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Manifestations à Hong Kong en 2019 © Jimmy Lam @everydayaphoto

Manifestations à Hong Kong en 2019 © Jimmy Lam @everydayaphoto

Liberté d'expression

Violences policières à Hong Kong : toujours pas d’enquête indépendante

Sans enquête indépendante et impartiale sur les violences policières commises contre les manifestants à Hong Kong, les troubles risquent de reprendre. Notre nouvelle publication Missing truth, missing justice alerte sur les failles des mécanismes de plainte contre la police, et appelle à la mise en place d’une commission réellement indépendante pour enquêter sur les violations des droits humains de grande ampleur qui ont eu lieu durant les manifestations de l’an dernier.

Les autorités hongkongaises comptent peut-être sur l’épidémie de coronavirus pour calmer les troubles, mais si elles n’agissent pas, il est probable que les actions de protestation - et les violations qui y sont liées - fassent leur retour. Les manifestations de masse ayant ébranlé Hong Kong lors de la deuxième moitié de l’année 2019 ont généré des violences policières de grande ampleur et la population est profondément excédée par le recours de la police à une force injustifiée et excessive, qui reste par ailleurs impunie. L’appel en faveur d’une enquête indépendante sur le recours de la police à la force, également relayé par les Nations unies, reste l’une des principales demandes de la population hongkongaise.

Lire aussi notre rapport régional : La jeunesse asiatique, leader de la contestation

Des violences policières systématiques

Tout au long des manifestations, nous avons constaté un recours systématique et alarmant à des tactiques imprudentes et inconsidérées de la part de la police de Hong Kong une fois que celle-ci a commencé à appliquer la tolérance zéro dans le cadre du maintien de l’ordre, à l’occasion de rassemblements. Ces violations très étendues des droits humains ont notamment pris la forme d’un recours injustifié et excessif à la force, comme par exemple : l’utilisation dangereuse de balles de caoutchouc et de « sacs à fèves » ; l’emploi abusif de gaz lacrymogène et de gaz poivre ; et l’utilisation de canons à eau.

Nous avons recueilli plusieurs témoignages selon lesquels des manifestants ont été roués de coups en détention et victimes d’autres formes de mauvais traitements, allant parfois jusqu'à la torture. Des éléments très crédibles semblent indiquer que la police a non seulement échoué dans sa mission consistant à désamorcer les tensions, mais qu’elle les a en outre exacerbées en recourant à la force de manière injustifiée et excessive, et en bénéficiant d’une impunité persistante pour ces comportements.

Un groupe d’experts internationaux qui démissionne

En juillet 2019, le « Conseil indépendant des plaintes contre la police » (mécanisme en charge de superviser les enquêtes sur la police à Hong Kong, NDLR) avait décidé de mener une enquête sur le maintien de l’ordre assuré lors de diverses manifestations, et avait convié un groupe d’experts à participer.

Ce groupe a démissionné en décembre 2019, déclarant que le Conseil indépendant n’avait ni les capacités, ni les pouvoirs d’enquête requis pour « satisfaire aux critères minimums que les citoyens de Hong Kong sont susceptibles d’exiger de la part d’un organisme de contrôle de la police dans une société accordant de l’importance aux libertés et au respect des droits ».

La nécessité d’une enquête pour rétablir la confiance

Missing truth, missing justice détaille les failles insurmontables détectées dans les mécanismes d’obligation de rendre des comptes de la police de Hong Kong. Le système actuellement chargé de recevoir les plaintes contre la police est inadéquat. Aucune institution ne devrait se voir confier la tâche d’enquêter sur elle-même - c’est au public que la police doit rendre des comptes.

Le gouvernement hongkongais continue à affirmer que le Conseil indépendant des plaintes contre la police est compétent pour enquêter sur les allégations de violences et d’autres abus policiers, et à se montrer réticent à établir un mécanisme distinct d’investigation, comme une commission d’enquête par exemple. Pourtant, une commission d’enquête disposant de ressources et de pouvoirs d’enquêtes adéquats pourrait s’attaquer aux causes profondes des violations des droits humains à plus grande échelle. Cela signifie surtout que ses recommandations auraient la capacité d’empêcher que la situation ne se reproduise, et de rompre le cycle de la violence, y compris celle employée par certains des manifestants.

Aujourd'hui, la confiance du public envers le gouvernement et la police s’est effondrée. Chaque jour que le gouvernement hongkongais s’entête à ne pas diligenter cette enquête indépendante amplifie le vide laissé par l’absence de responsabilisation et aggrave l’érosion de la confiance du public.

Une commission d’enquête est une première étape cruciale vers la guérison des profondes blessures causées par la gestion des manifestations. Établir une commission indépendante afin d’enquêter sur les violations des droits humains commises depuis les manifestations de juin 2019 reviendrait pour le gouvernement à reconnaître qu’il y a eu des dérives et qu’il faut s’en préoccuper et y remédier en urgence.

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