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Réfugiées

le combat pour leurs droits

Visite au camp d'Elliniko en Grèce le 21 mai 2017. Entretien avec des femmes à l'extérieur du camp © Lene Christensen/Amnesty International

En Grèce, des femmes ayant fui la guerre et les conflits s’unissent pour lutter contre les terribles atteintes aux droits humains, notamment les violences sexuelles, et réclamer une vie meilleure en Europe.

Dans une nouvelle enquête, nous retraçons les périlleux voyages entrepris par des femmes et des jeunes filles. Nous évoquons également les terribles conditions et dangers auxquels elles sont confrontées lorsqu'elles parviennent enfin sur les îles grecques ou sur le continent.

Cette enquête met en lumière la formidable résilience et la force dont font preuve ces femmes face à l'adversité.

Le calvaire des réfugiés

Pour des personnes fuyant la guerre et les persécutions, atteindre les côtes européennes est loin de signifier la fin de leur calvaire. En raison de l'accord migratoire conclu entre l’UE et la Turquie en mars 2016, ceux qui arrivent sur les îles grecques se retrouvent bloqués dans des conditions déplorables, dans des camps sordides financés par l'UE.

Lire aussi : L'accord UE - Turquie : une politique de souffrance

La majorité des réfugiés et des migrants arrivant en Grèce sont aujourd'hui des femmes et des enfants, représentant un peu plus de 60 % des personnes qui sont arrivées cette année.

La surpopulation atteint un point critique, avec près de 15 500 personnes réparties dans cinq camps sur les îles, conçus pour en accueillir environ 6 400.

Des milliers de personnes, dont beaucoup ont des besoins spécifiques comme celles qui souffrent de handicaps et les bébés, dorment sous des tentes autour des principaux camps. Le manque d'installations sanitaires et d'eau potable, les flux d'eaux usées et les infestations de souris et de rats sont indissociables de la vie dans ces camps.

Lire aussi : Grèce : les réfugiés vivent dans dans la misère

Sur le continent grec, environ 45 500 réfugiés et migrants vivent dans des logements provisoires, dans des zones urbaines ou dans des camps. Les conditions demeurent déplorables et cette année, trois camps qui avaient été fermés pour des raisons d’insalubrité ont été rouverts pour pallier la pénurie de logement, sans amélioration notable des conditions.

À Athènes, terminal de l'aéroport, les migrants attendent d'être évacués ou déplacés © Lene Christensen/Amnesty International

On se sent totalement oubliées. Certaines d'entre nous vivent dans le camp depuis deux ans et rien ne change...

Une femme yézidie originaire d'Irak installée à Skaramagas, près d'Athènes

Les femmes en première ligne

Si tous les réfugiés et les migrants font les frais de ces conditions, les femmes et les jeunes filles subissent des conséquences spécifiques. Sur la route, elles sont particulièrement exposées aux actes de harcèlement physique, verbal et sexuel aux mains des passeurs.

Lorsque les gouvernements européens ont fermé les portes aux réfugiés, en tant que femmes, nous étions encore plus exposées aux violations des droits humains commises par les passeurs. Vous ne pouvez demander de l'aide ni à la police ni à personne d’autre, parce que vous êtes " illégale ". Les passeurs en profitent.

Une réfugiée syrienne

Plusieurs femmes enceintes nous ont raconté qu'elles doivent dormir par terre et n'ont pas accès ou presque aux soins prénatals. Le mois dernier, une femme aurait accouché sous une tente, sans aucune assistance médicale.

Pas de verrous, pas de lumière

En raison de l'absence de verrous sur les portes des douches et du faible éclairage, les activités du quotidien comme aller aux toilettes, prendre une douche ou simplement marcher la nuit, deviennent particulièrement dangereuses pour les femmes et les filles.

Il n'y a pas de verrous sur la porte de la douche. Des hommes entrent pendant que nous sommes à l'intérieur. Il n'y a pas d’éclairage dans les toilettes. La nuit, parfois je vais aux toilettes avec ma sœur ou j'urine dans un seau.

Une femme qui vit dans le camp de Vathy, sur l'île de Samos.

En outre, qu'elles vivent dans des camps ou dans des appartements en zone urbaine, le manque d'informations adaptées et de femmes interprètes sont des obstacles majeurs pour accéder à des services essentiels, ou même dénoncer les sévices qu’elles ont subis.

Une tente de femmes réfugiées dans le camp Vathi en Grèce © Yara Boff Tonella

Azadeh, une femme qui a survécu à la violence sexuelle témoigne : « Lors du deuxième interview, j’ai dû parler de l’abus que j’ai subi en Iran et l’agression sexuelle dont j’ai été victime en Grèce en présence d’un interprète grec. Il ne me prenait pas au sérieux. Il s’est moqué de moi. »

Lire aussi : Dix revendications de femmes déracinées

La solidarité fait la différence

Cependant, malgré ces difficultés gigantesques, les femmes réfugiées en Grèce s'efforcent de faire évoluer leur situation. Elles joignent leurs forces pour mettre en place des initiatives qui vont changer leur vie.

Elles ont mis en place des espaces sûrs dans les zones urbaines où les femmes et les jeunes filles se rassemblent et peuvent accéder à des services, reconstruire des réseaux de soutien et acquérir les connaissances et les compétences requises pour créer une vie meilleure pour elles-mêmes et leurs familles.

Mélissa est un réseau d'entraides pour les femmes réfugiées © Lene Christensen/Amnesty International

« Les femmes ont des droits. Je veux décider de mon avenir. Le plus important est que nous parvenions à cet objectif et que les hommes le comprennent aussi. » déclare Soraya, qui, il y a quelques années, ne voulait pas être prise en photo. Aujourd’hui, elle regarde directement l’objectif de l’appareil photo et sa voix est déterminée. « En tant que femmes, nous devons nous battre pour nos droits ; pour nous et pour nos enfants », ajoute elle.

Lire aussi : Grèce, dix revendications de femmes déracinées

La situation sur les îles atteignant un point critique, des femmes demandent aux autorités grecques de cesser de bloquer les migrants sur les îles.

Il faut améliorer les conditions d'accueil sur le continent et les gouvernements européens doivent offrir sans attendre aux femmes réfugiées le soutien et la protection auxquels elles ont droit et l’accueil qu'elles méritent.

Les réfugiés ont besoin de protection. Si le gouvernement grec ne peut pas s’occuper de nous, laissez-nous partir. Ne nous gardez pas ici.

Yvette, une camerounaise

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