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Une femme portant un masque protecteur, au milieu des inquiétudes suscitées par la maladie du coronavirus (COVID-19) achète des lanternes traditionnelles du Ramadan, appelées "Fanous", qui sont exposées à la vente sur un étal, avant le mois sacré musulman du Ramadan au Caire, en Égypte, 12 avril 2020.
Une femme, portant un masque, achète des lanternes traditionnelles du Ramadan, appelées "Fanous", qui sont exposées à la vente sur un étal, avant le mois sacré musulman du Ramadan au Caire, en Égypte, 12 avril 2020. Credit : REUTERS / Mohamed Abd El Ghany

Une femme, portant un masque, achète des lanternes traditionnelles du Ramadan, appelées "Fanous", qui sont exposées à la vente sur un étal, avant le mois sacré musulman du Ramadan au Caire, en Égypte, 12 avril 2020. Credit : REUTERS / Mohamed Abd El Ghany

Santé ou moyens d’existence : des salariés égyptiens contraints de choisir

Travailler sans équipement de protection face au COVID-19, perdre une partie considérable de son revenu ou risquer de perdre son emploi, telle est la situation de plusieurs milliers de salariés en Égypte.

Choisir entre protéger leurs moyens d’existence et protéger leur vie, c’est désormais ce à quoi sont contraints bon nombre de salariés du secteur de l’habillement face à la propagation de l’épidémie de COVID-19 en Égypte. Si le 21 mars, le gouverneur de Port-Saïd a ordonné la fermeture de cinq usines après l’apparition de cas de COVID-19 et le décès d’un travailleur, la décision n’a pas été appliquée immédiatement.

De ce fait, des centaines d’employés faiblement rémunérés ont lancé un mouvement social les 22 et 23 mars, qui ensuite a rapidement été suivi dans plusieurs usines d’Ismaïlia. A contrario, depuis deux semaines, le patronat égyptien fait pression publiquement sur l’État pour qu’il autorise les entreprises privées à rester ouvertes, sans pour autant se soucier de la sécurité sanitaire et des moyens d’existence des salariés.

Or les risques sont bel et bien présents. Après nous être entretenus avec des salariés de sept grandes usines de confection, qui comptent chacune entre 500 et 7000 employés, et avoir examiné de nombreux documents audiovisuels et des lettres, le constat est cinglant : la promiscuité règne, les salaires sont réduits et la prise de congés annuels est obligatoire dans au moins deux usines.

Si les sept usines concernées ont fermé temporairement le 23 mars, trois ont prolongé le congé sans solde ou la rémunération réduite de leur personnel jusqu’au 11 avril, et quatre ont repris la production le 4 avril. Nous avons également noté le non-respect du droit de grève puisque dans deux usines au moins des superviseurs enregistrent le nom des grévistes, laissant planer l’ombre de licenciements.

Selon nos échanges avec neuf salariés de cinq usines, l’inquiétude monte; aucun équipement de protection adapté n’est distribué et aucune mesure de distanciation sociale n’est prise. Ce sont donc le plus souvent les salariés qui se procurent à leurs frais du désinfectant, des masques et des gants.

Les salariés du secteur privé abandonnés

Les faits que nous vous révélons sont aujourd’hui malheureusement représentatifs de la situation plus générale que vivent au quotidien les salariés du secteur privé. Alors que les autorités égyptiennes tentent de contenir le virus, de nombreux salariés se retrouvent sans filet de sécurité. Près de 100 plaintes de salariés du secteur privé en rapport avec des licenciements abusifs, l’obligation de prendre un congé sans solde ou d’accepter une baisse de salaire, et des conditions de travail dangereuses ont été reçues par des avocats spécialistes des droits humains depuis le 19 mars.

En effet, si à partir du 16 mars, les pouvoirs publics ont décidé de limiter les effectifs des institutions gouvernementales et publiques dans les gouvernorats où des cas de COVID-19 sont avérés, et d’accorder des congés payés au personnel de certaines usines d’État, il n'en est pas de même pour les salariés du secteur privé. Le 29 mars, le Premier ministre Mostafa Madbouly a ainsi confirmé que les camions et les véhicules transportant des personnes entre leur domicile et leur lieu de travail n’étaient soumis à aucune restriction de circulation. Puis, trois jours plus tard, il appelait les entreprises de construction privées à travailler partout au maximum de leurs capacités, tout en exhortant la population à ne pas sortir pendant la crise.

Selon nos informations, dans trois usines, des centaines de salariés en période d’essai ou en contrat temporaire auraient été licenciés sans préavis, ni justification, ni consultation au sujet de mesures permettant d’atténuer les conséquences de la perte de revenus. Indéniablement, des milliers d’autres risquent de subir le même sort à l’échéance de leur contrat à durée déterminée.

Le respect des droits par et pour tous

La protection des droits humains et des droits des salariés se doit d’être au cœur de la réaction des autorités face à la crise du COVID-19. Nous appelons les autorités égyptiennes à s’assurer du respect des normes relatives au travail et aux droits humains par les sociétés privées. Les travailleurs de tous les secteurs confondus doivent pouvoir maintenir un niveau de vie suffisant et bénéficier de mesures de protection sociale ainsi que d’une allocation chômage s’ils perdent leur emploi du fait des répercussions économiques du COVID-19.

Enfin, les entreprises ont le devoir de fournir à leur personnel, gratuitement et sans discrimination, des équipements de protection adaptés sur le lieu de travail afin de garantir l’atténuation de l’exposition au virus. Les appels lancés par le monde des affaires qui préconisent de “continuer à faire tourner les rouages de la production” ne doivent pas primer sur les droits, ni sur la santé des salariés.

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