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Des forces de sécurité face à des manifestants, à Dakar, le 3 juin 2023 / © Zohra Bensemra via Reuters

Des forces de sécurité face à des manifestants, à Dakar, le 3 juin 2023 / © Zohra Bensemra via Reuters

Sénégal : des manifestations sous haute tension

Depuis le 1er juin 2023, le Sénégal connaît une nouvelle vague de manifestations suite à la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison. Les manifestations sont violemment réprimées par les autorités. Des restrictions arbitraires et violations graves du droit de manifester ont été observées. Point sur la situation.

23 février 2024

Les 9 et 10 février dernier, des forces de sécurité sénégalaises ont tué quatre personnes, dont un adolescent de 16 ans, et ont procédé à des centaines d’arrestations dans le cadre d’une violente répression contre les manifestant·e·s à Saint-Louis, Dakar et Ziguinchor, alors que de nombreux citoyen·ne·s protestaient contre le report de l’élection présidentielle.

Les autorités doivent enquêter sur les homicides et les violences policières commises à l’encontre des manifestant·e·s.

Le 3 février 2024, le président sénégalais, Macky Sall, a annoncé la suspension de l’élection présidentielle. L’opposition politique a rejeté cette suspension et appelé à manifester.

Répression des manifestations, coupures d’Internet et menaces visant les médias se multiplient au Sénégal depuis mars 2021. Nous estimons qu’au moins 60 personnes sont mortes en marge des manifestations. À ce jour, personne ne fait l’objet de poursuite pour ces faits.

Le Sénégal a l’obligation de respecter, de protéger, de promouvoir et de réaliser les droits humains de tous, y compris les droits à la liberté d’expression, d’information et de réunion pacifique, garantis par les articles 9 et 11 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, et les articles 19 et 21 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auxquels le Sénégal est partie.

Au moins 23 morts ont été tuées durant les violentes qui ont éclaté notamment à Dakar et Ziguinchor, depuis le 1er juin, et 390 personnes ont été blessées d’après la Croix-Rouge sénégalaise – un bilan déjà plus lourd que celui de mars 2021.

A ces manifestations, les autorités répondent par la violence en tirant à balles réelles sur les manifestants. Dans des vidéos, authentifiées par nos équipes, on voit des civils armés s’en prendre violemment aux manifestants. Ces individus ont été filmés opérant en présence, voire en collaboration avec les forces de sécurité.

Les autorités sénégalaises procèdent à des arrestations arbitraires depuis le début des manifestations. Certaines personnes arrêtées par les forces de l’ordre ont été utilisées comme bouclier humain pour dissuader les manifestants de poursuivre les affrontements. Les autorités ont également suspendu l’accès aux réseaux sociaux et ont restreint l’accès à Internet.

Le Sénégal vit sa crise politique la plus sérieuse depuis 1988. Ousmane Sonko est devenu inaudible, car privé de tout moyen de communication. Mais la rue, elle, bruit d’énergie et de force, et semble sur le point d’exploser.

Ousmane Diallo, chercheur à Amnesty International 

Lire aussi : L'analyse de notre chercheur Ousmane Diallo dans Afrique XXI

Les 5 violations documentées

Comment en est-on arrivé là ?

En mars 2021, à la suite de l’arrestation de l’opposant politique Ousmane Sonko et candidat à la présidentielle de 2024, la jeunesse sénégalaise est descendue dans la rue : jour après jour, les manifestations ont gagné plusieurs villes du pays. Les autorités les ont réprimées dans la violence : usage excessif de la force, tirs de grenades lacrymogènes, tirs à balles réelles. 

Deux ans après, c’est la condamnation d’Ousmane Sonko à deux ans ferme d’emprisonnement pour "corruption de jeunesse" qui a remis le feu aux poudres.   

En instrumentalisant la justice afin d’écarter ses principaux concurrents et en laissant penser qu’il briguerait un 3ème mandat, Macky Sall a pris le risque de faire de l’ancien lanceur d’alerte un martyr, et voir la rue s’embraser .

Ousmane Diallo, chercheur à Amnesty International 

En mars 2021, pendant plusieurs jours, le Sénégal a été le théâtre d’un déferlement de manifestations spontanées après l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, perçue comme un abus du pouvoir. 14 manifestants ont perdu la vie, dont trois mineurs suite à des tirs par balles de la police, de la gendarmerie et de l’armée.

Retour sur les manifestations de mars 2021 en vidéo. 👇

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Morts pour avoir manifesté

Cheikh Wade est l’une des victimes de la répression des manifestations par les autorités sénégalaises. Il avait 32 ans et était tailleur dans un quartier nord de la capitale. Le 8 mars 2021 à Dakar, comme des milliers de Sénégalais, Cheikh est descendu dans la rue pour protester. Un policier a tiré. Cheick a reçu une balle dans la nuque. Il en est mort.  

Qui aurait pu imaginer que tu perdrais la vie simplement pour avoir participé à une manifestation ? Pourtant, manifester pacifiquement était ton droit de citoyen, toi qui avais toi-même cousu le drapeau du Sénégal avec lequel les passants ont recouvert ton corps. 

La soeur de Cheikh

Lire aussi : La lettre de la sœur jumelle de Cheikh à son frère  

L’officier de police responsable de la mort de Cheikh n’atoujours pas été traduit en justice, malgré le dépôt de plainte de la famille.

Mourir, sous les balles de la police : c’est ce qui est arrivé à plusieurs personnes au Sénégal, lors des manifestations récentes de 2021 à 2023. Jusqu’à présent, aucune justice n’a été rendue. L’État sénégalais ne reconnait pas sa responsabilité envers les victimes et ne montre aucune volonté de poursuivre les enquêtes sur ces violations des droits humains. 

Nos demandes

Nous appelons les forces de sécurité à user de la force  uniquement quand cela est nécessaire et que la réponse est proportionnée.

Nous demandons aux autorités d’ouvrir des enquêtes impartiales et indépendantes sur les morts enregistrées dans le contexte des dernières manifestations.  

Agir

Sénégal : Justice pour les personnes tuées lors de manifestations

Pour que cesse la répression et l’impunité, interpellez les autorités sénégalaises !