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Un travailleur migrant au Qatar © Amnesty International

Un travailleur migrant au Qatar © Amnesty International

Personnes réfugiées et migrantes

Les travailleurs népalais, victimes du Qatar 2022

La réglementation laxiste du gouvernement népalais contribue à l’exploitation de ses ressortissants au Qatar. Enquête.

Des recherches nous ont permis de mettre en lumière de gros manquements du gouvernement népalais. Ces manquements ont permis l’exploitation de ces derniers par le Qatar.

Abus de procédures

Les agences de recrutement auxquelles Mercury MENA, entreprise liée à la construction de structures de la Coupe du monde, fait appel facturent aux travailleurs des frais exorbitants pour leur trouver des emplois. Non seulement illégal, cela les oblige à contracter des prêts avec des taux d'intérêt élevés.

Ils se retrouvent alors surendettés, et il leur est difficile d'échapper aux conditions qui s’apparentent à de l’exploitation ou de les contester.

Certains travailleurs népalais interrogés avaient été contraints de vendre des terres ou de retirer leurs enfants de l'école afin de payer les dettes qu'ils avaient contractées pour aller travailler au Qatar.

Lire aussi : Népal : des travailleurs extorqués et exploités

Le Népal abandonne ses ressortissants

Une agence a reconnu qu'elle avait eu connaissance de violations des droits du travail à Mercury MENA après avoir recruté des travailleurs pour cette entreprise, mais elle n'a effectué aucun suivi pour vérifier que leurs droits étaient respectés, même lorsqu'ils l’ont contactée pour obtenir de l'aide.

Le gouvernement népalais n'a pris aucune mesure contre cette agence.

Des informations recueillies attestent de l'inaction des autorités népalaises pour contrer la conduite illégale des agences de recrutement, ce qui favorise les abus que subissent les travailleurs migrants népalais à l'étranger.

Lire aussi : Qatar 2022 : violations des droits des travailleurs migrants

Par ailleurs, les autorités népalaises n'ont pas fourni d’assistance adéquate à leurs ressortissants au Qatar. Ce fut le cas en 2017 lorsque des employés népalais de Mercury MENA se sont retrouvés bloqués dans un camp de travailleurs, manquant de nourriture et d'argent, puisqu'ils n'avaient pas été payés depuis des mois.

Les autorités népalaises ont été informées de cette situation à au moins quatre reprises – deux fois par les travailleurs eux-mêmes et deux fois par Amnesty International – mais ont préféré ignorer leurs appels à l'aide en vue de récupérer leurs salaires ou de rentrer chez eux. Et ce malgré l'existence du Fonds de prévoyance pour les travailleurs migrants doté de 32,2 millions d'euros.

Le gouvernement du Népal n'a toujours pas mis Mercury MENA sur liste noire, ce qui signifie que rien n'empêche l’entreprise de continuer à recruter des migrants népalais.

Lire aussi : Qatar 2022 : travailleurs migrants sans salaires

Qatar et Népal : les obligations

Le Népal comme le Qatar ont un rôle à jouer pour remédier aux préjudices subis par les ex-employés de Mercury MENA et faire en sorte que ce type d'exploitation ne se reproduise plus. Ils sont tenus de protéger les travailleurs migrants contre les atteintes aux droits humains, en vertu des divers traités internationaux qu'ils ont ratifiés, notamment la Convention sur le travail forcé de l’Organisation internationale du travail (OIT), et de fournir des recours en cas d’abus, notamment en cas de non-paiement des salaires.

Nous demandons aux gouvernements de ces deux pays d’aider les anciens employés de Mercury MENA à obtenir justice et à recevoir l'argent qui leur est dû, et de prendre des mesures afin que cette situation ne se répète pas.