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Équateur. Des disparitions forcées commises par des soldats illustrent l’échec de la stratégie de sécurité

Un nouveau rapport d’Amnesty International révèle que la militarisation de la sécurité publique en Équateur a permis que des disparitions forcées soient perpétrées par les forces armées, laissant des familles entières dans l’incertitude et mettant en évidence l’échec des politiques de sécurité introduites par le président Daniel Noboa dans le cadre du « plan Fénix ». 

Ce rapport, intitulé Son militares, yo los vi, porte sur 10 disparitions forcées survenues lors de cinq opérations de sécurité en 2024 dans les provinces d’Esmeraldas, de Los Ríos et de Guayas, qui figurent parmi le nombre croissant de plaintes dans le pays dans un contexte de militarisation sans précédent. 

« Les disparitions forcées se multiplient en Équateur alors que le gouvernement persiste dans une stratégie militarisée qui non seulement n’a pas réduit la criminalité, mais a en outre accru les violations des droits humains. Le président Noboa doit de toute urgence renoncer à cette approche et veiller à ce que les forces armées coopèrent pleinement avec les enquêtes », a déclaré Ana Piquer, directrice pour les Amériques à Amnesty International. 

Les disparitions forcées se multiplient en Équateur alors que le gouvernement persiste dans une stratégie militarisée qui non seulement n’a pas réduit la criminalité, mais a en outre accru les violations des droits humains

Ana Piquer, directrice pour les Amériques à Amnesty International

Des disparitions forcées qui se répètent 

Selon les informations communiquées à Amnesty International par le parquet général, des plaintes ont été déposées concernant la disparition forcée de 43 personnes depuis 2023, année où le président Noboa a entamé son premier mandat.  

Amnesty International a examiné minutieusement cinq dossiers d’enquête, confirmé l’authenticité de preuves audiovisuelles et interrogé les proches de personnes disparues lors d’opérations de sécurité. Toutes ces personnes étaient jeunes, certaines même mineures, originaires de la côte équatorienne. 

Cirilo Minota (35 ans) a été arrêté en avril par des soldats à Esmeraldas. Sa famille dispose de vidéos de son arrestation, mais on ignore depuis lors où il se trouve. 

Dave Loor (20 ans) et Juan Daniel Santillán (27 ans) ont été arrêtés à Los Ríos en août, alors qu’ils se trouvaient sur la voie publique. Plusieurs témoins ont confirmé qu’ils étaient détenus par l’armée, mais les autorités militaires affirment ne pas savoir où ils se trouvent. 

Jostin Álvarez (17 ans) et Jairo Tapia (16 ans), cousins, habitants de Babahoyo, ont été arrêtés en septembre. Jostin est réapparu quelques semaines plus tard, affirmant avoir été torturé et déclarant qu’il était possible que son cousin ait été exécuté. Après avoir fait état de ces faits, il a de nouveau disparu. 

Dalton Ruiz (34 ans) a été intercepté en octobre lors d’un contrôle militaire à Babahoyo. Des photos prises par des passants le montrent entouré de soldats armés, mais on est sans nouvelle de lui depuis lors. 

Quatre enfants de Guayaquil (Steven Medina, Nehemías Arboleda, Josué Arroyo et Ismael Arroyo, âgés de 11 à 15 ans) ont été arrêtés par l’armée de l’air en décembre. Leurs familles ont immédiatement signalé leur disparition, mais quelques semaines plus tard, leurs corps sans vie ont été retrouvés. Cette affaire a suscité une profonde indignation en Équateur et à l’étranger, déclenchant des manifestations et suscitant des appels de la part d’organisations nationales et internationales exigeant vérité et justice. 

Amnesty International conclut que toutes ces plaintes remplissent les trois critères constitutifs de la disparition forcée de personnes au regard du droit international : la privation de liberté, l’implication d’agents de l’État et le refus des autorités de reconnaître la détention ou de révéler le sort des victimes. 

