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Afghanistan. Les talibans doivent laisser les filles retourner à l’école immédiatement – nouveaux témoignages

Les jeunes filles afghanes doivent être autorisées à retourner à l’école secondaire et à poursuivre leur scolarité, a déclaré Amnesty International ce jeudi 14 octobre, publiant de nouveaux témoignages d’élèves et de membres du personnel enseignant sur les menaces et la violence des talibans.

Alors que les garçons, dans tout le pays, ont été autorisés à retourner à l’école secondaire le 17 septembre, les talibans ont insisté sur le fait qu’un « environnement d’apprentissage sûr » était nécessaire avant que les filles puissent faire de même.

Partout dans le pays, les droits et les aspirations de toute une génération de filles sont ignorés et piétinés

Agnès Callamard, la secrétaire générale d’Amnesty International

Cependant, dans plus de 20 nouveaux entretiens, des élèves, des membres du personnel enseignant et des responsables d’établissement ont dit à Amnesty International qu’en raison des actes d’intimidation et de harcèlement commis par les talibans, le taux de fréquentation scolaire restait faible à tous les niveaux, en particulier pour les filles.

« En ce moment, les jeunes filles afghanes, de fait, se voient empêcher de retourner à l’école secondaire. Partout dans le pays, les droits et les aspirations de toute une génération de filles sont ignorés et piétinés », a déclaré Agnès Callamard, la secrétaire générale d’Amnesty International.

« Le droit à l’éducation est un droit humain fondamental que les talibans – en tant qu’autorités de facto dirigeant le pays – sont tenus de respecter. Les politiques actuellement menées par les talibans sont discriminatoires, injustes et contraires au droit international.

« Les talibans doivent immédiatement rouvrir toutes les écoles secondaires aux filles, mettre fin aux actes de harcèlement, aux menaces et aux attaques contre le personnel enseignant et les élèves, et renoncer à toute utilisation militaire des établissements scolaires en Afghanistan. »

Amnesty International appelle également la communauté internationale à veiller à ce qu’un financement approprié soit alloué au secteur de l’éducation en Afghanistan, par le biais d’organisations comme l’ONU ou des ONG, afin que les écoles puissent continuer à fonctionner. À défaut, des millions d’élèves en Afghanistan pourraient être privés du droit à l’éducation.  

« L’instruction n’est pas un crime »

À ce jour, si certaines écoles secondaires ont autorisé le retour des filles, notamment dans la ville de Kaboul et dans des provinces telles que Kunduz, Balkh et Sar-e Pol, l’immense majorité des écoles secondaires en Afghanistan restent fermées aux filles.

Asma*, une adolescente de 14 ans scolarisée à Kaboul, a dit à Amnesty International : « Est-ce que je pourrai aller à l’école ou pas ? C’est ma principale préoccupation. Je veux tout apprendre, des matières les plus faciles aux plus difficiles. Je veux être astronaute, ou ingénieure ou architecte […] C’est mon rêve […] L’instruction n’est pas un crime. Si les talibans proclament que l’instruction est un crime, alors nous commettrons ce crime. Nous ne baisserons pas les bras. »

Mariam*, une jeune fille de 17 ans scolarisée au Badakhchan, a dit : « Quand j’ai entendu pour la première fois qu’ils allaient fermer les écoles secondaires, j’ai compris qu’on reculait au lieu d’avancer. Nous avions tant d’espoirs et de rêves, et maintenant ils se sont envolés. Je veux étudier la médecine et devenir médecin. J’étais prête à passer l’examen d’entrée à l’université. En ce moment, j’ai l’impression d’être paralysée. Je n’arrive pas à penser à l’avenir. »

Les filles comme moi veulent être des dirigeantes […] Nous sommes capables d’être tout ce que nous voulons, et ils ne nous y autorisent pas

Khalida*

Plusieurs élèves du secondaire ont dit qu’elles n’étaient plus motivées pour apprendre, parce que les talibans ne leur permettraient probablement de travailler que dans quelques domaines spécifiques, comme l’éducation ou la santé.

Khalida*, une adolescente de 16 ans scolarisée à Kaboul, a dit : « À quoi nous servira notre éducation, si nous ne pouvons pas vivre pleinement nos passions ? Je veux être femme politique […] Je ne veux pas juste obtenir un diplôme et rester à la maison […] Les filles comme moi veulent être des dirigeantes […] Nous sommes capables d’être tout ce que nous voulons, et ils ne nous y autorisent pas.

Une fréquentation scolaire en baisse

Dans diverses régions d’Afghanistan, des membres du personnel enseignant, des élèves et des personnes menant des activités militantes ont dit à Amnesty International que la fréquentation des écoles primaires, notamment celle des filles, avait considérablement baissé dans de nombreux endroits. Beaucoup de familles ont toujours peur des talibans et n’osent pas envoyer leurs enfants à l’école, en particulier les filles.

