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National Maternity Hospital © Amnesty International / Eugene Langan

National Maternity Hospital © Amnesty International / Eugene Langan

Droits sexuels et reproductifs

En Irlande, un témoignage poignant pour le droit à l’avortement

En Irlande, à quelques semaines d’un référendum historique pour le droit à l’avortement en Irlande publions le témoignage de Claire Malone, jeune mère dont l'expérience récente illustre la réalité des effets néfastes et de la violence du 8ème amendement de la constitution irlandaise qui empêche les femmes d’avorter, même en cas de risque grave pour leur santé.

Claire souffre de plusieurs problèmes de santé complexes qui mettent sa vie en danger, notamment d'atrésie pulmonaire et d'hypertension pulmonaire, et a dû se faire retirer un poumon en 2014. Lorsqu'une femme atteinte d'hypertension pulmonaire tombe enceinte, le risque est très élevé que sa maladie s'aggrave ou qu'elle décède pendant sa grossesse. Claire le sait, et c'est ce qui l'a amenée à solliciter une interruption de grossesse à un stade précoce.

Comprendre : La situation de la Pologne sur l'avortement

Lorsqu'elle a découvert sa grossesse, elle a réalisé qu'elle pourrait mourir si elle la poursuivait, ou subir des effets néfastes à long terme sur sa santé déjà fragile.

Je connais mon état de santé ; je savais que la grossesse me rendrait encore plus malade, ou me tuerait. Je sais aussi ce que dit la loi en Irlande, et je savais donc que mes choix étaient très limités. Ce que je n'ai pas compris à l'époque, c'est que je n'en avais aucun.

Dès que j'ai découvert que j'étais enceinte, j'ai su ce qui était bon pour moi, ma vie, ma santé et mes deux fils. Mais cela n'avait pas d'importance : je n'avais pas mon mot à dire. En vertu du huitième amendement, ce qui était juste pour moi, ma vie, ma santé et mes enfants importait peu.

Mes médecins m'ont affirmé que la grossesse n'affectait pas ma santé à ce stade – j’étais enceinte de sept semaines.

Pourtant, il suffit de chercher hypertension pulmonaire et grossesse, et apparaissent les termes mortalité, haut risque et défaillance cardiaque. Alors je leur ai demandé quelles étaient mes options, sachant ce qui allait se passer ? Ils ont répondu qu'ils ne pouvaient pas me proposer d'interruption de grossesse car ma vie n'était pas en danger à ce moment-là, et c'est tout.

Je sais qu'ils sont tenus par la loi. Mais j'avais la sensation de devoir attendre que ma santé se dégrade au point de risquer de perdre la vie, et qu'alors il serait trop tard.

Pourquoi un risque, déjà très élevé, pour ma santé n'était-il pas suffisant ? Que devais-je endurer avant que mes médecins ne soient autorisés à me prodiguer des soins ?

On m'a dit que je pouvais me rendre au Royaume-Uni pour avorter, et que je devais me présenter à la clinique. Mais je n’étais plus capable de voyager. Mes médecins ne pouvaient pas légalement s’entretenir avec leurs confrères au Royaume-Uni si je décidais d'interrompre ma grossesse, et les médecins là-bas ont estimé que mes problèmes de santé étaient trop complexes et risqués sans le soutien total de mon équipe en Irlande.

J'avais besoin d'une assistance médicale pour voyager. J'avais le choix entre me rendre au Royaume-Uni par moi-même, mentir sur mon état de santé et risquer ma vie, ou poursuivre ma grossesse en Irlande, avec tout ce que cela supposait.

J'ai deux garçons, qui ont perdu leur père il y a deux ans. Si j'avais pu continuer ma grossesse sans danger, je l'aurais fait, mais je devais protéger mes enfants, qui avaient déjà traversé tant d’épreuves.

Ils m'avaient vu faire des allers-retours à l'hôpital pendant des années, et ils savaient ce qui se passait. Ils m'ont demandé sans détour : " Est-ce que tu vas mourir ? " J'ai répondu que je devais faire tout ce que les médecins me conseillaient et que tout irait bien ; puis la situation s’est dégradée et j'ai dû les préparer au pire. Je devais aussi m'y préparer. J'ai commencé à avoir des contractions, et je pensais que j'allais mourir.

J'ai beaucoup de chance d'être en vie, et je sais que c'est grâce aux bons soins de mes médecins. Toutefois, ma santé, déjà faible, s'est fortement dégradée depuis. Je sais que j'ai perdu des années de vie et que je ne vivrai pas assez longtemps pour voir mes trois enfants devenir adultes. »

Agir

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