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Amériques. La défense des droits humains sous le feu des attaques dans une région durement touchée par la pandémie

Au lieu de tenter de remédier aux profondes inégalités socioéconomiques afin de favoriser un redressement équitable de la situation à la suite de la pandémie de COVID-19, les États des Amériques ont attaqué de façon incessante la défense des droits humains, prenant pour cibles des manifestant·e·s pacifiques, des journalistes, des défenseur·e·s des droits humains et des organisations de la société civile afin de réduire au silence ou d’éliminer toute opposition, a déclaré Amnesty International mardi 29 mars 2022 à l’occasion de la publication de son rapport annuel. La région reste la plus meurtrière au monde pour les défenseur·e·s des droits humains et de l’environnement, dont au moins 20 ont été tués durant le seul mois de janvier 2022, venant s’ajouter aux dizaines d’autres ayant perdu la vie en 2021 au Brésil, en Colombie, au Guatemala, en Haïti, au Honduras, au Mexique, au Pérou et au Venezuela.

Le Rapport 2021/22 d’Amnesty International sur la situation des droits humains dans le monde montre que, après deux ans de pandémie, les Amériques restent la région qui compte le nombre le plus élevé de morts du COVID-19, en grande partie à cause d’un accès limité et inégal aux soins médicaux, du manque de financement des systèmes de santé publique et de l’insuffisance des politiques et des mesures de protection sociale pour les populations marginalisées. L’impunité pour les graves violations des droits humains et crimes de droit international reste une source d’inquiétude considérable dans plus de la moitié des pays de la région, sur fonds d’attaques croissantes contre l’indépendance de la justice.

« Il est honteux et inadmissible que, au lieu de s’attaquer aux injustices et aux profondes inégalités qui frappent la région des Amériques depuis des générations et qui ont exacerbé les effets de la pandémie, de nombreux gouvernements aient cherché à réduire au silence et à réprimer des personnes qui manifestaient pacifiquement et faisaient entendre leur voix pour réclamer un monde plus sûr, plus juste et plus bienveillant », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice d’Amnesty International pour les Amériques.

La région a atteint le deuxième plus haut taux mondial de vaccination par habitant·e·s. En tête figurent Cuba et le Chili, qui ont vacciné plus de 90 % de leur population, mais des inégalités régionales d’accès au vaccin ont compromis la protection dans certains pays, comme Haïti, où moins de 2 % de la population avait été vaccinée au 10 mars 2022. Dans le même temps, les pays riches, comme le Canada et les États-Unis, ont accumulé plus de doses que nécessaire, tout en fermant les yeux lorsque les grands groupes pharmaceutiques ont fait passer les profits avant les personnes en refusant de partager leurs technologies pour élargir la distribution des vaccins.

« Beaucoup d’États des Amériques ont fait des progrès encourageants en matière de vaccination de leur population, mais ils doivent en faire bien davantage pour garantir l’égalité et l’universalité d’accès aux vaccins dans tous les pays et pour remédier aux conséquences socioéconomiques de la pandémie, qui a touché de manière disproportionnée celles et ceux qui étaient déjà en butte à des formes multiples et croisées de discrimination et de marginalisation, comme les femmes, les peuples autochtones et les personnes d’origine africaine », a déclaré Erika Guevara-Rosas.

Déjà avant la pandémie, les Amériques étaient la région présentant les niveaux d’inégalités de revenu les plus élevés. La reprise économique inégale survenue sur le continent en 2021 a eu peu d’effets sur les conséquences de plusieurs décennies d’inégalités structurelles et n’a pas suffi à compenser le ralentissement économique de 2020, année marquée par un chômage record, une baisse des revenus et une augmentation de la pauvreté. La situation a entraîné l’aggravation d’urgences humanitaires préexistantes dans des pays comme Haïti et le Venezuela, où des millions de personnes n’ont toujours pas accès à de la nourriture en quantité suffisante ni à des soins médicaux appropriés.

Il est honteux et inadmissible que, au lieu de s’attaquer aux injustices et aux profondes inégalités qui frappent la région des Amériques depuis des générations et qui ont exacerbé les effets de la pandémie, de nombreux gouvernements aient cherché à réduire au silence et à réprimer des personnes qui manifestaient pacifiquement et faisaient entendre leur voix pour réclamer un monde plus sûr, plus juste et plus bienveillant.

