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En Libye, une opération de sauvetage © 2017 Getty Images

En Libye, une opération de sauvetage © 2017 Getty Images

Personnes réfugiées et migrantes

Réfugiés en Méditerranée : l’Europe tourne le dos

Le terrible sort des réfugiés en mer et dans les centres de détention libyens sont clairement liés à la politique de l'Union européenne.

En déléguant la majeure partie de la responsabilité des opérations de recherche et de secours à des ONG et en renforçant la coopération avec les garde-côtes libyens, les gouvernements européens ferment les yeux. Les noyades se multiplient mais aussi les réfugiés sont torturés et les violés en Libye.

Les ministres européens qui se réunissent à Talinn, en Estonie, le jeudi 6 juillet s’apprêtent à débattre de propositions qui vont empirer une situation déjà très difficile.

Une réunion de l’UE pour empirer la situation

Au lieu d'agir pour sauver des vies et offrir une protection, les ministres européens qui se réunissent ce jeudi accordent sans aucun état d’âme la priorité aux accords dangereux avec la Libye, dans une tentative désespérée d’empêcher les réfugiés et les migrants d'atteindre les frontières de l'UE.

Les États européens tournent progressivement le dos à une stratégie de recherche et de secours qui réduisait la mortalité en mer, au profit d’une stratégie qui se solde par des milliers de noyades et ne vient pas en aide aux hommes, aux femmes et aux enfants pris au piège en Libye, en proie à de terribles violences.

Lire aussi : Morts en mer, le cynisme de l’Europe

Les dangereux gardes-côtes libyens

Nous étions tous en train de prier. Lorsque j'ai vu les lumières [du bateau de secours], j'ai pensé : par pitié, faites que ce ne soit pas la police libyenne.

Une personnes nigériane

Or, les interceptions par les garde-côtes libyens mettent bien souvent en danger les réfugiés et les migrants. Leurs techniques d'intervention ne respectent pas les protocoles élémentaires de sécurité et peuvent engendrer des mouvements de panique et des chavirements catastrophiques.

En outre, des allégations sérieuses accusent certains garde-côtes d'être de connivence avec les passeurs et des éléments prouvent qu'ils maltraitent les migrants.

Nous avons été conduits en prison et ils nous ont demandé de l'argent. Ils nous ont dit : " Si vous payez, personne ne vous stoppera cette fois-ci, parce que les garde-côtes, c'est nous… " Les prisons libyennes, c'est l'enfer.

Une personne originaire du Bangladesh

Les bonnes résolutions de 2015 à la trappe

Les mesures mises en œuvre par les dirigeants de l'UE en avril 2015 pour renforcer les capacités de recherche et de secours en Méditerranée centrale avaient fait chuter le nombre de décès en mer. Pourtant, cette priorité, qui avait incité plusieurs pays à déployer des navires de sauvetage plus près des eaux territoriales libyennes, fut de courte durée.

Les gouvernements de l'UE préfèrent privilégier le démantèlement des réseaux de passeurs et empêcher les départs de bateaux depuis la Libye : une stratégie vouée à l'échec qui se traduit par des traversées toujours plus périlleuses et par trois fois plus de décès – 0,89 % pour le deuxième semestre 2015, comparé à 2,7% en 2017.

Signer notre pétition : Interpellez le Gouvernement français pour lui demander de sauver des vies en Méditerranée

De fausses solutions

Les passeurs ont changé leurs pratiques et utilisent de plus en plus des bateaux impropres à la navigation, sans aucun équipement de sécurité à bord, rendant la traversée encore plus aléatoire.

Pourtant, l'UE n'a pas mis sur pied d'opération humanitaire dédiée et dûment financée, près des eaux territoriales libyennes. Au lieu de cela, elle se concentre sur le renforcement des capacités des garde-côtes libyens afin d'empêcher les départs et de procéder à des interceptions.

Des solutions existent : formation, suivi et sauvetage

La coopération entre l'UE et les garde-côtes libyens, y compris leur formation, n’englobe pas de mécanisme ni de système adéquat d'obligation de rendre des comptes afin de surveiller leur conduite et leur comportement. Les personnes secourues par les garde-côtes sont renvoyées en Libye, où elles sont régulièrement placées en détention et torturées, et où il n'existe ni droit d'asile ni système d'asile. Les personnes prises au piège en Libye sont exposées à des violations des droits humains – homicide, torture, viol, enlèvement, travail forcé, et détention illimitée et arbitraire dans des conditions cruelles, inhumaines et dégradantes notamment.

Les accords de coopération visant à renforcer les capacités de recherche et de sauvetage des garde-côtes libyens doivent avoir pour condition l'amélioration rapide de la qualité des interventions et l'obligation de rendre des comptes pour les atteintes aux droits humains dont ils sont déclarés responsables. En outre, il importe que les personnes secourues soient transférées sur des navires qui les conduiront dans des pays où leurs besoins en termes de sécurité et de protection seront garantis.

Si le deuxième semestre 2017 est à l'image du premier et qu'aucune disposition d’urgence n'est prise, 2017 est en passe de devenir l'année la plus meurtrière pour la route migratoire la plus meurtrière du monde. L’UE doit repenser sa coopération avec les garde-côtes libyens, dont le fonctionnement pose problème, et déployer des navires supplémentaires, là où le besoin est le plus urgent.

Enfin, le seul moyen durable et humain de réduire le nombre de migrants et de réfugiés risquant leur vie dans ces terribles traversées est d'ouvrir des voies sûres et légales pour rejoindre l’Europe.

Agir

L'EUROPE DOIT SAUVER DES VIES !

Mourir ou retourner dans l’enfer libyen : tel est le « choix » que l’Europe laisse aux réfugiés et migrants. Interpellez le Gouvernement français pour lui demander de sauver des vies.