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Déclaration d'Amnesty International France suite à l'enquête sur le suicide de Gaëtan Mootoo

Le suicide de Gaëtan Mootoo, survenu dans la nuit du 25 au 26 mai 2018, nous a tous profondément choqués et attristés. Amnesty International France s’est immédiatement engagée à répondre, dans la dignité et la transparence, à l’ensemble des questions soulevées par ce drame.

Gaëtan était un chercheur historique d’Amnesty International, particulièrement investi dans sa mission de dénonciation des violations des droits humains en Afrique de l’Ouest qu’il menait depuis 32 ans pour le Secrétariat International, en étant basé à Paris.

À l’enquête conduite en France par une délégation d’enquête paritaire (DEP) du Comité Hygiène Sécurité et Conditions de Travail d’AIF, s’est ajoutée une autre enquête indépendante, menée par l’avocat James Laddie, Queen’s Counsel (QC) dont le rapport est rendu public aujourd’hui et disponible en français sur le site d’Amnesty International,  amnesty.org.  

Cette enquête a été demandée par le secrétaire général d’Amnesty International avec l’aval du Bureau exécutif international et en consultation avec Amnesty International France. Un groupe de supervision a été constitué, composé de trois directeurs de section : Kate Allen (directrice, AI Royaume-Uni), Seydi Gassama (directeur, AI Sénégal) et Manon Schick (directrice, AI Suisse).

Nous saluons le travail mené pour la production de ce rapport, et remercions James Laddie, ainsi que les membres du Groupe de supervision qui ont travaillé avec lui. Le rapport rend compte de façon équilibrée de la vie, du travail et de l’engagement de Gaëtan au sein d’Amnesty International, et permet de mieux identifier et comprendre certaines des raisons qui ont pu amener notre regretté collègue à commettre ce geste désespéré.

Amnesty International a connu des transformations profondes ces dernières années - décentralisation et mise en place de bureaux régionaux - afin de répondre aux enjeux auxquels notre mouvement mondial de défense des droits humains devait faire face. Cette évolution a eu un fort impact sur un grand nombre de salariés d’Amnesty International, en particulier ceux qui étaient engagés depuis longtemps au sein de l’organisation. Ce fut le cas de Gaëtan, qui a été profondément affecté par cette réorganisation. A la lecture du rapport, nous ne pouvons qu’en admettre les conclusions, et en tirer les enseignements qui s’imposent.

Il est de notre responsabilité de nous assurer qu’au sein de notre organisation, chaque personne puisse trouver une réponse appropriée à une souffrance au travail, exprimée ou non. Nous devons prêter attention aux signes de mal-être ou de détresse et nous soucier davantage les uns des autres.

Le rapport de la Délégation d’Enquête Paritaire (DEP), incluant un certain nombre de recommandations pour AIF et AI, a été présenté aux salariés, bénévoles et élus le 16 octobre. Ce même jour, la direction générale d’AIF a réaffirmé sans aucune réserve son engagement à les mettre en œuvre avec le CHSCT et en lien avec le Secrétariat International.

Nous allons donc créer une cellule de veille et d’écoute sur les Risques Psycho-sociaux (RPS) au sein d’AIF et réaliser un diagnostic détaillé de ces risques.

Le rapport de la DEP demandait plus généralement à AIF de renforcer sa capacité à encadrer et accompagner les personnes qui travaillent au sein de la section, (ou qui pourraient être hébergées dans ses murs, dans le cadre de collaboration avec le SI, ou d’autres sections).

Il s’agit notamment d’accompagner individuellement la gestion des carrières et des compétences, et réfléchir avec le SI à une stratégie de conduite et d’accompagnement au changement.

Cette recommandation fait en cela écho à une réflexion et des initiatives en cours sur l’évolution nécessaire de la fonction Ressources Humaines et de l’organisation du travail au sein d’AIF. Avec la mise en place d’un nouveau cadre organisationnel depuis janvier 2017, un plan de développement en cours qui nous conduira à avoir près de 100 salariés en CDI fin 2019, et 240 bénévoles dont une partie de la gestion a été intégrée au service RH en 2017, l’organisation fait face à de nouveaux besoins.

C’est pourquoi, en septembre 2018, le Conseil d’Administration d’AIF a validé le plan proposé par la directrice générale de créer un pôle spécifique pour les Ressources humaines, en complément des cinq autres pôles qui forment actuellement l’organigramme d’AIF. Cette nouvelle organisation et le recrutement début 2019 d’une personne à sa direction renforcera la place des ressources humaines au cœur du projet d’AIF, comme élément fondamental pour assurer sa mission sociale.

Nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec le nouveau Secrétaire général, Kumi Naidoo, et les équipes du Secrétariat International sur l’adaptation de nos stratégies individuelles et collectives pour conduire et accompagner le changement au sein de notre organisation.

L’œuvre de Gaëtan, son attachement et sa loyauté à Amnesty International doivent nous conduire à honorer son héritage : nous devons contribuer à construire un mouvement plus fort, plus respectueux de chaque personne qui s’y engage, afin de poursuivre dans les meilleures conditions notre mission de défense des droits humains et de ceux et celles qui les défendent.

En tant que présidente et directrice générale d’Amnesty International France, c’est notre engagement.

Cécile Coudriou, Présidente.

Sylvie Brigot-Vilain, Directrice générale.