Erika Guevara-Rosas, directrice d’Amnesty International pour les Amériques

Parallèlement, les initiatives visant à museler les voix indépendantes et critiques ont pris de l’ampleur en 2021. Les États ont déployé une gamme de plus en plus large d’outils et de tactiques, tels que les menaces, le harcèlement, les arrestations arbitraires motivées par des considérations politiques, les poursuites judiciaires infondées, la surveillance illégale, le recours excessif à la force, les disparitions forcées et les homicides illégaux, pour réprimer les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique.

Au moins 36 États des États-Unis ont adopté au total plus de 80 textes législatifs limitant le droit à la liberté de réunion pacifique, tandis que les autorités colombiennes ont réprimé violemment des manifestations pendant la grève nationale de 2021 – une répression qui s’est traduite par 46 morts, 3 275 placements en détention arbitraire, plus de 100 cas de lésions oculaires et 49 signalements de violences sexuelles.

Les autorités cubaines ont aussi arrêté arbitrairement des centaines de personnes lors de manifestations historiques en juillet 2021, puis interdit une autre manifestation en faveur de la libération de ces personnes en octobre, tout en procédant à des coupures d’Internet afin d’empêcher les gens d’échanger des informations sur la répression et de s’organiser pour y faire face. Des technologies numériques de surveillance clandestine ont été utilisées au Salvador, où le logiciel espion Pegasus, de l’entreprise NSO Group, a été déployé à grande échelle contre des journalistes et des militant·e·s.

Plusieurs dizaines de journalistes et d’autres personnes travaillant dans les médias ont été menacés, censurés, attaqués et emprisonnés dans la région. Le Mexique demeurait le pays le plus meurtrier au monde pour les journalistes : neuf ont été tués en 2021, et au moins huit autres début 2022.

Le recours excessif et injustifié à la force lors d’opérations de maintien l’ordre s’est aussi soldé par des morts dans de nombreux pays, dont le Brésil, où l’opération la plus meurtrière jamais menée par la police à Rio de Janeiro a causé la mort de 27 habitants de la favela de Jacarezinho en mai 2021. Aux États-Unis, la police a tué par balle au moins 888 personnes en 2021, parmi lesquelles une part disproportionnée de personnes noires.

Le racisme et la discrimination restaient très répandus dans les Amériques. L’accès insuffisant à l’eau, à des installations sanitaires, aux services de santé et aux prestations sociales a en particulier exacerbé les effets de la pandémie sur les peuples autochtones. Le Guatemala, le Honduras, le Mexique, le Paraguay, le Pérou et le Venezuela ont continué d’autoriser de grands projets d’extraction, d’agriculture ou d’infrastructures sans avoir obtenu le consentement préalable, libre et éclairé des populations indigènes concernées, et dans certains cas au mépris de décisions de justice ordonnant la suspension de ces opérations.

Malgré quelques avancées, les actions pour remédier au changement climatique sont restées limitées. L’Accord d’Escazú, traité régional pour la justice environnementale et la protection des défenseur·e·s de l’environnement en Amérique latine et dans les Caraïbes, est enfin entré en vigueur en avril 2021. Toutefois, le Cuba, le Honduras et le Venezuela ne l’ont toujours pas signé et 12 autres pays ne l’ont pas encore ratifié. Sous la présidence de Joe Biden, les États-Unis ont réintégré l’Accord de Paris et tenté d’annuler les centaines de lois et mesures adoptées pendant le mandat de Donald Trump pour déréglementer les secteurs de l’environnement et de l’énergie. Cependant, le gouvernement a continué d’autoriser des projets de forage pétrolier sur des terres fédérales.

Le président brésilien Jair Bolsonaro a continué d’encourager la déforestation et l’extraction des ressources naturelles en Amazonie, aggravant les effets de la crise climatique dans les terres et territoires des peuples autochtones et donnant lieu à des accusations de génocide et d’écocide devant la Cour pénale internationale. Ailleurs sur le continent, le Canada a continué de subventionner le secteur des énergies fossiles, la Bolivie a adopté des réglementations incitant à abattre et à brûler des forêts, et le Mexique, 11e plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde, n’a pas présenté de nouveaux objectifs de réduction de ses émissions lors de la COP26.

Des dizaines de milliers de personnes, venant pour la plupart du Guatemala, d’Haïti, du Honduras et du Venezuela, ont fui en 2021 les violations des droits humains liées à la violence, à la pauvreté, aux inégalités et au changement climatique. De leur côté, les autorités du Canada, du Chili, de Curaçao, des États-Unis, du Mexique, du Pérou et de Trinité-et-Tobago ont continué d’interdire l’entrée sur leur territoire de personnes réfugiées, demandeuses d’asile ou migrantes et ont bafoué le droit international en expulsant, sans examiner leur demande en bonne et due forme, celles qui étaient parvenues à franchir leurs frontières.

