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Madagascar

des conditions carcérales inhumaines

Détenus de la prison centrale de Manakara, Madagascar © Amnesty International / Richard Burton

Depuis 2017, 52 personnes sont mortes en détention préventive dans le pays. Certaines de ces personnes n’étaient même pas encore déclarées coupables de crimes ou de délit.

Nous avons visité neuf établissements pénitentiaires de Madagascar, où des personnes sont incarcérées en attente de jugement, et constaté que les conditions de détention y étaient effroyables.

Dans ces neuf établissements, plus de 11 000 personnes ont été placées arbitrairement en détention préventive, souvent pour des années.

Malnutrition, surpopulation et manque d’hygiène

Des hommes dorment dans une cellule surpeuplée de la prison centrale de Manakara, Madagascar © Richard Burton

Sombres et sales, la plupart des cellules sont extrêmement surpeuplées et manquent d’air et de lumière, ce qui met sérieusement en péril le bien-être physique et mental des détenus.

L’organisation a également recensé de mauvaises conditions sanitaires, une absence de soins de santé, une insuffisance de nourriture et un accès limité aux familles.

Les femmes enceintes ou accompagnées de bébés, par exemple, ne peuvent recevoir les soins de santé dont elles ont besoin ; les enfants n’ont accès à aucune offre éducative ou de formation, en dépit du droit national et international.

Nous sommes 42 à dormir dans la même cellule, mais il n’y a pas de place pour dormir. Je dors par terre. Beaucoup de gens tombent malades. Certains toussent, certains tremblent, certains attrapent très froid. Et les gens se battent pour la nourriture, car il n’y en a pas assez […] Je veux vraiment passer en jugement, car je souffre beaucoup ici.

Un homme en attente de jugement depuis 3 ans

À la prison de Manakara, par exemple, environ 700 personnes étaient maintenues en détention en septembre 2018, alors que la capacité officielle est de 121 détenus.

Des années avant d’être jugés... et mourir en prison

Des prisonniers font la file pour l'appel du matin à la prison d'Antsirabe, Madagascar © Richard Burton / Amnesty International

Sur les 129 détenus décédés en 2017 dans les prisons malgaches, 52 se trouvaient en détention préventive.

Les dysfonctionnements du système pénal malgache sont les premières causes de surpopulation carcérale.

En effet, les personnes peuvent mettre des années avant d’être traduites en justice.

Dans les établissements pénitentiaires que nous avons visités, un grand nombre de détenus incarcérés depuis longtemps, sans avoir été jugés, étaient poursuivis pour des infractions mineures et non violentes. Un homme inculpé pour vol de bétail était maintenu en détention depuis trois ans et demi.

Les principaux problèmes responsables de la longueur de la détention préventive à Madagascar sont le nombre restreint des audiences des cours jugeant les affaires criminelles et leur irrégularité.

Les cours criminelles siègent deux fois par an, ce qui engendre des retards considérables et une grave surpopulation carcérale.

Les détenus en attente de jugement n’étaient séparés des condamnés dans aucun des établissements pénitentiaires que nous avons visités. Dans certains cas, des enfants partageaient donc leur cellule avec des criminels.

Les détenus les plus pauvres, qui ont le moins accès à une aide judiciaire, sont ceux qui souffrent le plus de leur incarcération, en particulier les femmes et les enfants.

Le recours abusif à la détention préventive à Madagascar touche de manière disproportionnée les personnes les plus pauvres, notamment du fait qu’ils ne sont pas en mesure de rémunérer les honoraires d’un avocat.

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Personne ne mérite ces conditions

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