Les affaires décrites dans ce rapport ne sont qu’un échantillon d’une réalité beaucoup plus vaste. Chaque disparition forcée arrache non seulement une personne à sa famille et à sa communauté, mais crée également un abîme de douleur et d’incertitude qui se prolonge indéfiniment. Comme le dit la tante de Dave Loor : « Jamais personne ne devrait vivre une telle situation. C’est une situation trop difficile. Il est très dur de ne pas savoir où se trouve un membre de sa famille, de ne pas savoir pourquoi ces soldats s’en sont pris à eux. » 

Jamais personne ne devrait vivre une telle situation. C’est une situation trop difficile. Il est très dur de ne pas savoir où se trouve un membre de sa famille, de ne pas savoir pourquoi ces soldats s’en sont pris à eux

La tante de Dave Loor

Les forces armées entravent les enquêtes 

Le rapport signale que le ministère public a rencontré de graves obstacles dans le cadre de son enquête. Les forces armées ont refusé de fournir certaines informations, invoquant le « secret » ou la « confidentialité ». Ce rapport fait en outre état de graves manquements de la part du parquet général lui-même : retards dans des procédures clés, non-conservation de preuves, et ouverture d’enquêtes sur la base de charges autres que celle de disparition forcée, ce qui a retardé l’accès des victimes à la vérité et à la justice. 

« Chaque jour qui passe sans que ces crimes ne soient élucidés est une torture pour les familles qui recherchent leurs proches. La vérité ne peut continuer à être cachée par les excuses de l’armée ou l’indifférence institutionnelle. Les autorités doivent se rappeler que nous parlons d’enfants et de jeunes gens dont la vie a été brisée, et de familles qui méritent des réponses immédiates et une véritable justice », a ajouté Ana Piquer.

Chaque jour qui passe sans que ces crimes ne soient élucidés est une torture pour les familles qui recherchent leurs proches. La vérité ne peut continuer à être cachée par les excuses de l’armée ou l’indifférence institutionnelle. Les autorités doivent se rappeler que nous parlons d’enfants et de jeunes gens dont la vie a été brisée, et de familles qui méritent des réponses immédiates et une véritable justice

Ana Piquer, directrice pour les Amériques à Amnesty International

Des crimes qui transcendent les frontières 

L’impact de cette politique militarisée n’est pas passé inaperçu au niveau international. En 2024, le Comité contre les disparitions forcées des Nations unies a émis 22 actions urgentes concernant l’Équateur pour des affaires survenues entre janvier et décembre. Le Comité permanent pour la défense des droits humains de Guayaquil a pour sa part enregistré 33 disparitions au cours de la même année. 

Des proches de personnes disparues se sont en outre regroupés au sein du Comité des familles des détenus disparus d’Équateur, créé en 2024 face à la multiplication des cas et à l’absence de réponse de la part de l’État. Ce collectif mène des actions de sensibilisation, d’accompagnement et de dénonciation, exigeant des autorités qu’elles recherchent immédiatement et efficacement leurs proches. 

Militarisation : une stratégie ratée 

L’enquête menée montre que le gouvernement de Daniel Noboa a systématiquement décrété des états d’urgence et un prétendu « conflit armé interne » pour justifier l’extension du rôle des forces armées à certaines tâches de sécurité publique. Loin d’assurer la sécurité, cette stratégie a ouvert la voie à de graves violations des droits humains et a exposé la population du pays à un risque accru. 

Recommandations clés 

Amnesty International exhorte les autorités équatoriennes à : 

· Mettre fin à la militarisation de la sécurité publique et à placer les droits humains au cœur des politiques de sécurité. 

· Garantir des enquêtes immédiates, impartiales et efficaces. 

· Veiller à la pleine coopération des forces armées avec les autorités judiciaires. 

· Protéger les familles des victimes et garantir des mesures de réparation intégrales. 

· Permettre aux mécanismes internationaux de défense des droits humains d’apporter une assistance technique au parquet dans le cadre des enquêtes sur les disparitions forcées. 

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