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Hanna Selivon debout dans sa maison détruite à Chernihiv, en Ukraine. Juillet 2022. © Amnesty International

Hanna Selivon debout dans sa maison détruite à Chernihiv, en Ukraine. Juillet 2022. © Amnesty International

Conflits armés et protection des civils

Ukraine : les personnes âgées parmi les premières victimes civiles du conflit  

En Ukraine, depuis le début de l’invasion russe, les personnes âgées comptent parmi les premières victimes du conflit. Souvent dans l’incapacité de partir (isolement, handicap, manque de moyens, dépendance; etc.), elles se retrouvent piégées dans des conditions de vie délétères et exposées aux bombardements. Nous appelons la communauté internationale à se mobiliser pour leur apporter du soutien.  

À retenir 

Dans un nouveau rapport intitulé  ‘I used to have a home’: Older people’s experience of war, displacement, and access to housing in Ukraine", nous documentons l'impact disproportionné que l'invasion de l'Ukraine par la Russie a sur les personnes âgées. 

Les personnes de plus de 60 ans représentaient 34 % des civils tués entre février et septembre 2022, dans les cas où l’âge a été enregistré. 

Les personnes âgées logent souvent dans des habitations peu sûres.

Lorsqu'elles peuvent fuir, elles se retrouvent dans l'incapacité de couvrir les frais de location.  

Elles se tournent vers des refuges qui n'ont pas les ressources nécessaires pour répondre à leurs besoins, en particulier si elles sont handicapées.  

Nous appelons les gouvernements étrangers et les organisations internationales à renforcer le soutien aux personnes âgées en Ukraine.

Vous ne le saviez peut être pas, mais la population ukrainienne est l’une des plus âgées au monde : un quart a plus de 60 ans. Une réalité démographique qui n’est pas anecdotique. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, les personnes âgées sont exposées de manière disproportionnée aux attaques. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, qui recueille des données sur les victimes civiles en Ukraine, les personnes de plus de 60 ans représentaient 34 % des civils tués entre février et septembre 2022, dans les cas où l’âge a été enregistré. D'après HelpAge International, un réseau mondial d'organisations promouvant le droit de toutes les personnes âgées à mener une vie digne, saine et sûre, la proportion de personnes âgées touchées par la guerre en Ukraine est plus élevée que celle de tout autre conflit en cours. 

Comment fuir quand on est dépendant ? Comment trouver refuge dans un abri souterrain quand on se déplace en fauteuil roulant ? Comment récupérer sa pension pour s’assurer de quoi survivre quand tout s’écroule autour de vous ? Notre rapport "I used to have a home": Older people’s experience of war, displacement, and access to housing in Ukraine" met en lumière l’impact dramatique de l’invasion russe sur les personnes âgées en Ukraine et nous rappelle, une fois de plus, la place particulièrement exposée des personnes âgées dans les situations de crise.  

Un homme âgé dans sa maison qui a été endommagée par des attaques dans la région de Kharkiv, en Ukraine. Octobre 2022. © Amnesty International

Comment avons-nous enquêté ? 

Depuis le début du conflit, Amnesty International recueille des informations sur les crimes de guerre et autres violations du droit international humanitaire commis pendant la guerre d'agression menée par la Russie en Ukraine. Pour ce rapport, nos chercheuses et chercheurs se sont entretenus avec 226 personnes. Les recherches ont été menées entre mars et octobre 2022, incluant un voyage de quatre semaines en Ukraine en juin et juillet 2022. 

Des conditions de vie dramatiques  

Par choix ou parce qu’elles étaient dans l’impossibilité de fuir (handicap, dépendance, isolement, etc.), de nombreuses personnes âgées sont restées chez elles, dans des conditions de vie dramatiques. Elles vivent dans des logements sans électricité, ni gaz, ni eau courante. Parfois, les fenêtres ou le toit sont endommagés et ne les protègent même plus de la pluie, de la neige ou du froid.  

Nina, 70 ans, restée seule dans son appartement aux fenêtres cassées, en plein hiver, témoigne : « J'étais terrifié à l'idée que mes jambes gèlent. Je me suis assise dans ce que je pensais être le coin le plus sûr de la cuisine en cas d'onde de choc, et j'ai apporté toute la literie et les oreillers que j'avais dans la maison, et je suis restée assise là pendant dix jours. Tout ce que j'avais, c'était une petite torche. Je lui ai parlé. J'ai mis une couverture sur ma tête et j'ai allumé la torche en dessous, et je l'ai supplié de ne pas s'éteindre ».  

Hannah Selivon a 76 ans. Elle vit à Tchernihiv et dort sur un matelas placé par des bénévoles dans sa baignoire, car sa salle de bains est la seule pièce qui a encore un plafond : « Tout le monde dans notre rue est parti. Les seules qui restaient, c’était deux autres femmes âgées et moi... L'une d'elles était handicapée. Nous n'avions nulle part où aller. Je me cachais dans un trou de ma cave... Le 29 mars, des bombardements intensifs ont eu lieu, et quand je suis sortie [de la cave], j'ai juste vu des flammes voler et [ma maison] brûler. Mes jambes ne bougeaient plus ».

