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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

Des femmes font face à des policiers lors d'une manifestation à Bogota contre les agressions sexuelles commises par la police et l'excès de force contre les manifestations pacifiques, le 15 mai 2021, Colombie / © Luisa Gonzalez via Reuters

Colombie : la police use de violences sexuelles comme arme de répression des manifestations

Attouchements, nudité forcée, injures sexistes, harcèlement... la liste des violences sexuelles et sexistes infligées par la police nationale colombienne aux personnes qui manifestaient lors de la grève nationale de 2021 est accablante. Enquête.

En Colombie, la police nationale a infligé des violences sexuelles et d’autres formes de violences sexistes au cours de la répression de la grève nationale de 2021. Notre rapport « La police ne me protège pas : violences sexuelles et autres violences basées sur le genre lors de la grève nationale de 2021  » expose les violences subies par les femmes et les personnes LGBTI au cours de ces manifestations.

Ce rapport présente des informations sur 28 situations de violences basées sur le genre, qui ont eu lieu dans sept villes du pays, dans le cadre des manifestations, entre le 28 avril et le 30 juin 2021. Sur les 28 situations présentées, la majorité concerne des femmes, quatre situations concernent des hommes, et on recense également la situation d’une femme trans défenseure des droits humains et celles de deux personnes autochtones. 

Notre enquête montre clairement que la violence fondée sur le genre a été un instrument de répression utilisé par la police nationale pour punir les personnes qui osaient faire entendre leur voix en manifestant. 

Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International

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« La police ne me protège pas »  

Les violations ont eu lieu principalement dans deux types de situation : lorsque la police nationale a dispersé les manifestations et pendant les détentions. Dans ces deux contextes, protégés par leur statut, des membres de la police nationale ont commis des actes allant des injures sexistes à la menace de violences sexuelles.

À travers ces violences, les policiers cherchaient à punir les personnes qui manifestaient, parce qu’elles remettaient au cause les normes sociales en matière de genre et parce qu’elles descendaient dans la rue pour revendiquer leurs droits. C’est l'unité spéciale antiémeute (ESMAD) qui serait responsable de la plupart des violations.

En juin 2021, on comptait plus de 491 femmes victimes de violences policières, 28 victimes de violences sexuelles et 5 cas de violences basées sur le genre contre des personnes LGBTI qui manifestaient.

Le rôle des femmes dans les manifestations

Les femmes ont joué un rôle majeur dans les manifestations. Elles étaient soutiens, porte-paroles, responsables de terrain, médiatrices avec les autorités policières, elles ont mis en place des « cuisines communautaires » pour assurer que les personnes qui manifestaient soient nourries, et agissaient comme une « ligne de front », pour protéger leur intégrité physique. En identifiant les formes de violence contre les manifestantes qui ont entraîné de graves traumatismes oculaires et des décès, les femmes de ces « lignes de front » ont joué un rôle crucial dans la protection et la défense des manifestantes. Malheureusement, c’est précisément l’une des raisons pour lesquelles elles ont été victimes de stigmatisation, de violence et de menaces.  

Qu’est-ce qui a déclenché les manifestations en Colombie ?

À partir du 28 avril 2021, des milliers de personnes sont descendues dans la rue dans de nombreuses villes de Colombie pour prendre part aux manifestations majoritairement pacifiques dans le contexte du mouvement de la grève nationale qui a duré plusieurs mois. C’est la proposition d’une réforme fiscale, promue par le gouvernement du président de l’époque Ivan Duque, qui a mis le feu aux poudres. La police nationale est intervenue et a fait un usage de la force excessif et disproportionné pour réprimer les manifestations et étouffer la contestation. Des milliers de personnes ont été gravement blessées et des dizaines sont mortes, suite à la répression des forces de sécurité.

Lire aussi : Plus de 100 manifestants victimes de lésion oculaires irréversibles  

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Ciblé.e pour son origine et/ou son genre

Notre rapport révèle que les violences à l’égard des femmes et des personnes LGBTI ont été inextricablement liées à d’autres facteurs de discrimination comme l’origine ethnique,  l’orientation sexuelle et l’identité de genre Les témoignages de femmes trans, et des communautés indigènes et Afro-colombiennes montrent que leur identité a été une cause supplémentaire de répression, exacerbant le risque de subir des violences. 

De plus, des femmes et des personnes LGBTI journalistes ou défenseures des droits humains ont subi des agressions marquées par le sexisme, l’homophobie et d’autres formes de haine, ainsi que la stigmatisation. 

Justice doit être rendue 

Alors que des plaintes ont été déposées par les personnes ayant subi des violences fondées sur le genre, le système judiciaire n’a jusqu’ici pas fourni de réponse adéquate.  

Plusieurs personnes victimes de violences ont déclaré qu’elles ne souhaitaient pas porter plainte parce qu’elles n’avaient pas confiance dans les instances et parce qu’elles avaient peur de représailles. Le président colombien Gustavo Petro, en tant que chef suprême de la police nationale, doit prendre un décret condamnant toutes les formes de violence sexuelle et fondée sur le genre.

Chacune des plaintes concernant la grève nationale de 2021 doit faire l'objet d'une enquête et les responsables doivent être amenés à rendre des comptes. Les autorités colombiennes doivent également remédier aux causes profondes de cette violence et travailler avec les femmes et les personnes LGBTI pour élaborer et adopter des mesures efficaces garantissant une vie sans  discrimination institutionnelle et sans violence basée sur le genre.

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