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Mozambique. Des civils sont victimes des crimes de guerre imputables à un groupe armé, aux forces gouvernementales et à une société militaire privée Nouveau rapport

  • Des centaines de personnes tuées alors que le conflit continue de faire rage dans la province de Cabo Delgado
  • Des attaques menées sans discrimination par Dyck Advisory Group
  • Plus de 500 000 civil·e·s déplacés à ce jour

Des centaines de civil·e·s au Mozambique ont été victimes d’homicides illégaux perpétrés par le groupe armé connu localement sous le nom d’Al Shabaab, les forces de sécurité gouvernementales et une société militaire privée embauchée par le gouvernement, écrit Amnesty International le 2 mars 2021 dans un nouveau rapport sur le conflit qui fait rage au Cabo Delgado.

Ce rapport, intitulé ‘What I Saw Is Death’: War Crimes in Mozambique’s Forgotten Cape, recense les graves violations du droit international humanitaire commises par toutes les parties, qui se traduisent par des morts innombrables, des destructions à grande échelle et une crise humanitaire ayant amené plus de 500 000 personnes à fuir.

Il expose également des faits de violence contre des civils imputables à Al Shabaab, des exécutions extrajudiciaires et des violations des droits humains perpétrées par les forces de sécurité gouvernementales, et des attaques menées sans discernement par Dyck Advisory Group, une société militaire privée sud-africaine.

« La population du Cabo Delgado est prise au piège entre les forces de sécurité mozambicaines, la milice privée qui combat aux côtés du gouvernement et le groupe armé d’opposition appelé localement Al Shabaab – aucun ne respectant le droit à la vie des habitant·e·s ni les lois de la guerre, a déclaré Deprose Muchena, directeur d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe.

« Tous trois commettent des crimes de guerre, causant la mort de centaines de civils. La communauté internationale ne prend pas les mesures nécessaires face à cette crise, qui a dégénéré en un conflit armé de grande ampleur depuis trois ans.

« Nous demandons à toutes les parties au conflit de cesser immédiatement de s’en prendre aux civils et invitons le gouvernement du Mozambique à enquêter sans attendre sur les crimes de guerre constatés. »

Fondé sur des entretiens menés avec 79 personnes déplacées à l’intérieur du pays issues de 15 communautés, ce rapport s’attache principalement aux conséquences de la recrudescence des combats au Cabo Delgado depuis l’attaque majeure menée par Al Shabaab dans le district de Mocímboa da Praia, en mars 2020.

Amnesty International a examiné des images satellite, des photographies et des éléments médicaux et balistiques. Le Laboratoire de preuves du programme Réaction aux crises a mené à bien une enquête open source à partir de contenus disponibles sur les réseaux sociaux. Amnesty International a aussi interrogé des analystes d’organisations internationales, des journalistes, des travailleurs humanitaires et des observateurs locaux des droits humains.

Atrocités commises par Al Shabaab

Dans le cadre de plusieurs attaques étudiées par Amnesty International, les combattants d’Al Shabaab (qui ne sont pas liés à Al Shabaab en Somalie) ont délibérément tué des civils, incendié des villages et des villes, et se sont livrés à des actes odieux à coups de machettes, y compris de nombreuses décapitations et profanations de cadavres.

Fin mars 2020, Al Shabaab a attaqué la ville de Quissanga. Amnesty International s’est entretenue avec 16 anciens habitants qui ont été témoins de combats et d’homicides sommaires, de passages à tabac, d’enlèvements, d’incendies et de pillages dans les semaines qui ont suivi.

Au cours de cette attaque, plusieurs adolescent·e·s ont été kidnappés. Un homme a raconté à Amnesty International : « Ils emmènent les filles et les garçons… Certains les prennent pour les décapiter. D’autres emmènent les filles pour en faire des " épouses " et travailler à la base. Les garçons deviennent des soldats. »

De nombreuses filles et jeunes femmes déplacées ont expliqué qu’elles ont fui précisément à cause de la menace d’enlèvement, de détention, de viol et de mariage forcé avec des combattants d’Al Shabaab.

Une femme interrogée était enceinte de sept mois lorsqu’elle s’est fait tirer dessus lors d’une attaque contre un bus dans le village de Nguida, le 23 juillet 2020. Les combattants ont ordonné à tout le monde de descendre du bus pour les exécuter. Ils l’ont laissée se vider de son sang, mais elle a survécu et a accouché deux mois plus tard. Son mari a été assassiné au cours de cette attaque.

Violences imputables aux forces gouvernementales

Les forces gouvernementales ont aussi mené des attaques brutales contre des civils accusés de collaborer avec Al Shabaab ou de le soutenir. L’armée et la police ont commis des exécutions extrajudiciaires et des actes de torture et des mauvais traitements, et mutilé des corps.

Trois jours après l’attaque initiale contre Quissanga, les forces de sécurité gouvernementales ont capturé des civils soupçonnés d’être favorables à Al Shabaab. Après leur avoir bandé les yeux, elles ont abattu plusieurs hommes et ont abandonné leurs cadavres dans un charnier.

