depuis que les manifestations ont éclaté à Hongkong, la police de la ville a utilisé à maintes reprises et de manière excessive des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Et cela, sans respecter les normes internationales.

Ces méthodes impulsives poussent à s’interroger : les policiers peuvent-ils employer des canons à eau sans pour autant exposer les citoyens au risque de blessures graves ?

© Jimmy Lam

Des armes dangereuses

Les canons à eau ne sont pas des jouets que la police de Hongkong peut déployer pour montrer sa force. Ce sont des armes puissantes qui sont non discriminantes par nature et peuvent causer des blessures graves, voire la mort. Cet équipement peut renverser une personne, la pousser dans des éléments statiques, causer une perte de vue permanente ou percuter des objets non fixés qui deviennent alors de véritables projectiles. Dans les rues bondées de Hongkong, leur déploiement pourrait mener droit au désastre.

Nous avons déjà démontré les dangers de l’usage des canons à eau par des responsables de l’application des lois, notamment lors d’un terrible événement en Corée du Sud. Lors de manifestations antigouvernementales à Séoul, le 14 novembre 2015, le militant Baek Nam-gi, touché par un jet de canon à eau de la police, utilisé à bout portant et avec une trop grande puissance, a perdu connaissance.

Sur les images vidéos de l'événement, on voit Baek Nam-gi au sol, inconscient et gisant sans réaction après avoir été frappé directement à la tête. Les policiers manœuvrant le canon n'ont pas arrêté après qu'il soit tombé à terre. Tombé dans le coma, il a fini par succomber à ses blessures à l'hôpital, le 25 septembre 2016. Il avait 68 ans.

Lire aussi : Hongkong dans le viseur du Parlement européen

Nous demandons à la police de Hongkong de faire preuve de la plus grande retenue au moment de décider de déployer des canons à eau. Cette arme puissante de maintien de l’ordre ne devrait être utilisée que de manière proportionnée. Et uniquement, lorsque le niveau de violence est tel qu’il ne peut pas être contenu en ciblant directement les individus impliqués dans des actes violents.

Des teintures pour identifier les manifestants

La police de Hongkong a testé trois véhicules blindés antiémeutes équipés de canons à eau, qui coûtent 2,12 millions de dollars américains chacun. À l'occasion de ces tests, une teinture a été ajoutée au liquide afin de marquer les personnes, en vue d’une future identification.

Lorsque des marqueurs sont employés, la personne peut ensuite être victime de harcèlement ou placée en détention de manière injustifiée. L’eau peut aussi contenir d’autres additifs, dont diverses substances chimiques irritantes.

Utiliser des canons à eau avec des substances irritantes et de la teinture dans des quartiers d’habitation fortement peuplés représente une réelle menace pour la liberté d’expression et de réunion pacifique. Outre les risques de blessures graves, l’utilisation de marqueurs signifie que de très nombreuses personnes, dont des manifestants pacifiques, des journalistes et des habitants du secteur, peuvent être marquées de manière aléatoire. Cela soulève des préoccupations en termes de droits humains quant au sort réservé aux personnes marquées une fois la foule dispersée.

© Jimmy Lam

Nos recommandations

Voici nos recommandations quant à l’utilisation des canons à eau

Les responsables de l’application des lois devraient faire preuve de la plus grande retenue possible et recourir à la force uniquement lorsque cela est strictement nécessaire.

Les canons à eau ne devraient être utilisés que dans des circonstances strictement définies et uniquement si leur usage est légal, nécessaire et proportionné à l'objectif légitime de maintien de l'ordre.

Ils ne devraient être utilisés que lorsque le degré de violence est tel que les forces de l'ordre ne peuvent contenir la menace en ne ciblant directement que les personnes violentes.

Ils ne devraient jamais cibler des individus à faible distance, et ne jamais viser la tête.

Ils ne devraient jamais être utilisés contre des individus déjà appréhendés ou incapables de bouger.

Ils ne devraient jamais être utilisés dans des espaces confinés ni des lieux où les manifestants ne peuvent pas se disperser, tels que des impasses, des centres commerciaux, des gares et des stades.

Des voies de dispersion ou des sorties adaptées doivent être disponibles et les participants au rassemblement doivent être dûment avertis avant que des canons à eau ne soient utilisés.

Un organe composé d’experts indépendants, notamment médicaux, scientifiques et juridiques, entre autres, devrait évaluer rigoureusement les effets et les emplois possibles des canons à eau afin de démontrer si une utilisation légitime et sûre par les forces de l'ordre est envisageable en respectant des règles opérationnelles spécifiques conformes aux normes relatives aux droits humains.

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