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© Esteban Biba/epa/Corbis

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Guatemala

Chaque année, nous publions notre Rapport annuel sur la situation des droits humains dans le monde. Un an d’enquête, 155 pays analysés. Voici ce qu’il faut savoir sur les droits humains au Guatemala en 2023.

L’espace civique et la liberté d’expression ont été soumis à des restrictions. Des juges, des procureur·e·s, des défenseur·e·s des droits humains, des journalistes et des personnes jouant un rôle clé dans le processus électoral ont fait l’objet d’un harcèlement judiciaire et de poursuites, et plusieurs ont été contraints à l’exil. Les autorités ont dénigré les manifestant·e·s qui réclamaient la démission de la procureure générale, et elles ne les ont pas protégés. Cette année encore, les droits des femmes, des personnes LGBTI et des populations autochtones ont été bafoués.

CONTEXTE

Le processus électoral pour l’élection présidentielle de 2023 a été entaché d’irrégularités. Des magistrat·e·s du Tribunal suprême électoral et plusieurs membres de Semilla, le parti ayant remporté cette élection, ont été visés par des procédures pénales. Le parti Semilla a été temporairement suspendu et, en décembre, le ministère public a demandé la levée de l’immunité judiciaire du président et de la vice-présidente nouvellement élus. Divers membres de la communauté internationale ont dénoncé ces persécutions, estimant qu’elles bafouaient le droit de participer aux affaires publiques et l’état de droit.

Les niveaux élevés d’inégalité, de pauvreté et de violence restaient la principale raison poussant des milliers de personnes à quitter le pays.

LIBERTÉ D’EXPRESSION ET DE RÉUNION

En octobre, des milliers de personnes à travers le pays sont descendues dans la rue pour protester contre les poursuites pénales engagées contre des personnalités clés du processus électoral. Ces manifestations pacifiques de grande ampleur, organisées par les autorités autochtones pour réclamer la démission de la Procureure générale, ont paralysé le pays pendant plus de trois semaines. Le gouvernement et la Cour constitutionnelle ont jeté le discrédit sur les manifestant·e·s. Selon des organisations locales, les autorités n’ont pas protégé les manifestant·e·s contre les actes d’intimidation et les attaques perpétrés par des individus armés en différents endroits du pays, qui ont entraîné la mort d’au moins une personne à Malacatán, dans la municipalité de San Marcos.

En octobre, une cour d’appel a annulé la peine de six ans d’emprisonnement à laquelle le journaliste José Ruben Zamora avait été condamné en juin. Cet homme se trouvait néanmoins toujours en détention à la fin de l’année. La Commission interaméricaine des droits de l’homme et plusieurs organisations internationales avaient dénoncé les violations de ses droits à une procédure régulière et à des garanties judiciaires.

DÉTENTIONS ARBITRAIRES ET PROCÈS INÉQUITABLES

Des organes régionaux et internationaux de défense des droits humains ont fait part de leur inquiétude concernant le manque d’indépendance de la justice et les actions arbitraires entreprises par le ministère public à l’encontre de personnes luttant contre l’impunité et la corruption et d’intervenant·e·s clés du processus électoral. À la fin de l’année, au moins 79 procureur·e·s, juges, défenseur·e·s des droits humains et journalistes étaient en exil, de crainte d’être injustement emprisonnés.

En mai, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a déclaré que la détention de Virginia Laparra, ancienne procureure chargée de la lutte contre la corruption, était arbitraire et a exigé sa remise en liberté. La Cour suprême a ordonné en décembre qu’elle soit placée en résidence surveillée, car elle avait déjà été incarcérée pendant une durée équivalant à plus de la moitié de sa peine. D’autre part, une deuxième procédure pénale ouverte contre elle était en attente à la fin de l’année.

DÉFENSEUR·E·S DES DROITS HUMAINS

Les défenseur·e·s des droits humains ont continué de mener leur travail dans un environnement hostile et à haut risque. L’Unité de protection des défenseures et défenseurs des droits humains au Guatemala (UDEFEGUA) a signalé 5 965 attaques (menaces, homicides, harcèlement et détentions arbitraires, notamment) contre des défenseur·e·s des droits humains entre janvier et novembre.

La justice pénale a de plus en plus été utilisée afin de harceler et sanctionner en particulier des personnes luttant contre l’impunité et la corruption.

La défenseure des droits humains Claudia González, accusée à tort d’abus de pouvoir, a été libérée sous caution après deux mois de détention.

IMPUNITÉ

Les enquêtes sur les violations des droits humains et les crimes de guerre perpétrés durant le conflit armé interne de 1960 à 1996 n’ont que peu progressé, tout comme les poursuites judiciaires engagées dans ce cadre. Le Congrès a débattu d’une proposition de loi d’amnistie en faveur des responsables présumé·e·s de ces actes criminels. Le texte n’avait cependant pas encore été approuvé à la fin de l’année.

DROITS DES FEMMES ET DES FILLES

Les violences contre les femmes et les filles sont restées très répandues. Des organisations locales ont fait part des difficultés rencontrées par les femmes victimes de violences fondées sur le genre pour accéder à la justice.

Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes [ONU] s’est dit préoccupé par le fait que l’avortement était considéré comme une infraction pénale au Guatemala, où il n’était autorisé que si la vie de la femme enceinte était en danger. Il a également jugé que l’accès à des conditions d’avortement sécurisées et à des services de suivi était insuffisant.

Le taux élevé de grossesses chez les enfants et adolescentes restait particulièrement préoccupant. Entre janvier et octobre, l’Observatoire de la santé sexuelle et reproductive a enregistré 52 878 naissances d’enfants dont les mères étaient âgées de 10 à 19 ans.

DROITS DES LESBIENNES, DES GAYS ET DES PERSONNES BISEXUELLES, TRANSGENRES OU INTERSEXES

Les personnes LGBTI ont été confrontées à des niveaux élevés de violence et de discrimination. D’après l’Observatoire national des droits des personnes LGBTIQ+, au moins 34 personnes ont été tuées au cours de l’année en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Le mariage entre personnes de même sexe était toujours illégal.

DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES

Les peuples autochtones ont continué de réclamer la reconnaissance de leurs droits en ce qui concernait leurs terres. Des expulsions violentes ont été signalées, favorisées par l’absence de garanties des droits fonciers. Des autorités ancestrales et des défenseur·e·s des terres et des territoires ont dû faire face à des chefs d’inculpation infondés.

DROIT À UN ENVIRONNEMENT SAIN

Le Fonds national pour le changement climatique, créé en 2022, n’était toujours pas opérationnel à la fin de l’année.

Les autorités ont signalé que des sécheresses et des inondations, liées aux effets d’El Niño et aggravées par le changement climatique, pourraient exacerber les problèmes de malnutrition.

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