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Personnes réfugiées et migrantes

Patricia : renvoyée vers les persécutions

Patricia*, transgenre de 32 ans © Amnesty International/Encarni Pindado

Patricia* est une Salvadorienne, elle est transgenre. Persécutée par des bandes criminelles et par la police dans son pays, elle fui vers le Mexique. Elle nous raconte son périple

> A l’occasion de la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, nous publions les témoignages de femmes réfugiées. Retrouvez les témoignages d’Ada, de Diana et de Maryam.

J’ai 32 ans. Je me suis toujours consacrée à mon commerce, je vends du soda. J'ai toujours travaillé dur mais je ne pouvais pas vivre en paix car, au Salvador, les commerçants comme moi étaient victimes d'extorsion par des bandes criminelles, auxquelles ils devaient verser un « loyer ». Des policiers m'ont suivie, m'ont extorqué de l'argent, et m'ont harcelée et frappée. Ils disaient qu'ils ne m'aimaient pas à cause de « ce que je suis ». J'ai aussi été menacée par des bandes criminelles – chaque mois ils me demandaient un « loyer », mais je n'avais pas les moyens de le payer entièrement. Je pense que j'ai été menacée par discrimination ou homophobie, à cause de mon identité.

J'ai bien songé à aller voir les autorités, mais j'ai réalisé que c'était les mêmes personnes que celles qui me harcelaient.

Je suis allée porter plainte deux fois auprès des services du procureur chargé de la défense des droits humains, mais cela n'a rien donné. J'ai décidé de quitter le pays. Je me sentais piégée. Ne connaissant personne qui avait migré, je suis partie seule, sans rien savoir et sans aucune idée de ce qui pouvait m'arriver. J'ai pris la route en septembre 2015.

Signer la pétition : la France doit faire le choix de l'accueil

Arrivée à la frontière, j'ai été victime d'une agression et d'un vol. Je me suis arrêtée à Tapachula, où je suis allée demander de l'aide à la COMAR [la Commission mexicaine d'aide aux réfugiés], mais ils m'ont refusé le statut de réfugiée. Ils ont dit que c'était parce que j'avais fait de la prison. J'ai été condamnée pour une infraction liée aux stupéfiants, mais c'était il y a 12 ans. J'ai passé cinq ans en prison et c'était dur. À l'époque, j'étais détenue dans un quartier réservé aux personnes transgenres, où nous subissions une forte discrimination. Les gardiens en profitaient. Ils me traitaient comme si j'étais un homme et m'appelaient toujours par un prénom masculin.

Les autorités mexicaines m'ont donné 15 jours pour quitter le pays, alors je suis partie de Tapachula vers une autre région du Mexique.

C'était très risqué et, sur le trajet, j'ai de nouveau été frappée et victime de vol.

J'ai cherché un autre moyen de régulariser ma situation mais je n'ai pas trouvé. Finalement, j'ai été arrêtée à la douane de Tijuana en mars 2016. J'ai été détenue à Oaxaca, puis à Tapachula, pendant plusieurs semaines. À Tapachula, les conditions de vie étaient affreuses. J'étais détenue dans un quartier réservé aux familles, où ils mettent les parents et leurs enfants. Je ne recevais pas la même nourriture que mes codétenus, et ils étaient traités bien mieux que moi.

Ensuite, j'ai été renvoyée au Salvador. Ils m'ont mis dans bus qui a traversé le Guatemala. L'employée des services de l'immigration m'a demandé pourquoi j'étais partie, je lui ai dit que c'était à cause de la situation ici, mais elle n'a pas posé d'autres questions. Aujourd'hui, c'est toujours la même incertitude. J'ai peur d'être de nouveau agressée, alors j'ai décidé que ce serait mieux de partir une nouvelle fois. J'ai peur mais parfois cela me semble plus sûr que de rester dans mon pays. C'est devenu impossible de vivre dans ce pays, je me sens tout le temps en danger.

Patricia*, réfugiée salvadorienne

Les personnes LGBTI : discriminées et maltraitées dans l’impunité

En Amérique centrale, les femmes, les filles et les personnes LGBTI sont exposées à un risque élevé de violences liées au genre dans leur pays d'origine et dans les pays qu'elles traversent.

Les personnes LGBTI sont souvent victimes d'atteintes aux droits humains, de manœuvres d'intimidation et d'autres violences en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Elles obtiennent rarement justice et sont souvent ignorées, rabaissées ou traitées de façon inéquitable par les responsables de l'application des lois.

Les femmes transgenres, particulièrement méprisées en raison du caractère patriarcal des normes sociales , sont d'autant plus la cible des violences et des manœuvres d'extorsion des bandes criminelles qu'elles ont davantage de difficultés à accéder à la justice du fait de la discrimination dont elles sont victimes. Chaque pays doit permettre aux réfugiés d’y trouver un lieu sûr. L’établissement de routes légales et sûres peut permettre à des personnes d’éviter des routes dangereuses et de se rendre dans un pays qui peut réellement les protéger sans mettre leur vie en danger.

* les noms ont été changés