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Porto Rico : tout ce qu'il faut savoir sur les droits humains

Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 156 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains à Porto Rico en 2022.

Les homicides commis par la police ont touché de manière disproportionnée les quartiers métissés à faibles revenus. Des militant·e·s ont manifesté contre les dégradations de l’environnement. Au total, cinq propositions de loi visant à restreindre l’accès à l’avortement ont été rejetées.

CONTEXTE

En septembre, l’ouragan Fiona a provoqué de vastes inondations, laissant temporairement 1,5 million de personnes sans électricité, d’après les médias. Au moins 39 personnes sont mortes en raison du passage de l’ouragan ou de problèmes de santé aggravés par les coupures de courant.

RECOURS EXCESSIF À LA FORCE

Au mois de mars, l’ONG Kilómetro 0 a publié un rapport qui attirait l’attention sur des préoccupations concernant des homicides commis par la police dans l’île. Ce rapport a révélé que des responsables de l’application des lois avaient tué au moins 71 personnes entre 2014 et 2020, soit une moyenne de 10 personnes par an, et que la plupart des victimes ne portaient pas d’arme à feu.

De plus, toujours selon le même rapport, les personnes vivant dans des localités ou quartiers métissés à faibles revenus avaient deux fois plus de risque d’être tuées par la police que celles qui vivaient dans des communautés majoritairement blanches à faibles revenus.

DÉGRADATIONS DE L’ENVIRONNEMENT

Selon des informations parues dans la presse, en février, un tribunal a bloqué la construction d’installations de loisirs dans une copropriété proche de la plage, dans la ville de Rincón. La décision s’appuyait sur divers motifs, notamment sur le fait qu’une partie du terrain concerné était protégée 
parce qu’elle constituait un habitat important pour des espèces menacées, telles que les tortues de mer, et que l’emplacement était exposé à un risque très élevé d’inondation.

Le gouvernement avait accordé le permis de construire en dépit de ces considérations environnementales.

Toujours selon les médias, en avril, l’antenne portoricaine de la Fondation Surfrider, une organisation de la société civile, a critiqué la construction de logements dans la ville littorale d’Aguadilla, affirmant qu’ils allaient entraîner la destruction de terres et de végétaux à haute valeur écologique.

En mai, le ministère des Ressources naturelles et environnementales a interrompu d’autres chantiers en cours à Aguadilla, au motif qu’ils ne respectaient pas la législation environnementale.

LIBERTÉ DE RÉUNION

À diverses reprises au cours de l’année, les autorités ont réagi par le déploiement de forces policières disproportionnées à des manifestations contre des projets de construction dans des zones revêtant une importance écologique particulière.

En août, des centaines de personnes ont manifesté contre la compagnie d’électricité de l’île en raison des coupures de courant et de l’augmentation des factures d’énergie. Des informations ont fait état d’un recours excessif à la force de la part de la police et de violences de la part de manifestant·e·s.

VIOLENCES FAITES AUX FEMMES ET AUX FILLES

Selon l’Observatoire de l’équité de genre de Porto Rico, entre janvier et novembre, 70 femmes ont été tuées en raison de leur genre, contre 58 pour la même période en 2021. Cela faisait quatre ans que le nombre de féminicides n’avait pas été aussi élevé.

DROITS SEXUELS ET REPRODUCTIFS

À Porto Rico, l’avortement pouvait avoir lieu à n’importe quel stade de la grossesse lorsqu’il était pratiqué par un·e médecin pour préserver la vie ou la santé, y compris la santé mentale, de la personne enceinte.

En juin, la Cour suprême des États-Unis a annulé l’arrêt Roe c. Wade, qui protégeait le droit à l’avortement au niveau fédéral, laissant à chaque État la liberté de statuer sur cette question à son niveau.

En novembre, au total, cinq propositions de loi cherchant à restreindre l’accès à l’avortement avaient été soumises à la Chambre des représentants. Des organisations féministes, parmi lesquelles la Coalition pour un avortement libre, sûr et accessible et Inter Mujeres, se sont inquiétées du fait que les restrictions d’accès à l’interruption de grossesse affecteraient de manière disproportionnée les femmes à faible revenu et celles qui subissaient des violences liées au genre. Ces propositions de loi ont été rejetées lors d’un vote d’une commission de la Chambre des représentants de Porto Rico.

Le ministère de l’Éducation a annoncé qu’il allait mettre en place un nouveau programme scolaire sur l’égalité et le respect en 2023. Ce programme a été choisi à la place d’un autre, axé sur les questions de genre, qui avait été élaboré par des organisations des droits humains et des groupes féministes en réaction à la déclaration d’un état d’alerte face aux violences fondées sur le genre.

DROITS DES LESBIENNES, DES GAYS ET DES PERSONNES BISEXUELLES, TRANSGENRES OU INTERSEXES

La Commission des droits humains et du travail a abandonné, en mai, une proposition de loi visant à établir une charte des droits des personnes LGBTI.

En juillet, le ministère de la Santé a mis fin à l’exigence, pour les professionnel·le·s du secteur, de suivre une formation continue sur les questions relatives aux personnes LGBTI. À la suite d’un travail de pression de la part du public, il a finalement réintégré cette exigence, introduite, à l’origine, par le décret présidentiel 398 de 2018.

Le parquet n’a fait aucun progrès pour traduire en justice les responsables présumés du meurtre d’Alexa, une femme transgenre, commis en 2020.