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Le service dentaire de l'hôpital de l'île de Manus © Amnesty International

Le service dentaire de l'hôpital de l'île de Manus © Amnesty International

Personnes réfugiées et migrantes

Quand l’Australie retire les services de santé aux réfugiés

En retirant des services de santé essentiels malgré la détresse des personnes enfermées dans leurs centres de détention à l’étranger, l’Australie se soustrait à ses obligations.

Ces six derniers mois, les autorités australiennes ont mis fin aux services de prise en charge des traumatismes psychiques prodigués aux réfugiés et aux demandeurs d’asile dans ce pays, et elles ont transféré ces personnes dans de nouveaux centres de détention, ou l’accès aux soins de santé est restreint.

La situation en Papouasie-Nouvelle-Guinée

En Papouasie-Nouvelle-Guinée, les réfugiés et les demandeurs d’asile sont en butte à de graves difficultés d’accès aux soins de santé depuis des années. En novembre 2017, nos chercheurs se sont rendus à Port Moresby pour s’entretenir avec des réfugiés et des demandeurs d’asile de l’île de Manus envoyés dans la capitale de Papouasie-Nouvelle-Guinée pour s’y faire soigner.

Plusieurs d’entre eux ont confié avoir attendu pendant des mois alors qu’ils souffraient de graves problèmes de santé (masse suspecte susceptible d’être une tumeur, calculs rénaux, problèmes gastriques, fièvre typhoïde, dengue, troubles de la vue, mobilité physique réduite et troubles psychiques).

Des professionnels de la santé ont indiqué à certains qu’ils ne pouvaient pas se faire soigner en Papouasie-Nouvelle-Guinée, faute de matériel ou de spécialistes, mais ils n’ont pas été autorisés à se rendre en Australie ou leur transfert a eu lieu le plus tard possible.

Comprendre : Qu'est-ce qu'un réfugié ?

Une politique de détention “délocalisée”

L’Australie a déployé des efforts considérables et a investi des sommes énormes pour appliquer sa politique de détention extraterritoriale, qui restreint fortement l’accès des réfugiés et des demandeurs d’asile aux soins de santé.

En Papouasie-Nouvelle-Guinée, ces personnes vivent dans des conditions de type carcéral et ne peuvent pas se déplacer librement ; elles sont donc tributaires des autorités australiennes pour se loger, être en sécurité, se nourrir et se soigner, a déclaré Kate Schuetze.

Tant qu’elle continuera à délocaliser à l’étranger le traitement des demandes d’asile, l’Australie sera tenue de veiller à ce que les réfugiés aient rapidement accès aux soins de santé dont ils ont besoin, y compris en étant transférés sur son territoire.

Lire aussi : Quand l'Australie torture les réfugiés

Un accès toujours plus réduit aux services

Avant octobre 2017, les réfugiés et les demandeurs d’asile en Papouasie-Nouvelle-Guinée se faisaient soigner par un prestataire privé de services de santé, International Health and Medical Services (IHMS), ou dans une clinique privée à Port Moresby, Pacific International Hospital (PIH), ou bien ils étaient transférés en Australie. Des services de traduction et d’accompagnement psychologique leur étaient proposés parallèlement à d’autres services de santé.

De profonds changements de la prise en charge médicale sont intervenus en octobre 2017, quand les autorités australiennes ont transféré de force les réfugiés et les demandeurs d’asile de l’île de Manus dans trois nouveaux centres, dont un seul dispose d’un centre de santé. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a qualifié le nouveau dispositif de « largement insuffisant ».

Alors que des suicides ont été signalés et que la population réfugiée de l’île de Manus affiche l’un des taux les plus élevés au monde de troubles mentaux chez les réfugiés, le gouvernement australien a également mis fin en octobre 2017 aux contrats qu’il avait signés avec des services d’aide psychosociale, ce qui signifie que les réfugiés ne bénéficient plus d’une prise en charge psychologique.

Lire aussi : Les conditions de vie des réfugiés sur l'île de Manus

Parmi les autres modifications introduites par le gouvernement australien figurent la réduction des heures d’ouverture des services de santé, la suppression des traducteurs qui aidaient les réfugiés à bien comprendre les soins qui leur étaient proposés et à donner leur consentement à ces soins, et le recours de plus en plus fréquent aux hôpitaux publics de Papouasie-Nouvelle-Guinée pour les soins d’urgence et les soins en dehors des horaires d’ouverture des services de santé.

Ce n’est qu’en cessant de délocaliser le traitement des réfugiés et des demandeurs d’asile à l’étranger que l’Australie pourra mettre fin à la détresse physique et psychologique de ces personnes en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

En attendant que le pays remédie à la situation, le moins qu’il puisse faire est de tenter de limiter le préjudice causé en garantissant aux réfugiés l’accès aux soins de santé dont ils ont besoin.

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