Zeenat*, qui enseigne dans la province de Samangan, a dit : « La population n’a absolument pas confiance […] Les parents pensent que s’ils envoient leurs filles à l’école, elles risquent d’être battues par les talibans. »

En raison de la situation économique difficile, de nombreuses familles ont dû déscolariser leurs enfants pour les envoyer travailler. Des millions d’Afghans et d’Afghanes ont été déplacés à l’intérieur du pays pendant et après la prise de contrôle du pays par les talibans, et beaucoup d’enfants déplacés ne vont pas à l’école.

Des personnes interrogées ont également signalé un fort absentéisme au sein du personnel enseignant, en grande partie lié au non-versement des salaires par les talibans. De ce fait, de nombreuses écoles primaires fonctionnent à capacité réduite ou sont fermées.

Dans le supérieur, des étudiantes ont indiqué que même si certaines universités avaient rouvert leurs portes, la fréquentation avait chuté, en particulier celle des jeunes femmes.

Wadan*, une jeune femme de 21 ans étudiant la médecine à Kaboul, a dit : « Il y avait 20 filles dans ma classe [avant que les talibans ne prennent le pouvoir]. Maintenant, il n’y a plus que six filles […] Les talibans ont introduit de nouvelles règles […] Personne ne sait ce qui va se passer dans les prochaines heures, sans parler des prochains jours. Les parents refusent de laisser leurs filles aller à l’université dans ce contexte. »

Harcèlement du personnel enseignant par les talibans et utilisation d’établissements scolaires à des fins militaires

Pashtana*, professeure du secondaire, a dit à Amnesty International qu’elle avait été menacée de mort par les talibans et convoquée devant le tribunal local pour y faire l’objet de poursuites, au motif qu’elle enseignait auparavant le sport à des classes mixtes.

Elle a reçu une lettre des talibans au début de l’année et a témoigné : « [La lettre] disait : « Si les talibans t’attrapent, ils te trancheront les oreilles, et ça servira de leçon aux autres dans [ta] province ». Maintenant, je vis dans la clandestinité. Même ma famille croit que je suis à l’étranger. »

Efat*, une femme de 22 ans, et Naveed*, son frère de 16 ans, ont dit avoir été roués de coups le 18 août par deux talibans jusqu’à en perdre connaissance. Selon leur témoignage, ils ont été agressés alors qu’ils se rendaient à un cours pour apprendre l’anglais, que les talibans ont qualifié de « langue des infidèles ».

Une autre enseignante du secondaire a dit que les talibans l’avaient soumise à des actes de harcèlement et d’intimidation, en représailles à une interview accordée aux médias dans laquelle elle se plaignait de la rémunération des enseignants et de l’accès des filles à l’enseignement secondaire. Elle a ajouté qu’elle et plusieurs autres membres du corps enseignant avaient été menacés d’être expulsés du logement de fonction mis à leur disposition par le gouvernement précédent.

Pour des raisons de sécurité et pour éviter des représailles, les lieux où ces événements se sont produits ne sont pas précisés. Amnesty International n’a pas encore établi si ces événements étaient représentatifs d’atteintes généralisées commises par les talibans à l’encontre d’élèves et de membres du personnel enseignant, mais elle va continuer à suivre de près ce type de signalement.

Des témoins ont également indiqué à Amnesty International que les talibans avaient employé quatre établissements d’enseignement à des fins militaires pendant les combats avant de prendre le contrôle du pays : le lycée Tughani et le lycée Khetib Zada dans la ville de Sar-e Pol, le lycée Zakhail e Khondon dans la ville de Kunduz et le lycée Alishing dans le district d’Alishing, dans la province du Laghman. Des établissements ainsi utilisés sont exposés à des attaques, et il est, selon toute probabilité, extrêmement difficile d’y dispenser un enseignement adéquat. De plus, ces agissements sont contraires à la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, que le gouvernement afghan a approuvée en 2015.

Méthodologie

Du 16 septembre au 8 octobre 2021, Amnesty International a réalisé des entretiens téléphoniques avec 11 membres du personnel enseignant et responsables d’établissements d’enseignement et 10 élèves – âgés de 14 à 22 ans – dans diverses provinces afghanes, dont le Badakhchan, Farah, le Helmand, Kaboul, Kandahar, le Laghman, le Nangahar, Samangan et Sar-e Pol.

Amnesty International s’est également entretenue avec 12 personnes militant au niveau local, des personnes représentant des ONG et les Nations unies, ainsi qu’avec d’autres spécialistes de l’éducation en Afghanistan.

Amnesty International a tenté d’entrer en contact avec des responsables talibans les 6 et 12 octobre, mais elle n’avait reçu aucune réponse au moment de la publication du présent document.

Note : *Pour préserver l’anonymat de ces personnes, leurs prénoms ont été modifiés.

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