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En Hongrie, les violences contres les réfugiés et les migrants se multiplient
En Hongrie, les violences contres les réfugiés et les migrants se multiplient © Amnesty International

En Hongrie, les violences contres les réfugiés et les migrants se multiplient © Amnesty International

Personnes réfugiées et migrantes

Réfugiés en Hongrie : l’UE va-t-elle enfin se décider à intervenir ?

En Hongrie, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants seuls, sont victimes de violences, de renvois forcés illégaux et de placements illégaux en détention uniquement parce qu’ils sont réfugiés. Un plan mis en place par les autorités pour les dissuader de venir.

Nous avons auditionné 143 personnes en Serbie, en Hongrie et en Autriche, dont la majorité sont des réfugié-e-s et des migrant-e-s. En décembre 2015, la Commission européenne a ouvert une procédure d’infraction au regard de la situation des réfugiés en Hongrie. Cette procédure n’a toujours pas abouti. Pourtant, les souffrances ne manquent pas, les violences non plus et la législation hongroise ne respecte pas les règles de l’UE.

Il faut donc aller plus loin :

La commission européenne doit clore sa procédure et en tirer les conséquences juridiques.

Les Etats membres et les institutions européennes doivent utiliser le mécanisme prévu par le Traité de l’Union européenne en cas de «risque clair de violation grave» des valeurs fondatrices de l’UE.

Les Etats membres – dont la France – doivent s’abstenir de transférer des demandeurs d’asile en Hongrie.

Les dirigeants européens doivent s’organiser, pas "s’Orbániser". Manquer à leur devoir consistant à condamner les atteintes de la Hongrie au droit communautaire fera le jeu des xénophobes et des populistes. S’ils ne le font pas, cela pourrait se solder par une grave menace structurelle à l’état de droit et au respect des droits humains.

Camps informels à l'extérieur des zones de transit entre la Hongrie et la Serbie (Tompa-Kelebia et Roszke-Horgos). Au moment de la visite de l'Amnesty International près 600 personnes y vivaient, venant d'Afghanistan, d'Iran, de Syrie et d'Irak. © AI

Lire aussi : Des familles souffrent en Grèce

Des réfugiés face à un mur

En septembre 2015, la Hongrie a achevé la construction d’une vaste clôture le long de sa frontière avec la Serbie (plus tard étendue à la Croatie) Des « zones de transit » ont été ouvertes à hauteur de deux postes-frontières. En tout, seules 30 personnes par jour sont autorisées à entrer dans ces zones pour y demander l’asile. Ce sont des conteneurs métalliques où se déroulent l’examen des demandes et où sont détenus les demandeurs d’asile admis.

De ce fait, des centaines d'autres personnes sont bloquées à la frontière. Elles vives dans des conditions dégradantes, sur place ou dans des centres surpeuplés en Serbie.

Lorsque nos équipes se sont rendues à la frontière serbo-hongroise, plus de 600 personnes vivaient dans des camps de fortune, pour beaucoup d’entre elles depuis des mois.

Nous fuyons la guerre, nous fuyons la douleur. Alors pourquoi les gens qui sont à la frontière nous traitent-ils comme des animaux ? »

Un réfugié bloqué dans un camp à la frontière depuis 18 jours.

Plus de 600 personnes vivent dans des camps à la frontière entre la Serbie et la Hongrie. © AI

Des renvois forcés immédiats et illégaux

En juin 2016, une loi est venue autoriser le renvoi immédiat vers la Serbie des demandeurs d'asile retrouvés sur le territoire hongrois à moins de huit kilomètres de la frontière.

Les personnes appréhendées sont renvoyées illégalement au regard des règles européennes et internationales. Leurs besoins de protection et leurs vulnérabilités particulières ne sont pas pris en compte. Des personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenus ont indiqué avoir été frappés à coups de pied et poursuivis par des chiens.

Un garçon de 17 ans a expliqué avoir été intercepté en Hongrie par des policiers à 10 kilomètres de la frontière. « Un homme du groupe a pris un coup de pied dans le pied, et il a eu une fracture. »

Lire aussi : Des sommets sur la situation des réfugiés n'aboutissent pas

Détenus illégalement et violemment

À l’intérieur des zones de transit, les hommes voyageant sans famille se trouvent souvent placés en détention illégale pour des périodes pouvant aller jusqu’à quatre semaines. Les demandeurs d’asile qui traversent les « zones de transit » sans encombre sont emmenés dans des centres d’accueil fermés ou ouverts où les conditions sont très dures. Ces centres ne fournissent pas certains services de base, et proposent à peine une éducation et des activités pour les enfants ou des soins de santé. Certains enfants non accompagnés sont même logés avec des hommes adultes. Les placements en détention sont monnaie courante. Près de 60 % des 1 200 demandeurs et demandeuses d’asile enregistrés en Hongrie se trouvaient dans des centres de détention pour migrants.

Quand je suis arrivé, j’ai pensé, la Hongrie c’est l’Europe, peut-être que ça ira. Mais je me rends compte qu’on nous déteste ici. »

Un réfugié afghan

En dépit de demandes répétées, nous n’avons pas été autorisés à nous rendre au centre de détention pour migrants de Kiskunhalas.

Nous avons alors rencontré plusieurs anciens détenus qui ont fait état de passages à tabac et de menaces de violence par des policiers et des agents de sécurité sur place.

Les policiers et agents de sécurité savent qu’il y a de nombreuses caméras, alors ils vous emmènent dans un coin échappant à la surveillance. »

Un demandeur d'asile palestinien brutalisé à Kiskunhalas