Une femme âgée handicapée est évacuée dans la région de Kharkiv, en Ukraine. Octobre 2022. © Amnesty International

Des risques disproportionnés 

Les personnes âgées souffrent plus fréquemment de problèmes de santé et sont particulièrement vulnérables. Dans les zones occupées notamment, les forces russes restreignent sévèrement l’accès à l’aide humanitaire, en violation flagrante du droit international. Résultat : les restrictions d’accès de l’aide humanitaire, le manque de moyens médicaux et l’isolement entraînent d’importantes difficultés pour les personnes âgées et mettent leur vie en péril

Olena, 64 ans, dont la mobilité a été réduite après deux attaques cardiaques, témoigne : « J'habitais au huitième étage, et le 18 mai l'ascenseur a été mis hors service. Les travailleurs sociaux ont cessé de venir, et je me suis retrouvée toute seule, dit-elle. Je ne pouvais rien manger. Je n'avais pas de médicaments. Des bénévoles m'ont trouvée en juin et m'ont dit que je devais évacuer.» 

Svitlana*, 64 ans, se trouvait dans un village occupé par les Russes près de Kharkiv. Son frère âgé de 61 ans, a eu une attaque cardiaque en avril 2022. Il a été hospitalisé, mais l’hôpital n’avait ni électricité ni eau courante. « Ils ne pouvaient rien faire, pas d’électrocardiogramme, pas d’encéphalogramme, ils n’avaient pas de médicaments », a-t-elle expliqué. Moins d’une semaine plus tard, son frère est mort d’une deuxième crise. 

Une femme âgée handicapée est évacuée dans la région de Kharkiv, en Ukraine. Octobre 2022. © Amnesty International

Quels sont les traités internationaux relatifs aux droits des personnes âgées ? 

À l'heure actuelle, il n'existe aucun traité mondial sur les droits des personnes âgées. Les conclusions de ce rapport montrent clairement que les personnes âgées présentent des vulnérabilités croisées qui, ensemble, les exposent à des risques accrus en cas de crise. À l'heure qu'il est, les droits des personnes âgées sont protégés par un ensemble disparate de traités internationaux de portée universelle ou concernant d'autres groupes. La communauté internationale devrait œuvrer à l'élaboration d'une convention spécifique aux personnes âgées, afin de sauvegarder leurs droits. 

Des difficultés pour se reloger 

Parmi les personnes âgées qui ont perdu leur logement ou ont été déplacées par le conflit, elles sont nombreuses à avoir eu du mal à retrouver un logement convenable. Le problème : les retraites sont souvent bien inférieures au minimum vital et les prix des loyers ont augmenté. Résultat : beaucoup risquent de ne plus avoir accès du tout à un logement.  

Nina Silakova, 73 ans, déplacée de la région de Louhansk, a été expulsée deux fois des appartements qu’elle louait. Nina redoute de ne pas arriver à trouver un troisième appartement : « Il n'y a pas de logement à ce prix dans la ville parce que nous sommes tellement [de personnes déplacées]... Je ne sais pas vers qui me tourner. Dois-je sortir dans la rue, me poster là et demander aux gens ? Ils vont juste passer et penser que je suis une vieille grand-mère malade. »  

quant aux abris, ils sont en grande partie physiquement inaccessibles aux personnes âgées handicapées. En conséquence, des milliers de personnes âgées handicapées n'ont d'autre choix que de se tourner vers une institution publique. Rien qu'entre février et juillet 2022, au moins 4 000 personnes âgées ont été placées dans ces institutions après avoir perdu leur logement du fait du conflit, selon les déclarations du ministère ukrainien de la Politique sociale. 

Olha Volkova, qui gère un foyer pour personnes âgées déplacées souffrant de handicaps à Dniepr, a déclaré : « Environ 60 % d’entre elles [sont envoyées dans des institutions]. Elles ne peuvent pas se permettre de payer un loyer, ni l’eau et l’électricité, ni à manger. Nous devons donc les envoyer dans des maisons de retraite. » 

Nos demandes 

Nous appelons les gouvernements étrangers et les organisations internationales à renforcer le soutien aux personnes âgées en Ukraine, pour : 

- faciliter l'évacuation volontaire des personnes âgées à l'étranger  ; 

- veiller à ce que les personnes âgées figurent parmi les bénéficiaires prioritaires de l'aide financière  ; 

- soutenir la création de logements adaptés à celles qui souffrent d’un handicap. 

Nos enquêtes en Ukraine

Depuis le début du conflit, Amnesty International recueille des informations sur les crimes de guerre et les autres violations du droit international humanitaire commis pendant la guerre d'agression menée par la Russie en Ukraine.

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