Des dizaines de milliers de réfugié·e·s haïtiens ont cherché à obtenir une protection internationale, mais les gouvernements de la région n’ont pas fait le nécessaire pour les protéger de la détention, des renvois forcés illégaux (pushbacks), du racket, des actes de discrimination raciale et des violences fondées sur le genre. Aux États-Unis, en 2021, les autorités chargées du contrôle aux frontières ont procédé au renvoi forcé illégal de plus d’un million de personnes réfugiées ou migrantes, dont des dizaines de milliers de mineur·e·s non accompagnés, à la frontière mexicaine, utilisant comme prétexte les mesures sanitaires liées à la pandémie de COVID-19.

Les violences liées au genre restaient une préoccupation importante dans toute la région. Trop peu de mesures étaient prises pour protéger les femmes et les filles, et les enquêtes sur les cas de violence domestique, de viol ou de féminicide étaient souvent déficientes. Le Mexique a enregistré en 2021 3 716 homicides visant des femmes, dont 969 ont fait l’objet d’une enquête pour féminicide. Par ailleurs, les forces de sécurité mexicaines ont utilisé une force excessive, procédé à des arrestations arbitraires et perpétré des violences sexuelles contre des manifestantes. Le Paraguay et Porto Rico ont instauré l’état d’urgence pour faire face à la hausse des violences à l’égard des femmes. Ces violences ont aussi fortement augmenté au Pérou et en Uruguay.

La reconnaissance des droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI) a connu quelques progrès limités dans la région des Amériques. Ainsi, l’Argentine a instauré une carte d’identité reconnaissant les personnes qui s’identifient comme non binaires et a adopté une loi visant à promouvoir l’emploi des personnes transgenres. Aux États-Unis, le gouvernement de Joe Biden a pris des mesures pour abroger les politiques discriminatoires à l’égard des personnes LGBTI adoptées durant le précédent mandat, mais des centaines de propositions de loi qui restreindraient les droits de ces personnes ont par ailleurs été présentées au niveau des États.

De l’Argentine à la Colombie, la vague verte a pris un essor irrépressible et a montré que le changement était possible même dans des situations qui semblaient désespérées. Les militant·e·s féministes des Amériques sont une source d’inspiration incitant le monde entier à ne jamais renoncer à défendre les droits humains

Erika Guevara-Rosas, directrice d’Amnesty International pour les Amériques

Des lois qui permettraient de mieux protéger les droits des personnes LGBTI ont été bloquées à de nombreux endroits dans la région, et des personnes ont encore été la cible, en 2021, de discriminations et de violences en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre dans plusieurs pays. C’est dans la région des Amériques qu’ont été enregistrés 316 des 375 homicides de personnes transgenres ou ne se conformant pas aux normes de genre signalés à travers le monde entre octobre 2020 et septembre 2021. Avec à lui seul 125 homicides de ce type, le Brésil en a compté plus que tout autre pays de la planète.

De nombreux gouvernements n’en ont pas fait assez pour promouvoir la santé sexuelle et reproductive en 2021. Les services de base n’étaient pas suffisamment disponibles, et l’avortement était toujours considéré comme une infraction pénale dans la plupart des pays. En particulier, Haïti, le Honduras, la Jamaïque, le Nicaragua, la République dominicaine et le Salvador maintenaient une interdiction totale de l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Aux États-Unis, les autorités de plusieurs États ont introduit en 2021 des restrictions à l’avortement sans précédent. Le Texas a notamment adopté une interdiction quasi totale érigeant l’IVG en infraction dès la sixième semaine de grossesse.

En Amérique latine, le dynamique mouvement féministe ne s’est pas laissé décourager et a continué de monter en puissance depuis la légalisation de l’avortement en Argentine fin 2020. En septembre 2021, la Cour suprême du Mexique a déclaré la criminalisation de l’avortement inconstitutionnelle et, en février 2022, et la Cour constitutionnelle colombienne a dépénalisé l’IVG jusqu’à 24 semaines de grossesse.

« De l’Argentine à la Colombie, la vague verte a pris un essor irrépressible et a montré que le changement était possible même dans des situations qui semblaient désespérées. Les militant·e·s féministes des Amériques sont une source d’inspiration incitant le monde entier à ne jamais renoncer à défendre les droits humains », a déclaré Erika Guevara-Rosas.

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