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Manifestation de travailleurs en Egypte © Hossam el Hamalawy

Manifestation de travailleurs en Egypte © Hossam el Hamalawy

Responsabilité des entreprises

Égypte : des travailleurs et des syndicalistes réprimés

En Égypte, plusieurs dizaines de travailleurs et de syndicalistes ont été arrêtés, placés en détention, renvoyés de leur travail ou jugés par des tribunaux militaires pour avoir simplement exercé leur liberté d'expression, d'association et de réunion.

Face aux difficultés économiques croissantes, et confronté à une vague de grèves dans les secteurs public et privé, ainsi que dans l'industrie militaire, le gouvernement égyptien utilise des mesures disciplinaires et des sanctions pénales pour réprimer les travailleurs et les syndicalistes.

Une campagne punitive menée par les autorités

Revendiquer ses droits en tant que travailleur ou exprimer ses doléances ne doit pas être une infraction pénale, pourtant les autorités égyptiennes sanctionnent les travailleurs et les syndicalistes afin de les dissuader de se mobiliser ou de se mettre en grève, ou pour les punir de l’avoir fait.

De nombreux travailleurs ont été arrêtés pour avoir simplement participé à une grève ou à une manifestation pacifique. C’est le cas pour les 16 employés de la société Telecom Egypt travaillant au Caire et à Gizeh, qui ont été arrêtés fin avril 2017, pour avoir manifesté sans violence. Leur arrestation a déclenché des manifestations de soutien, à la suite desquelles ils ont été libérés.

Dans certains cas, des mesures disciplinaires, telles que des réductions de salaire, des périodes de suspension ou des licenciements, sont utilisées pour sanctionner les travailleurs. Au Centre hospitalier universitaire de Zagazig, géré par l'État, 12 infirmières ont été suspendues après avoir participé à une grève d'une semaine en février 2017, durant laquelle l'hôpital n'avait assuré que les services d'urgence.

Lire aussi : le gel des avoirs, un stratagème pour faire taire en Égypte

Une entreprise française de l’armement concernée

Les risques sont encore plus grands pour les employés des usines appartenant à l'armée, car ils peuvent faire l'objet de procès inéquitables devant des tribunaux militaires.

C’est ce qui est arrivé à 25 employés de l'entreprise militaire Alexandria Shipyard. En mai 2016, des centaines de travailleurs de l’entreprise égyptienne, détenue par le ministère de la Défense, ont organisé une manifestation pacifique. Ils exigeaient la mise en place de mesures de sécurité sur leur lieu de travail en raison d'une série d'incidents ayant causé de graves blessures, l'application des normes relatives au salaire minimum ainsi qu’une augmentation des primes annuelles.

Le 25 mai 2016, la police militaire a encerclé l'entreprise et a fermé ses portes. Le lendemain, 25 employés choisis au hasard étaient inculpés d’« incitation à la grève ». Si tous les employés ont été relâchés - certains d’entre eux à condition qu’ils démissionnent - le procès n’aura lieu que le 23 mai prochain. Les employés poursuivis risquent jusqu’à deux ans d’emprisonnement.

Il se trouve que l’entreprise Alexandria Shipyard est chargée de la construction de navires de guerre français. En effet en juillet 2014, le constructeur naval français DCNS a emporté un contrat pour la fourniture de quatre corvettes Gowind à la Marine égyptienne, pour un montant d’un miliard d’euros. Il est prévu que la construction de trois des quatre unités ait lieu en Égypte dans le cadre d’un transfert de technologies incluant, notamment, la documentation technique nécessaire à la construction, les matériels nécessaires à la construction, la formation de personnel du chantier, l'assistance technique et la supervision de DCNS lors de la construction. Le 15 avril 2016 l’entreprise égyptienne Alexandria Shipyard lançait la construction de la première corvette Gowind, en présence de hauts représentants de la marine égyptienne et des équipes de supervision et d’assistance technique du groupe DCNS.

En 2014, DCNS a adhéré au Pacte mondial des Nations unies « affirmant ainsi son appartenance à une communauté mondiale d’entreprises attachées au respect des droits de l’homme, des normes du travail, à la protection de l’environnement ainsi qu’à la promotion des principes anticorruption communs. ». Le Pacte mondial est une initiative visant à demander aux entreprises du monde entier à adopter une attitude socialement responsable en s'engageant, notamment, à intégrer et à promouvoir plusieurs principes relatifs aux humains.

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