Juin 2022 : la situation du droit de manifester au Sénégal
Les morts en manifestations et les interdictions répétées de manifester continuent au Sénégal. Le 17 juin, de nouvelles manifestations ont éclaté à Dakar et dans les villes de Bignona et Ziguinchor pour dénoncer le rejet du Conseil constitutionnel de la liste d’opposition pour les prochaines élections législatives. Trois personnes sont mortes pendant les manifestations. Des leaders de l'opposition et des dizaines de manifestants ont été arbitrairement arrêtées.
Nous appelons à l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale, sans délai. Le droit de manifester doit être protégé par les autorités sénégalaises.
Parmi les victimes, Cheikh Wade. Il avait 32 ans et était tailleur dans un quartier nord de la capitale. Le 8 mars 2021 à Dakar, comme des milliers de Sénégalais, Cheikh est descendu dans la rue pour protester. Un policier a tiré. Cheick a reçu une balle dans la nuque. Il en est mort. Cheikh Wade a été tué par un policier.
Qui aurait pu imaginer que tu perdrais la vie simplement pour avoir participé à une manifestation ? Pourtant, manifester pacifiquement était ton droit de citoyen, toi qui avais toi-même cousu le drapeau du Sénégal avec lequel les passants ont recouvert ton corps.
Ngoné Wade, la sœur jumelle de Cheikh Wade
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Une vidéo de ce drame a largement circulé sur les réseaux sociaux. Nous avons pu l’authentifier : Cheikh Wade est bien mort d’un tir de la police. On y voit un agent de police viser et tirer sur le jeune homme. Une voiture de police s’approchera ensuite de son corps pour ensuite le dépasser, sans intervenir pour tenter de lui porter secours.
Je me souviens comme hier de ce lundi 8 mars, de cette vidéo circulant sur les réseaux sociaux et qui en avait a choqué plus d’un. J’ai regardé, comme beaucoup de Sénégalais, la vidéo de cet homme froidement abattu par un policier. J'étais loin de m'imaginer que les derniers instants de cet homme dans la vidéo étaient les tiens, Cheikh. Mon frère, mon jumeau, parti si brusquement.
Ngoné Wade, la sœur jumelle de Cheikh Wade
L’officier de police responsable de la mort de Cheikh n’a toujours pas été traduit en justice, malgré le dépôt de plainte de la famille.
Nous sommes aujourd’hui aux côtés de sa famille pour unir nos voix et demander une chose : que justice soit faite. Treize autres victimes ont connu le même sort que celui de Cheikh : tuées lors des manifestations de mars 2021 au Sénégal. Pour toutes les victimes, pour leur famille, pour la justice, vous pouvez agir.
3 actions possibles
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Au Sénégal, le règne de l’impunité
Ces dernières années au Sénégal, la tendance est à l’impunité. Les procédures pour usage excessif de la force ou homicides illégaux par les forces de police sont rarement arrivées à leur terme. Si aucune réponse des autorités n’est apportée, l’impunité risque de devenir la norme. Dans le cas précis des manifestations de mars 2021, les responsables des crimes doivent être poursuivis et des réparations aux familles des victimes doivent être apportées. Nous y veillerons.