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Liban. Les autorités doivent lever l’immunité des hauts responsables convoqués pour l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth

Les manifestations organisées par les familles de victimes de l’explosion terriblement meurtrière du port de Beyrouth montrent clairement que justice n’a toujours pas été rendue, a déclaré Amnesty International le 14 juillet. Les autorités libanaises n’ont amené personne à rendre des comptes pour l’explosion d’août 2020, qui a fait 217 morts et causé le déplacement forcé de plus de 300 000 personnes, des dizaines de milliers de logements ayant été gravement endommagés. Elles ont aussi de fait entravé le cours de la justice en voulant soustraire à la justice plusieurs hauts responsables. 

Le 13 juillet, de nombreux manifestant·e·s ont rejoint les proches de certaines des victimes dans le cadre de rassemblements organisés devant la résidence du ministre de l'Intérieur, Mohammed Fehmi, qui a rejeté la demande du juge d'instruction en charge de l'enquête, Tarek Bitar, qui voulait interroger Abbas Ibrahim, l’un des plus puissants généraux libanais, au sujet de son rôle dans cette tragédie. Les forces de sécurité ont réagi en recourant à une force excessive, utilisant des gaz lacrymogènes et des matraques, et plusieurs personnes ont de ce fait été blessées.

« Les familles qui ont demandé justice hier à Beyrouth en transportant des cercueils blancs et des photos de leurs proches décédés, ont été dispersées au moyen de gaz lacrymogènes. Cela illustre la douleur des familles face à l’attitude des autorités, qui ne font pas le nécessaire pour qu’une enquête impartiale et efficace puisse être menée, a déclaré Lynn Maalouf, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International. 

« Ce que demandent les manifestant·e·s est très simple : laisser la justice suivre son cours. Nous soutenons ces familles qui demandent aux autorités libanaises de lever immédiatement toutes les immunités accordées à des représentants des autorités, quels que soient leur rôle ou leur poste. L’absence d’une telle mesure constitue une entrave à la justice et viole les droits des victimes et des familles à la vérité, à la justice et à réparation. »

En juillet 2021, le juge d’instruction Tarek Bitar a demandé la permission d’interroger, au sujet de l’explosion, des parlementaires et des responsables hauts placés des services de sécurité, notamment le député et ancien ministre des Finances Ali Hasan Khalil, le député et ancien ministre des Travaux publics Ghazi Zeaiter, le député et ancien ministre de l’Intérieur Nouhad Machnouk, le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, et le directeur général de la Sécurité de l'État, le général Tony Saliba. 

Le 2 juillet, le ministre libanais de l'Intérieur, Mohamed Fehmi, a déclaré sur la chaîne de télévision LBCI qu’il allait autoriser le juge Tarek Bitar à engager des poursuites contre Abbas Ibrahim, mais il est par la suite revenu sur ses déclarations et a rejeté la demande du juge. Depuis, les familles de victimes manifestent chaque semaine pour réclamer une enquête impartiale et efficace.   

La Croix-Rouge libanaise a déclaré avoir envoyé quatre équipes devant la résidence de Mohammed Fehmi hier soir pour soigner sur place les manifestant·e·s blessés et pour transporter les personnes plus grièvement blessées à l’hôpital, mais elle n’a pas communiqué le nombre total de manifestant·e·s blessés. Dans une déclaration rendue publique hier soir, les Forces de sécurité intérieure ont indiqué que 20 policiers ont été blessés à cause de bris de verre ou parce qu’ils ont été attaqués par des manifestant·e·s. 

« Amnesty International soutient les victimes de l’explosion du port de Beyrouth dans leur combat pour la justice. Depuis la fin du conflit, le pays est marqué par une impunité solidement ancrée qui touche tous les aspects de la vie des personnes au Liban, a déclaré Lynn Maalouf. 

« Il est absolument essentiel qu’une enquête véritablement impartiale et indépendante soit menée sur l’explosion du port de Beyrouth, afin de bâtir un avenir meilleur pour le Liban, où les droits humains seront protégés et où la justice prévaudra. »

Complément d'information

Le 4 août 2020, l’une des plus fortes explosions non nucléaires que le monde ait connues a anéanti le port de Beyrouth et endommagé plus de la moitié de la ville. L’explosion a tué 217 personnes et en a blessé 7 000, et 150 de ces personnes souffrent à présent d’un handicap physique. Cette explosion a également causé des préjudices psychologiques indicibles, et endommagé 77 000 appartements, ce qui a entraîné le déplacement forcé de plus de 300 000 habitant·e·s. Au moins trois enfants âgés de deux à 15 ans ont perdu la vie. 

En juin, Amnesty International a écrit au Conseil des droits de l'homme de l’ONU avec une coalition de plus de 50 organisations libanaises et internationales, pour demander la création d’une mission d’enquête internationale – telle qu’une mission d'établissement des faits pour une année – sur l’explosion du port de Beyrouth, en raison d’un ensemble d’anomalies procédurales et systémiques qui empêchent le Liban de respecter ses obligations internationales, aux termes desquelles le pays est tenu d’apporter réparation aux victimes. Il s’agit notamment d’ingérences politiques flagrantes, du non-respect des normes relatives à l’équité des procès, de violations des règles de procédure et d’une immunité accordée à des personnalités politiques haut placées. 

En effet, l’article 40 de la Constitution libanaise est rédigé en ces termes : « Aucun membre de la Chambre ne peut, pendant la durée de la session, être poursuivi ni arrêté pour infraction à la loi pénale qu'avec l'autorisation de la Chambre sauf le cas de flagrant délit. ».  

Or, cela va directement à l’encontre des obligations qui incombent au Liban au titre du Protocole de Minnesota de l’ONU de 2016, qui entend « protéger le droit à la vie et défendre la justice, le principe de responsabilité ainsi que le droit à un recours et à une réparation ». Le Protocole s’applique aux cas où « [u]n homicide a été commis du fait que l’État a potentiellement manqué à ses obligations de respecter la vie », et précise que « [l]’impunité qui découle, par exemple, de délais de prescription excessivement courts ou d’amnisties générales (impunité de jure), ou du fait de ne pas traduire en justice l’auteur d’une violation ou d’une ingérence politique (impunité de facto) s’inscrit en faux avec ce devoir ». 

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