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Manifestation en Iran, Novembre 2019 REUTERS

Manifestation en Iran, Novembre 2019 REUTERS

Liberté d'expression

Iran : Des milliers de victimes de la répression post-contestation

Entre le 15 et le 18 novembre, au moins 304 personnes ont été tuées et des milliers ont été blessées lors de la répression meurtrière des manifestations en Iran.

Les autorités iraniennes ont poursuivi leur répression féroce en arrêtant des milliers de manifestants, ainsi que des journalistes, des défenseurs des droits humains et des étudiants.

Nous avons mené des entretiens avec des dizaines de personnes en Iran. Ces récits poignants de témoins laissent à penser qu’après avoir massacré des centaines de participants aux manifestations nationales, les autorités ont orchestré une répression à travers tout le pays en plaçant des personnes en détention au secret, en recourant aux disparitions forcées, à des actes de tortures et autres mauvais traitement. L’objectif :  instiller la peur et dissuader les citoyens de raconter ce qui s’est passé.

Une vague d’arrestations massives

Lire aussi : 161 manifestants tués en Iran : la communauté internationale doit réagir

Le 17 novembre, troisième jour des manifestations, les médias officiels ont annoncé que plus de 1 000 manifestants avaient été interpellés. Selon plusieurs sources indépendantes, les forces de sécurité ont effectué des rafles à travers le pays pour arrêter des citoyens à leur domicile ou sur leur lieu de travail. Certaines prisons et centres de détention seraient surpeuplés. Les personnes arrêtées sont également enfermées dans des écoles et des casernes militaires.

Parmi eux, des adolescents de 15 ans seulement sont détenus avec des adultes, notamment à la prison de Fashafouyeh, dans la province de Téhéran, tristement célèbre pour la torture et les mauvais traitements qui y sont pratiqués. Sont également arrêtés et détenus arbitrairement des journalistes, des étudiants et des défenseurs des droits humains, notamment les militants des droits des minorités et des droits du travail, et des membres de groupes ethniques minoritaires. Le journaliste Mohammad Massaed a ainsi été arrêté le 23 novembre après avoir publié un tweet sur la fermeture quasi-totale d’Internet entre le 16 et le 24 novembre. Il a été libéré sous caution quelques jours plus tard. La militante Soha Mortezaei a été interpellée, comme des dizaines d’étudiants, lors d’une manifestation à l’Université de Téhéran le 18 novembre. Depuis lors, elle est en détention et n’a pas pu consulter d’avocat ni entrer en contact avec ses proches. Des membres des forces de sécurité de l’université avaient auparavant menacé de la torturer à coups de décharges électriques et de l’enfermer dans un hôpital psychiatrique.

Divers représentants du gouvernement, notamment le Guide suprême et le responsable du pouvoir judiciaire, qualifient les manifestants de « scélérats » et d’« émeutiers », et les associent à des puissances étrangères. Les médias étatiques réclament la peine de mort contre les « meneurs » des manifestations.

Au moins deux contestataires nous ont déclaré se cacher, craignant pour leur vie.

Descentes dans les hôpitaux, torture et autres mauvais traitements

Selon des victimes et des témoins, les forces de sécurité iraniennes ont effectué des descentes dans des hôpitaux et des centres médicaux pour arrêter des manifestants blessés . D’après une source, des agents des services de renseignement ont contraint les responsables d’un hôpital de la province du Khuzestan à leur fournir la liste des noms des patients nouvellement admis. Des témoignages et des preuves vidéo indiquent aussi que certains détenus sont soumis à des actes de torture et de flagellation. Selon l’un des témoins, un membre de sa famille libéré sous caution est réapparu avec des contusions et des coupures au visage et à la tête, et est tellement traumatisé par son expérience qu’il refuse de sortir.

Disparitions forcées et détention au secret

Dans des dizaines de cas qui nous ont été signalés, les détenus ont peu ou pas de contact avec leurs familles depuis leur arrestation et certains sont détenus dans des conditions qui s’apparentent à une disparition forcée, un crime au regard du droit international. Selon les mères d’un groupe de défenseurs des droits des minorités arrêtés lors de descentes de police dans les provinces de l’Azerbaïdjan oriental et de l’Azerbaïdjan occidental, les autorités leur ont répondu qu’elles n’avaient « aucune intention » de leur fournir des informations.

« Nous pouvons faire tout ce que nous voulons de vos enfants. Nous pouvons les enfermer aussi longtemps que nous le souhaitons, même pendant 10 ans… Nous les exécuterons et vous ne pourrez rien y faire »

un représentant des autorités iraniennes

Si la communauté internationale ne se mobilise pas sur-le-champ, des milliers de détenus resteront exposés au risque de torture et de mauvais traitements.