Le mois suivant, des membres des forces de sécurité gouvernementales ont emmené des femmes pour les violer dans la base qu’ils avaient installée non loin de là, où ils ont aussi détenu, frappé et exécuté sommairement des hommes. Une femme a déclaré à Amnesty International : « Des gens ont disparu. Ils ont tous été emmenés vers le trou pour être abattus. Ils viennent avec une liste de noms et demandent si nous les connaissons. Et nous n’avons pas menti, par peur qu’ils nous emmènent aussi. »

Le Laboratoire de preuves d’Amnesty International a analysé et authentifié une vidéo partagée sur les réseaux sociaux qui montre l’exécution extrajudiciaire d’une femme nue, qui tentait de fuir la ville d’Awasse. Cette femme non identifiée a été abordée par des hommes appartenant, semble-t-il, aux Forces de défense du Mozambique (FADM). Après l’avoir rouée de coups au moyen d’un bâton en bois, ils l’ont abattue et ont abandonné son corps nu sur la voie rapide. Quatre hommes différents ont tiré au total 36 balles provenant de divers fusils de type Kalachnikov et d’une mitrailleuse PKM.

Amnesty International avait déjà révélé des éléments attestant de tentatives de décapitation, d’actes de torture et de mauvais traitements infligés à des prisonniers, de démembrements de combattants présumés d'Al Shabaab, de possibles exécutions extrajudiciaires et du fait que de nombreux cadavres ont été transportés et abandonnés dans des charniers.

Les forces gouvernementales mozambicaines ne se montrent pas à la hauteur de leur obligation de protéger la population civile contre les attaques, les homicides, les enlèvements et autres exactions imputables à Al Shabaab.

Dyck Advisory Group

Les forces de sécurité ayant perdu plusieurs affrontements avec Al Shabaab, le gouvernement a embauché une société militaire privée sud-africaine, Dyck Advisory Group (DAG), pour combattre à leurs côtés avec des hélicoptères d’attaque.

D’après 53 témoins qui se sont entretenus avec Amnesty International, des agents du Dyck Advisory Group ont tiré à coups de mitrailleuses depuis des hélicoptères et largué des grenades à main sans discernement sur les foules, et ont tiré à maintes reprises sur des infrastructures civiles, dont des hôpitaux, des écoles et des habitations.

Une femme, témoin des combats dans le district de Mocímboa da Praia fin juin 2020, a déclaré : « Deux hélicoptères sont arrivés, l’un des deux tirant et larguant des bombes. Un groupe [de civils] qui courait a levé les mains en l’air et ne s’est pas fait tirer dessus. Mais un autre groupe qui se trouvait avec les bandits n’a pas levé les mains en l’air et a essuyé des tirs. Il y a eu beaucoup de morts. »

Lors d’une attaque contre la ville de Mocímboa en juin 2020, des hélicoptères de Dyck Advisory Group ont détruit un hôpital alors qu’ils visaient des combattants d’Al Shabaab qui se cachaient à l’intérieur du bâtiment.

Une femme, bloquée pendant six jours chez elle, non loin de l’hôpital, a raconté : « Les hélicoptères tiraient sur tout et tout le monde. Pour eux, il n’était plus possible de savoir qui était qui. La plupart des terroristes se trouvaient à l’hôpital, pensant que les hélicoptères ne pourraient pas attaquer. Mais lorsqu’ils l’ont compris, ils ont décidé de bombarder l’hôpital, c’est comme ça qu’il a été complètement détruit. »

« Le témoignage que nous avons recueilli révèle des attaques répétées et impitoyables menées par les agents de Dyck Advisory Group, a déclaré Deprose Muchena.

« En tirant sans discernement sur les foules, en attaquant des infrastructures civiles et en n’opérant pas de distinction entre cibles militaires et civiles, ils ont clairement violé le droit international humanitaire. Ils doivent désormais rendre compte de leurs actes. »

Le conflit au Cabo Delgado

La province de Cabo Delgado souffre de négligence et de sous-investissement depuis des décennies, un problème aggravé par les catastrophes naturelles et la propagation du COVID-19 dans la région, pourtant riche en gaz naturel liquide, rubis, graphite et bois. De grandes entreprises internationales rivalisent d’ailleurs pour avoir accès à cette région. Les combats se sont intensifiés depuis qu’Al Shabaab a attaqué la ville portuaire de Mocímboa da Praia, dans le nord du pays, en octobre 2017.

Selon l’Armed Conflict Location and Event Data Project (Base de données sur le lieu et le déroulement des conflits armés – ACLED), plus de 1 300 civils ont été tués durant le conflit. L’ONU estime que plus de 530 000 personnes sont déplacées au Cabo Delgado, soit un quart de la population totale de la province. D’après l’UNICEF, environ 250 000 de ces personnes déplacées sont des enfants.

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