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Liberté d'expression

Arabie Saoudite : Raïf Badawi enfin libéré après 10 ans de prison

L’activiste et poète saoudien Raïf Badawi a été libéré le 11 mars après avoir purgé une peine de 10 ans de prison. Nous nous réjouissons de sa libération mais déplorons qu'il soit encore soumis à une interdiction de quitter le pays.

L’histoire de Raïf Badawi est devenue un symbole de la répression qui sévit en Arabie saoudite.  

C’est en 2012 que son enfer a commencé : en juin, Raif Badawi a été arrêté et placé en détention pour « insulte à l’Islam ». Mais en réalité, c'est pour avoir créé un blog invitant à débattre des questions sociales et politiques qu'il a connu le pire. C’est en mai 2014 qu’il connaîtra sa peine, prononcée par le tribunal de Djeddah :

10 ans de prison

1000 coups de fouet

Une amende d'un million de riyals saoudiens (environ 226 000 euros)

Une interdiction d’utiliser les médias

Une interdiction de quitter le pays pendant 10 ans à l’issue de sa peine.

Tout cela, pour le simple fait de s’être exprimé.

Le lendemain de la libération de Raïf Badawi, l'Arabie saoudite a exécuté 81 personnes, en une seule journée. Un acte macabre. En 2022, le pays comptabilise déjà 92 exécutions.

Libéré mais interdit de quitter le pays

Bien que libéré, Raïf Badawi est aujourd’hui soumis à une interdiction de quitter le pays pendant 10 ans. Cela signifie que Raïf va être à nouveau séparé de sa famille pendant 10 années supplémentaires. Sa femme et ses trois ses trois enfants vivent au Canada depuis 2013.

"Travel Ban" : une arme utilisée par l'Arabie saoudite

Les autorités saoudiennes utilisent les interdictions de voyager de façon arbitraire pour réduire au silence, intimider et contrôler les militants vivant dans le royaume ou à l'étranger. C’est un moyen de maintenir la répression contre les militants et leurs proches.

Nous appelons les autorités à lever immédiatement l'interdiction de voyager et toutes les autres conditions de libération imposées à Raïf Badawi. La liberté de se déplacer est un droit fondamental. Après 10 ans de séparation, Raïf Badawi doit pouvoir retrouver ses proches. 

UNE MOBILISATION INTERNATIONALE 

10 ans de prison, 10 ans d’interdiction de quitter le pays et 1000 coups de fouets pour avoir créé un blog. Face à cette injustice, des milliers de personnes se sont mobilisées pour la libération de Raïf Badawi.  

Quand maman m’a dit que tu étais en prison à cause de tes idées, j’ai cherché ton nom sur Google : j’étais surpris de voir tout le soutien que tu recevais du monde entier. 

Déclaration de 2015 du fils de Raïf Badawi 

10 ans de prison, 10 ans d’interdiction de quitter le pays, 1000 coups de fouets pour 1 blog : voici comment l’Arabie saoudite réprime ses activistes. #RaïfBadawi

Plus d'un million de messages de nos militants partout dans le monde ont été envoyés en soutien à Raif Badawi depuis 2014.

Nos militants ont fait campagne sans relâche devant des ambassades saoudiennes partout dans le monde, organisé des rassemblements, envoyé des tweets visant les autorités et écrit des centaines de milliers de lettres et de messages de solidarité pour Raif. Nos équipes ont aussi mené des actions de plaidoyer auprès de décideurs pour mettre en avant la situation de Raïf Badawi.

Action de mobilisation devant l'ambassade d'Arabie saoudite à Paris, pour la libération de Raif Badawi, le 17 mai 2016. Au centre avec la pancarte "Free Raïf", Ensaf Haidar, la femme de Raïf Badawi / © Pierre-Yves Brunaud 

L’ARABIE SAOUDITE : une MACHINE à répression

La seule arme de Raif Badawi était sa plume. En Arabie saoudite, le simple fait de critiquer le pouvoir est une raison valable pour vous faire subir le pire : en janvier 2015, il recevait 50 coups de fouet en public après la prière du vendredi sur une place de Djedda. Ces images indignes ont suscité un véritable tollé à l’international. En avril 2020, L’Arabie saoudite a officiellement aboli la peine de flagellation. Raif Badawi sera « épargné » des 950 coups de fouet restants de sa condamnation. 

L'arrestation de Raif Badawi s'est ancrée dans le cadre d'une vague d'arrestations entre 2013 et 2014 des Défenseurs des droits humains et notamment des fondateurs et membres de l'ACPRA (Association saoudienne des droits civils et politiques) qui sont toujours, pour certains, incarcérés. En 2022, encore trop de personnes en Arabie saoudite sont toujours en prison pour leur activité militante pacifique.

C’est aussi le cas de plusieurs militantes en faveur du droit des femmes qui s’étaient mobilisées en 2018 contre l’interdiction de conduire faite aux saoudiennes. Si Loujain Al-Hathloul figure emblématique de cette lutte pour laquelle nous nous sommes mobilisés, à été libérée en 2021, sa condamnation l’empêche, elle aussi, de sortir du territoire.

Lire aussi : Leaders du G20 : les vrais porteurs de changement en Arabie saoudite sont en prison

Ces dernières années, les autorités saoudiennes ont fortement investi dans les opérations de relations publiques pour redorer leur image afin de détourner l’attention de leur violente répression des militants et des défenseurs des droits humains.

Lorsque l’Arabie saoudite a présidé le sommet du G20 en mars 2020, une brève accalmie a été observée quant au nombre d’exécutions et des poursuites visant des militants. Une totale illusion puisque immédiatement après l’organisation du G20, les autorités saoudiennes intensifiaient une fois de plus leur politique de répression.  

Si les autorités saoudiennes veulent redorer leur image, elles doivent libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes incarcérées pour avoir pacifiquement exprimé leurs opinions, lever toutes les interdictions de voyager et instaurer un moratoire sur la peine de mort. Les gouvernements étrangers qui souhaitent nouer des liens plus étroits avec l’Arabie saoudite doivent engager les autorités saoudiennes à remédier à leur abominable bilan en matière de droits humains.