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Tanzanie. Il faut mettre un terme à la brutale opération de sécurité à Loliondo

Les autorités tanzaniennes doivent immédiatement faire cesser l’expulsion forcée violente de la communauté autochtone masaïe à Loliondo, et ouvrir de toute urgence une enquête sur les opérations de sécurité répressives ayant fait des dizaines de blessés, causé de nombreuses disparitions et entraîné la mort d’un policier, a déclaré Amnesty International mercredi 15 juin.

Cette expulsion forcée illégale est choquante tant par son ampleur que par sa brutalité. Les autorités tanzaniennes n’auraient jamais dû attribuer ces terrains à une entreprise privée sans consulter au préalable la population masaïe locale, dont les moyens de subsistance sont fortement liés à leurs terres ancestrales

Deprose Muchena, directeur pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International

L’organisation demande aux autorités tanzaniennes de mettre immédiatement fin à cette opération de sécurité, et de suspendre tous les projets d’acquisition de terres jusqu’à ce que la population donne son consentement préalable, libre et éclairé, au terme de véritables consultations.

Plus de 70 000 autochtones masaïs risquent d’être déplacés de leurs pâturages ancestraux, l’objectif étant de faire place à un projet touristique. Quand les forces tanzaniennes de sécurité ont entamé le processus de délimitation le 9 juin, des membres de la communauté ont commencé à protester en enlevant les balises installées par les forces de sécurité. Selon les médias, les représentants de l’État ont employé une force excessive contre les manifestant·e·s, et au cours des deux journées suivantes, des dizaines de personnes ont été blessées, notamment par balles.

« Cette expulsion forcée illégale est choquante tant par son ampleur que par sa brutalité. Les autorités tanzaniennes n’auraient jamais dû attribuer ces terrains à une entreprise privée sans consulter au préalable la population masaïe locale, dont les moyens de subsistance sont fortement liés à leurs terres ancestrales. Si la confiscation de ces terres continue, les moyens de subsistance et le mode de vie de la population masaïe locale seront menacés », a déclaré Deprose Muchena, directeur pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International.

« Les autorités doivent suspendre le travail de délimitation et l’opération de sécurité en cours à Loliondo, et ouvrir de véritables consultations avec la population. Elles doivent faire en sorte que toutes les personnes concernées se voient proposer des voies de recours suffisantes, et enquêter sur les violences déplorables ayant eu lieu ces derniers jours. »

Loliondo est une division du district de Ngorongoro, dans le nord de la Tanzanie (région d’Arusha). Ce territoire est limitrophe du parc national du Serengeti à l’ouest, de la zone de conservation de Ngorongoro au sud, et du Kenya au nord.

En 1992, le gouvernement tanzanien a loué l’intégralité de la division de Loliondo à une entreprise des Émirats arabes unis comme terrain de chasse.

Les récentes opérations des forces de sécurité constituent la quatrième tentative d’expulser la population masaïe autochtone, qui vit de l’élevage de troupeaux sur ses pâturages. Le litige dure depuis plus de dix ans. Les forces de sécurité ont précédemment été déployées en 2009, 2013 et 2017, quand elles ont expulsé des habitant·e·s de quatre villages : Ololosokwan, Oloirien, Kirtalo et Arash.

Le 25 septembre 2018, la Cour de justice de l’Afrique de l’Est a émis plusieurs ordres contenant des consignes explicites pour que l’État suspende l’expulsion de la population masaïe locale, le temps qu’une plainte déposée par cette communauté contre l’État soit examinée. Le tribunal doit rendre sa décision le 22 juin 2022, soit deux semaines après le début de cet exercice.

Tirs et gaz lacrymogène

Le 9 juin, des soldats tanzaniens ont commencé à employer la force afin de disperser des membres de la communauté, qui s’étaient rassemblés afin de protester contre l’exercice de délimitation en retirant les balises placées par les services de sécurité, celles-ci marquant les limites des 1 500 kilomètres carrés de terrains auxquels les masaïs prétendent.

Selon deux témoins, les forces de sécurité ont commencé à tirer à balles réelles sur les manifestant·e·s et ont également utilisé du gaz lacrymogène, blessant 30 personnes. La plupart des personnes ayant été grièvement blessées ont franchi la frontière avec le Kenya afin de se faire soigner, mais des milliers d’entre elles ont besoin en urgence de soins et de nourriture.

Détentions illégales

Depuis le 9 juin, des dizaines de personnes ont été placées en détention sans avoir été inculpées. Elles incluent neuf conseillers municipaux, un avocat représentant la communauté, et le président du parti Chama Cha Mapinduzi, au pouvoir dans le district, qui sont tous incarcérés dans des lieux inconnus.

Les autorités doivent suspendre le travail de délimitation et l’opération de sécurité en cours à Loliondo, et ouvrir de véritables consultations avec la population. Elles doivent faire en sorte que toutes les personnes concernées se voient proposer des voies de recours suffisantes, et enquêter sur les violences déplorables ayant eu lieu ces derniers jours

Deprose Muchena

Selon un avocat représentant des membres de la communauté, la police a nié que ces détenus se trouvaient sous leur responsabilité lorsque leurs proches sont venus les chercher, bien que des témoins aient assisté à leur arrestation.

Des dizaines d’autres personnes se trouveraient en garde à vue au poste de police de Loliondo, où on les prive d’assistance juridique et d’accès à leur famille. Beaucoup d’autres personnes issues de la communauté masaïe manqueraient aussi à l’appel, tandis que de nombreuses autres ont fui vers la forêt voisine par crainte de représailles policières.

« Les autorités tanzaniennes doivent diligenter dans les meilleurs délais des enquêtes efficaces et indépendantes sur cette campagne de violations présumées des droits humains, notamment sur des homicides, ainsi que des arrestations et détentions arbitraires survenus durant ce processus d’acquisition de terres », a déclaré Deprose Muchena.

« Les responsables présumés doivent être traduits en justice dans le cadre de procès équitables. »

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