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A tank belonging to the Shi'ite Badr Brigade militia takes position in front of a gas station in Suleiman Beg, northern Iraq September 9, 2014. REUTERS/Ahmed Jadallah (IRAQ - Tags: CIVIL UNREST CONFLICT) - RTR45KQ9
Char de la milice chiite Badr en position devant la station de carburants à Suleiman Beg, nord de l'Irak. 09/9/2014 © REUTERS/Ahmed Jadallah

Char de la milice chiite Badr en position devant la station de carburants à Suleiman Beg, nord de l'Irak. 09/9/2014 © REUTERS/Ahmed Jadallah

Contrôle des armes

Le terrible sort des Sunnites en Irak

Les milices, majoritairement chiites, censées lutter contre le groupe armé Etat Islamique mènent de graves exactions contre la population, notamment sunnite.

Il s'agit notamment de disparitions forcées, d'exécutions extrajudiciaires ou autres homicides illégaux, ainsi que d'actes de torture infligés à des milliers d'hommes et adolescents sunnites.

Un cycle de la violence sans fin

Un homme de Muqdadiya nous a déclaré que son frère Amer, âgé de 22 ans, comptait parmi 100 hommes et adolescents enlevés chez eux en janvier 2016 lorsque les milices des Unités de mobilisation populaire se sont déchaînées en représailles d'un attentat-suicide visant un café chiite de la ville. Les miliciens ont également incendié et détruit des mosquées, des boutiques et des propriétés sunnites.

La première semaine des événements, des miliciens ont fait le tour de la ville dans des voitures équipées de haut-parleurs, demandant aux hommes sunnites de sortir de chez eux. Le 13 janvier [2016], plus de 100 hommes ont été emmenés. Personne ne les a revus depuis.

Un homme dont le frère a été enlevé

Des hommes et des adolescents sunnites ont été régulièrement torturés à des postes de contrôle et dans les centres de détention contrôlés par les milices des Unités de mobilisation populaire.

Lire aussi : l’Irak des milices

Des tortures et des disparitions forcées

Un étudiant de 20 ans nous a raconté que, le 26 juillet 2016, il fuyait les combats à Chargat lorsqu'il a été arrêté au poste de contrôle d'Asmida, dans la province de Salah al Din. Les hommes qui tenaient le poste – certains en civil et d'autres en uniforme militaire, dont certains portant des insignes des Unités de mobilisation populaire – lui ont immédiatement bandé les yeux et l'ont emmené en voiture.

J'ai passé sept semaines sous la torture ; ils voulaient me faire avouer que j'appartenais à Daesh [EI]. J'étais détenu avec environ 30 personnes dans une école... Nous avons tous été frappés à coups de baguettes et de câbles métalliques. (…)Ils nous ont tous transférés dans une prison à Bagdad... Il y avait d'autres prisonniers là-bas, certains s'y trouvaient depuis plus de six mois et leurs familles ignoraient totalement ce qui leur était arrivé...»

Un étudiant irakien de 20 ans

Ce jeune homme a finalement été libéré sans être inculpé.

On ignore le lieu où se trouvent des milliers d'autres Sunnites, hommes et adolescents, capturés par les milices des Unités de mobilisation populaire, et quel sort leur a été réservé. Des centaines de Sunnites ont été enlevés au seul poste-frontière d'al Razzaza par les Brigades Hezbollah depuis octobre 2014.

Lire aussi : des armes dans la nature

Au lieu de glorifier les milices pour leur combat contre les atrocités commises par l'EI, et donc de les encourager, les autorités irakiennes doivent ouvrir les yeux sur les violations systématiques qui avivent les tensions interconfessionnelles.

Il ne suffit pas d’opérer des changements superficiels, tels que le fait de reconnaître les milices comme faisant partie des forces armées ; les autorités irakiennes doivent raffermir leur contrôle sur les milices paramilitaires. Les partenaires internationaux de l'Irak, notamment ceux qui lui fournissent des armes, doivent user de leur influence en ce sens.